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Terror est condamné à vivre dans un paradoxe. D’un côté, il se doit de tenir promesse et d’incarner l’intégrité de toute la frange métal hardcore post 00’s, une promesse qu’il a fait aux coreux mais surtout à lui-même, tandis que de l’autre côté on attend de lui qu’il se transforme et qu’à la manière d’un Converge, il réussisse à faire rayonner sa puissance au de là du monde codé dont il est devenu l’un des maitres. Il doit protéger le fort assiégé et en même temps s’en aller en guerre conquérir de nouveaux territoires, avec à chaque fois le risque de doublement échouer à force de vouloir courir deux lièvres à la fois. A ce paradoxe qui lui est imposé, Terror bombe le torse, plante ses pieds dans l’acier, toise du regard et choisit son camp. Il a juré fidélité à ces murs ancestraux et n’en démodera pas d’un poil. Il est le gardien et l’archiviste, il est l’archer aux flèches enflammées qui se fond dans la muraille. Protéger le fort, oui ! Personne ne l’en délogera et sûrement pas les envies de fantassins de mon genre. Scott Vogel hurle “Nothing to prove to you, or anybody else” et je m’incline paralysé par la peur.

Il faut dire qu’en trouvant un si parfait équilibre entre l’inébranlable rage du hardcore et la puissance brut du trash, les américains sont devenus de ceux qu’on n’ose regarder dans les yeux de crainte qu’ils n’y voient une offense à cette brute rythmique de Nick Jett. De toute façon rien que les cris punk en backing vocal sur « Your Enemies Are Mine » devraient dissuader l’ennemi de s’approcher trop prêt. Pourtant, derrière cette façade massive dénuée de failles se cache, comme souvent, un groupe construit sur les fondations de la fraternité et des valeurs plus humaines que chez le commun des bons citoyens.

Si la peur n’est qu’un artifice pour s’amuser à trembler, la violence elle n’est pas de paille. La manière dont la voix s’efface et que les instrumentations deviennent des déflagrations noise qui attaquent de l’intérieur (« Stick Tight ») n’ont rien de fictives. Les moments de répits sont rares, on reprend son souffle sur l’introduction à la basse de « The New Blood » mais c’est pour mieux comprendre combien la brutalité doucereuse de Terror peut être entrainante, toujours aussi jouissive dans sa capacité à sonner catchy sans jamais rien lâcher, sans jamais se compromettre. Ce don d’ubiquité provient pour le coup de ses influences métalliques, de sa manière de donner l’impression de jouer en version hardcore des titres de Slayer (« Stay Free ») ou de Metallica (« Keepers Of The Faith »). D’ailleurs qui d’autre que Terror peut incorporer avec autant de finesse un inattendu solo (ô sacrilège) comme sur « The Struggle » ?

Les convertis se doivent toujours d’être ceux qui crient leur foi le plus fort. Du coup, la principale qualité de Terror est aussi son principal défaut : à force de chercher sans cesse à légitimer son positionnement entre les deux courants ennemis, il se retrouve contraint pour une question d’engagement à ne jamais déplacer le curseur. On en ressort à la fois ravi et déçu.

Note : 7/10

>> « Keepers Of The Faith » est en écoute sur Spotify