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Il n’y a pas de bonnes façons de réagir à la mort, il n’y a pas de paroles profondes à exprimer ni de textes hommages à poser sur le papier. Tout est vain, tout n’est que clichés, des clichés qu’on livre parce qu’il faut bien dire quelque chose, parce qu’on ne peut pas se taire. Comment !!! pouvait-il réagir au décès d’un de son batteur Jerry Fuchs (deuxième décès, qui plus est, après celui de Mikel Gius) ? Comment Nic Offer allait-il relancer la machine, cette machine qui venait déjà de subir les départs de John Pugh, Justin Vandervolgen et Tyler Pope ? Que faire avec ce monstre à dix têtes amputé de moitié ?

Il n’y avait pas vraiment d’autres solutions que de foncer dans le tas et de danser le plus longtemps possible, pas d’autres solutions que de laisser le passé derrière soi et de sauter dans le premier avion pour Berlin, New York, Sacramento…

Seules les vibrations générées par la basse peuvent apaiser l’esprit. Alors une main invisible tourne le bouton…

« AM / FM » joue d’entrée de jeu sur l’affiliation avec LCD Soundystem. On y ressent les mêmes influences, les claviers à la New Order, des velléités catchy à la The B-52’s, et un profond attrait pour le dance-floor sans pour autant émettre le souhait de s’y jeter à corps perdu. C’est dans la joie que se loge l’avenir et non dans les larmes. « Wannagain Wannagain » nous offre le spectacle d’un groupe solide qui a réussi rapidement à retomber sur ses pattes et on en vient à « Jamie, My Intentions are Bass ». Tu m’étonnes mon coco ! Il n’est presque question que de cela sur « Strange Weather, Isn’t It? ». Dans un sens !!! réussit là où un groupe comme Radio 4 avait rapidement fini par échouer, c’est-à-dire à prolonger l’héritage de Gang Of Four (celui de « Not Great Man » plutôt que celui de « Ether ») sans le trahir et sans l’auto-parodier. La basse, encore la basse, c’est le pilier de ce disque, sa pierre philosophale, le gardien de la porte de l’oubli, le gardien de la porte qu’il ne faut jamais franchir. Par exemple, à chaque fois que l’on croit qu’on va lâcher prise, comme sur « Even Judas Gave Jesus a Kiss », la chaude mélodie de la quatre cordes nous maintient dans la partie.

Certes l’exercice a ses limites, et à force de foncer tête baissée pour ne pas penser, pour ne pas se laisser happer, on finit par ne plus réussir à éviter tous les murs. Ainsi sur « The Most Certain Sure », !!! livre des passages funk psychédélique passionnants, à la fois charnels et hypnotiques mais malheureusement parasités par un refrain un peu faiblard. Parce que le changement dans la continuité ne se fait jamais sans douleur, !!! continue, à quelques rares occasions, de se faire embarquer dans des chansons au songwriting en deçà comme « Hollow » qui est trop propre pour être une démo improvisée mais pas assez structuré et évolutive pour être un titre mûrement réfléchi.

C’est sur des titres comme « Jumpback » qu’on réalise le plus que l’album a été produit, comme le dernier LCD Soundsystem, par Eric Broucek. On y retrouve ce son particulier de la batterie et cette homogénéisation qui empêche la folie de s’emparer du titre. Il n’est pas question d’une opposition entre la noirceur et le côté catchy, mais plus entre les titres diaboliquement groovy et ceux vainement dansants (comme « The Hammer » et sa batterie en forme de boite à rythme).

Prolongeant la course en avant de « Myth Takes », !!! fait ce qu’il avait à faire pour tourner la page. On y retrouve la même recette mais dans une version encore plus dense (équivalent à « The New Name », « Stead As The SideWalk Cracks », par exemple, ingurgite et recrache sans se tâcher des mélodies pop funk avec un certain brio). Oui, la vie n’offre pas toujours le luxe de se poser et de réfléchir. Avancer sans se retourner.

Note : 6,5/10

>> A lire également, la critique de B2B sur Chroniques Electroniques, la critique de Marc sur Esprits Critiques et la critique de Nathan sur Brainfeeders & Mindfuckers