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Je ne suis pas musicien, probablement très faiblement artiste, je ne connais pas les processus de création, j’ai du mal à distinguer le rôle de l’instinct et comment il se positionne face à des orientations murement réfléchies. Je ne sais pas comment naissent les chansons, si l’on peut influer sur elles, ou si elles viennent comme elles doivent venir. Peut-on décider sur le papier de ce que seront les chansons, s’y tenir et ne jamais se laisser corrompre par elles ? Je ne sais pas et je ne veux pas savoir.

Pourtant si je m’étais permis de poser à l’écrit une liste de conseils en forme de feuille de route à destination de The Dø, nul doute que l’on y aurait retrouvé beaucoup de ce qui compose ce « Both Ways Open Jaws ». Ce que je veux dire, c’est que ce deuxième album accumule les bons points et les bons choix comme si préalablement tout avait été savamment étudié avec le guide du parfait repositionnement musical. On ne sait si la démarche est sincère mais elle est indéniablement intelligente car avec cet album le groupe français s’achète pérennité et crédibilité (dans la limite où la pérennité et la crédibilité soient des choses que l’on puisse “s’acheter”).

S’appuyant sur les évidents talents mélodiques qu’avaient dévoilés « A Mouthful », The Dø dresse une folk moderne et délicatement maniérée (« Moon Mermaids ») qui évite à merveille les écueils qui sont ceux de nos groupes français lorsqu’ils se prêtent à l’exercice (chant malingre, mix mal équilibré, mélodies trop « anglaises »).

« Dust It Off » possède une mélodie évidente qui tout en sachant rester brinquebalante et délicate s’inscrit durablement. On sent que le duo cherche à mettre ses facilités au service d’une cause plus grande où les décrochés électroniques offrent des transitions de qualité entre deux états subtilement différents. On pourrait rigoler de voir les français tenter le rapprochement un brin opportuniste avec la weird folk mais les arrangements raffinés de « The Wicked And The Blind » et la belle cohésion basse/batterie assure qu’il n’y a nulle usurpation ici.

Sur de nombreux points « Both Ways Open Jaws » prend le contre-pied du premier essai de The Dø. Là où les morceaux prenaient auparavant des directions attendues, ils se dérobent aujourd’hui au dernier moment (« Gonna Be Sick ! ») ; à la place des Gwen Stefaneries efficaces mais immatures (« Queen Dot Kong ») se cache maintenant de la pop tribale inoffensive mais chaleureuse (« Slippery Slope »).

The Dø manque encore de vision et d’exigence. Des chansons comme « Was It A Dream » n’ont que peu d’envergure et peinent à évoquer mieux qu’une banale comptine radiophonique, mais le naturel avec lequel Olivia Merilahti et Dan Levy arrangent et enrobent leurs charmantes chansons laisse espérer que la pente glissante soit surtout une occasion de prendre encore un peu plus de vitesse.

Note : 6/10