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La ville constitue souvent un tampon entre le lecteur et les personnages. Chez le premier, elle génère une immersion totale (Moebius), permet une modification rapide des codes (Nicolas De Crecy – qui réalise d’ailleurs la magnifique affiche de l’exposition) et facilite l’identification (Stan Lee), tandis que chez le second elle est le contour, le coup de crayon qui affine la personnalité et qui donne sens à la personnalité. La question de l’architecture est centrale ici, car les BD ne sont que des plans d’architectes auxquels on a greffé des personnages, tandis que les plans d’architectes ne sont que décors laissés à l’abandon (les métropoles de l’italien Aldo Loris Rossi). A bien des égards, la complémentarité entre les deux est nécessaire tant le support ainsi créée offre à ses créateur une liberté visuelle et créative infinie qui ne se limite pas à l’illustration de l’instant mais qui contribue à un grand tout.

La grande réussite de l’exposition « Archi & BD : la ville dessinée » réside dans l’enchevêtrement de ses thématiques, les planchent se déploient à la fois selon un axe temporelle qui retrace les différents courants (premiers émois, comics, lignes claires, roman graphique, intrusions de l’art contemporain) et selon un axe géographique qui me refocalise la question sur les villes (New York, Paris, Tokyo…). Cette double ligne de lecture qui évolue de manière parallèle est une belle métaphore du rôle des capitales chez les grands auteurs contemporains. On pense à Enki Bilal dans « La Tétralogie du Monstre » ou encore à Yslaire dans « Le Ciel Au Dessus de Bruxelles ».

Via ses grands panneaux blancs (une succession de cases vierges), le visiteur réalise des migrations pendulaires du centre à la lune, de la banlieue aux tréfonds de l’océan. Si l’on a parfois l’impression de se retrouver face à une compilation de photocopies couleurs de bandes dessinées dont on se sent, par culpabilité, obligé de lire les textes qui n’ont pourtant souvent rien à voir avec le sujet, on s’arrête aisément devant des morceaux de bravoures graphiques qui reproduit a grande échelle deviennent des œuvre d’art à part entière décorrélé de leur rôle d’origine. C’est le cas pour les planches de Benjamin issues de « Savior », ou encore du « Le Chantier de la Tour CCTV » de Zou Jian.

Créant des ponts qui permettent de réaliser à quel point la BD est un art ouvert, on regrettera que « Archi & BD : la ville dessinée » n’ait pas pousser l’intégration (et la réciprocité) jusqu’à évoquer l’influence de l’architecture et de la BD dans les autres formes d’art et notamment le jeux vidéos avec les villes surréalistes des Final Fantasy.

Note : 7,5/10