Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Les charmes ronronnants de la quiétude.

Ce disque est un dimanche après-midi. Sorti, mais à peine, des grasses brumes matinales, et pas encore plombé par la soirée déprime hebdomadaire. On y fait répéter le petit, pour le jeu, car il connaît sa récitation par coeur, et il n’est pas encore temps de s’inquiéter de faire le cartable du grand. C’est l’heure, la petite heure, du petit rayon de soleil, du dernier petit café ou du premier petit thé, l’heure du petit somme, du petit calin dans le canapé. La petite heure du rien, ni attente ni angoisse, ni grande joie ni gros labeur, juste un foot dans la cour de l’immeuble, une partie sur la console, un magazine déjà vieux de 2 mois…

C’est la douce heure. L’heure de baiser la nuque de sa douce, d’asticoter gentiment ses enfants, l’heure de ne pas penser à l’heure. Ce sont des moments sans souvenirs, sans mémoire, qui laissent en nous une trace évanescente et pourtant indélébile, dont l’atmosphère nous rattrapera plus tard, bien plus tard, quand les enfants ont quitté le nid et que le médecin compte nos tasses de café. Pas même un vrai souvenir, juste un flash. Ce Flash qui marque le sommet, le col plutôt, d’un album tranquille et caressant.

Joan Wasser a troqué la colère contre l’amour. Plus portée à la sensualité qu’à l’épreuve de force, elle a déjà donné dans les deux registres. Artiste puissante, elle préfère cette fois l’étreinte physique, avant elle nous serrait le coeur. Rien de déchirant, pas de feu sous la glace comme celui qui pointait dans sa reprise d’Hendrix. Elle est tout cela aussi, elle est Furious, elle est I defy ou My gurl, mais pas aujourd’hui. Le dimanche c’est relâche, et nous voici avec un disque du dimanche, qu’on trouverait normal venant d’une artiste à la petite semaine. Pas de celle qu’on connaît si bien, qu’on suit et qu’on aime depuis ses débuts.

De Joan as police woman, on mesure qu’on attend plus et qu’elle nous a mal habitués, à force de concerts flamboyants et sexy, de disques enlevés et touchants.

La femme au profil de déesse grecque, comme ceux de sa sorte, logiquement, réserve le dimanche à la quiétude et au repos.

L’avenir dira si the Deep field n’est qu’une parenthèse chantée, ou la première étape d’une transformation en Sade du nouveau millénaire (Human condition). Sans offense pour la princesse yoruba, on aimerait mieux pas.

Note : 6/10

>> A lire également, la critique de Laurent sur Esprits Critiques