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Si nous vivions dans un monde idéal, ce genre d’article serait superfétatoire. On n’écrirait pas sur Viol par souci de répandre encore et encore la rumeur, mais juste pour affirmer qu’on appartient au monde et que pour une fois on est ravi de ravaler sa rancœur et de partager avec les autres un trop rare bonheur. Oui on parlerait de Viol juste pour se sentir pour une fois normal, juste pour prouver que nous ne sommes pas différents. Lorsque l’on parlerait musique avec des collègues, les chansons de Ernesto Violin seraient alors des points d’entrée, des points communs rassurant comme peuvent l’être parfois aujourd’hui celles de Radiohead et d’Arcade Fire. Tout le monde écouterait un peu Viol et tout le monde vous trouverait fréquentable.

Les américains ont des groupes comme The Walkmen, Spoon ou encore The National, des groupes qui ne franchissent pas de limite, qui n’innovent qu’en influant sur l’organisation de leur propre territoire, et qui pourtant sont des piliers qui réinventent toujours par la force des mélodies, par la rigueur de l’engagement, ce qu’on croyait qui n’avait plus besoin d’être réinventé. Nous nous avons Viol, un pilier qui ne supporte aujourd’hui qu’une maison mais qui est assez large pour supporter un pays.

Après le romantique « Welfare Heart » il y a quelques mois, « Olympus in Reverse » vient donc doubler la mise comme une ombre qui vient donner de la profondeur aux amoureux. Moins doucereux, moins focalisé sur la recherche de la pop song parfaite (quoiqu’il y aurait à y redire avec une chanson comme « I’m Gonna Mary You »), Ernesto Violin délaisse la retenue et lâche les chiens (« Victoria Falls ») comme si un groupe de twee pop en avait marre de se faire maltraiter par ces gens qui voient dans l’aménité une faille à exploiter et décidait de renverser la table de ses convives. Peut-être qu’il se rapproche de ses premiers albums, peut-être qu’il évolue en dents de scie de plus en plus pointues, une seule chose est sûre, il n’en fait qu’à sa tête en dehors de tout format de l’industrie musicale. Il n’y a que deux types de groupe qui peuvent se permettre d’avancer sans se préoccuper du monde extérieur : les intouchables qui n’ont déjà plus rien à prouver et les inconnus sur qui les regards ne se posent de toute manière jamais. Etrangement Viol appartient à ces deux catégories.

Sur « Olympus in Reverse », les montées en puissance sont trop soutenues, les xylophones font la fêtes avec les solos de guitares, la batterie tape avec lourdeur, les structures abusent trop d’envolées suivies de mots susurrés, et pourtant la voix de Ernesto Violin et son charme évident empêche systématiquement les chansons de prendre feu. Les pompiers ont beau sentir les prémices d’un incendie, ils n’auront jamais à intervenir, car il possède ce sens du goût qui lui permet de s’arrêter toujours à la bonne limite au point qu’on l’imaginerait capable de transformer les titres grandiloquents de Muse en pépites indie-rock.

Dommage que la production et l’obligation de devoir assurer seul tous les instruments impliquent que certaines chansons aient encore une marge de progression si importante. On n’ose imaginer ce qu’aurait pu être des titres tels que « Olympus » si Viol avait intégré un batteur à la hauteur de la qualité des compositions.

Among the dreams I’ve known, I’ll fly away from dry land, Go tell my friends I’m heaven bound.

>> « Olympus in Reverse » est téléchargeable gratuitement sur le Viol Boat
>> A lire également, la critique de Thomas sur le Golb