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J’imagine Faun comme un Dieu imaginaire issu de la mythologie grecque ou de la tradition orphique, un protecteur de la nature adulé mais qui repousse physiquement les hommes de par son apparence monstrueuse, une déclinaison de Pan où la flûte serait remplacée par des violons dont les cordes vibreraient également en hommage à ces nymphes transformées en plantes, un Dieu dont les écrits auraient perdu toutes traces et dont la légende ne se propagerait encore qu’au travers des chansons de Faun Fables. Oui ce groupe dont les albums sont des recueils d’hymnes qui éclairent le sens des mots effacés et des indices pour comprendre les tablettes et les gravures d’un autre temps.

Ces hymnes ont été colportés par des colons et c’est aussi leur histoire que « Light of a vaster dark » raconte : ce cinquième album se divise en saisons (chacune séparée par un interlude) et l’on suit au cours du temps ceux qui insufflent le mysticisme européen dans la culture américaine, ceux qui déploient des chants grégoriens sur les complaintes d’un harmonica bluesy (« Parade »). La folie de la folk apocalyptique de Current 93 irrigue les mélodies illuminées et les prières langoureuses de Midlake (« Light Of A Vaster Dark ») et se mélange à la pureté de Joanna Newsom (« Housekeeper »).

Sous l’aspect un peu aride de la démarche se trouve des psaumes lumineux où la voix de Dawn McCarthy se dégage des instrumentations pour guider le païen à travers la steppe (« Violet »). Comme pour Pan, l’apparence de Faun fait fuir les enfants, mais derrière la peur que génèrent ces cornes lunaires, ces cheveux hirsutes et cette voix anxiogène se cache des histoires qui éclairent le chemin des hommes.

Les incantations débutent par des rythmiques acides (« On The Open Plains »), mais Dawn McCarthy n’est pas une sorcière maléfique : elle converse avec les shamans et fait danser les hommes en s’accaparent les nouvelles coutumes (« Sweeping Spell ») ; de ces mondes qui s’influencent.

On ne nait pas dans le sein d’une mythologie mais on y adhère par choix ; ce n’est pas un hasard social mais une décision personnelle. Pourtant la cosmogonie reste une nébuleuse dont il est impossible de saisir les tenants et les aboutissants. On se retrouve alors à se prosterner devant Faun suite à un choix irraisonné mais qui de par la force des chants était inévitable.

Note : 7,5/10

>> A lire également, l’article de Pauline sur e-Pop