Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

C’est une année duale où les disques importants naissent par deux : Autechre, Viol, Sufjan Stevens et surtout Cheval Blanc qui livre quelques mois plus tard après « Révélations » la deuxième partie de son « The Art Of The Demo ». Et à ce jeu là, Jérôme-David Suzat reste le plus gémellaire, le double étant jumeau et les chansons se répondant chacune des extrémités du premier semestre. Les mots du refrain de « Le Baiser » résonnent, Le monde est mort, vive l’homme / Le baiser du ciel et des flammes / La révélation est un jeu d’enfant / La révolution au bout de nos langues inaugurait déjà « La Révolution est un jeu d’enfant » ; tandis que les thématiques se lient dans « Les Amants Morts » comme si nous n’avions à l’époque que la première moitié d’un livre déchiré.

« Révolutions » est un disque qu’on écoute fébrilement, quelque-chose où les protagonistes déclament d’une voix tremblante les actions futures qu’ils réaliseront à contrecœur ; une fébrilité matérialisée par les fausses notes du piano de « Les amants morts ». On s’accroche à chaque phrase, avec l’envie de tout couper, de mettre pause et de laisser la finale de chaque mot imprégner la bouche avant de passer à la gorgée suivante.

Chaque chose a ici une image, l’amour reflète la mort, la Terre se projette dans l’espace, la ville est une serre et la basse rappelle le passé. Mais c’est par la cohérence de son univers, par la cohésion de son champ lexical que Cheval Blanc transforme ses chansons en ode à la tristesse pleine d’espoir. C’est la quête des derniers survivants d’une humanité dévastée, une humanité à la recherche de son passé et de son futur, guidée par la voix à contre-emploi d’Agnès Debord (« Du Chaos »).

Le désordre est un départ et « Révolutions » recèle de moments de vérité. Il est à la fois post-apocalyptique et parfaitement contemporain. C’est une lumière qui n’éclaire que celui qui prend le temps de percer la matière noire, une « Aclarté » donc, soit l’un des plus beaux néologismes de l’année.

Construction des futurs, amour guerre et fin des temps, rythmes constants et ruptures ; un album pour les humains brinquebalants d’aujourd’hui et demain.

Note : 7,5/10

>> « Révolutions » est en écoute sur Spotify