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La pochette de « Into The Day » me rappelle une interview de Steven Soderbergh où ce dernier explicitait l’apparition de Samuel L Jackson dans les dernières minutes de « Out Of Sight ». Il voulait qu’au travers de l’aura, de la posture et du regard de celui qui venait d’incarner Ordell Robbie dans Jackie Brown, le spectateur comprenne que Jack Foley allait s’échapper grâce à lui. Lorsque je vois Jim Yamouridis trôner sur la couverture du disque, je revois cette scène et je me souviens combien une simple image peut en dire long sur les schémas du passé et les intentions du futur. Un regard à la Leonard Cohen à la fois plein de conviction et de doutes, un visage asymétrique préfigurant ces chansons qui jongleront entre les deux faces de la vie, des joues creusées non pas comme celles de ceux qui ont trop soufferts mais comme celles de ceux qui ont déjà beaucoup vécu, un costume à rayure solennel et distingué sans jamais être guindé et surtout ces mains qui malgré leur apparente décontraction laisse supposer une vraie tension ! Oui on sent les mains de l’australien prêtes à nous sauter à la gorge !

Les chansons de Jim Yamouridis dévoilent donc la même ambivalence que cette pochette : on ne sait jamais si des perles comme « Ragged Or Whole » sont une porte vers les ténèbres ou une lumière au fond du tunnel ; on y ressent à la fois la classe innée de Nick Cave et les tourments de David Tibet. Dès que l’on ferme les yeux, les cordes de « Say Goodbye » nous prennent la main pour nous kidnapper ou pour nous sauver. Les mots de « Into the Day » sont-ils susurrés pour ne pas brusquer, pour juste caresser ou se font-ils discrets afin de ne pas dévoiler leurs viles intentions ? Pour le meilleur et pour le pire on se raccroche à « Pretty Soon ».

Déjà présent sur scène l’année passée aux cotés de Chocolate Genius, Seb Martel, qui tient guitares et piano et arrange le tout, s’avère une fois de plus comme l’homme de l’ombre qui épaule ceux qui ne savent parler autrement que par la beauté des accords (« Blood On My Hands »). « Into the Day » devient alors une histoire burtonienne emplie d’une poésie festive (« The Cross ») où l’action se déroule autour de la fête, dans ses ruelles sombres où les lumières n’osent jamais s’aventurer, dans ces temps qui précèdent et qui succèdent.

Dans une précédente vie, Jim Yamouridis était architecte et habitait à Melbourne. Aujourd’hui, il vit en France à Blassac, ose à peine masquer les ambiances sombres dessinées par l’ancien propriétaire et réalise les travaux de ses propres mains. Pourtant il n’a pas fui, il n’a pas nié la réalité ou eu de grandes révélations, il a juste voulu essayer autre chose, un autre mode de vie. Blassac possède désormais un conte et dans cette ville de Haute-Loire, on imagine chacun des cinquante habitants se voir dédier une chanson de vie.

Note : 7,5/10

>> A lire également, la critique de Thomas sur Le Golb