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“Attention attention, mesdames et messieurs, ce soir, une soirée exceptionnelle ! Un grand moment dans l’histoire, la grande et attendue finale, le summum du summum, le top du top, l’apogée de ce tournoi ! Rappelons rapidement les règles, sur cette scène, messieurs-dames, à cet endroit précis, vont s’affronter deux monuments de notre discipline. Ils utilisent des méthodes différentes mais n’en sont pas moins des références absolus, des dieux vivants de l’extrême japonais. Et ce soir, sous vos grands yeux ébahis, ils vont s’affronter jusqu’à la mort. Ils se retrouvent face à face pour la sixième fois, et la dernière fois. Leur rivalité dure depuis maintenant des années.

A ma droite, ils sont trois, il ne faut sûrement pas se fier à leurs regards un peu trop gentils. Non non non, mesdames et messieurs. Ces trois-là cachent bien leur jeu. Derrière leur look de japonais lambda, il y a une véritable machine de destruction. Leurs guitares vrombissent et les basses résonnent dans les estomacs. Ils sont les premiers à vous remuer les tripes par de longs drones avant d’exploser dans des riffs violents. Leur groove est un leurre, un piège dans lequel les adversaires tombent souvent, en y voyant une baisse de niveau, avant que tout redémarre et fracasse les dents. A ma droite, j’ai nommé… Boris !

Et à ma gauche, le champion en titre, invaincu, jamais inquiété. Activiste sonore, terroriste musical depuis de longues années, il ne se concentre même pas sur les mélodies ou la lisibilité. Il n’est aucunement violent. Il pratique la destruction sur le long terme, avec un travail de sape énorme. Ses bruits numériques semblent d’abord inoffensif, mais ils perforent peu à peu les barrières du tympan, pour aliéner complètement l’adversaire. Il a beau être végétarien, il faut s’en méfier comme de la peste noire, d’un mouvement sur son clavier, il assène les décharges de bruit les plus violentes de la terre. A ma gauche, j’ai nommé… Merzbow !”

Dans un art martial imaginaire, Boris et Merzbow s’affrontent, les premiers se contentent de faire ce qu’ils savent faire, avec le génie et la violente intégrité habituelle, le second semble discret, mais rhabille en réalité totalement les morceaux des premiers, avec ses sons sortis d’ailleurs, aussi merveilleux qu’inutiles. Et dans l’histoire, c’est l’auditeur qui est KO de bonheur.

Boris et Merzbow montrent les poings sur ce Klatter chez Daymare Recordings. Et par la même occasion, ils prouvent que les gants de boxes sont loin d’être raccrochés.

Note : 7/10

>> A lire également, la review de Mmarsup

https://www.youtube.com/watch?v=FKisWbyEmSM