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Que s’est-il passé entre le « Begin the Begin » de 1986 et aujourd’hui ? La réponse est rien. Rien ne s’est passé, rien n’a changé ! R.E.M recommence encore et encore comme un combat qu’il fallait éternellement re-initailiser. Il ne s’agit pas de remise en question et encore moins de perpétuelles évolutions nécessitant d’énièmes nouveaux départs mais juste de préférer les débuts aux fins.

Si l’on voyait en « Accelerate » un nouveau départ, ce n’était pas tant pour sa fougue adolescente, pour ses compositions instinctives où rien n’était prémédité mais surtout parce qu’on sentait que R.E.M y avait enfin fait le deuil du départ de Bill Berry. La roue avait tourné et la vie recommençait, encore. Contrairement aux apparences, « Collapse into Now » ne marque ainsi nullement le grand retour aux sources de R.E.M car non seulement il s’agit d’une déclinaison murie de « Accelerate » mais surtout parce que même dans ses moments de doutes les plus vifs, le groupe d’Athens n’a jamais cherché à s’éloigner de la source en question. Des hauts et des bas, il y en aura eu mais des trahisons aucune (même « Out Of Time » parait aujourd’hui logique).

Les terres de la neutralité combative sont toujours d’actualité et regorgent d’une pugnacité auto-entretenue (« Discoverer ») où chaque cri est une ode à la paix sous forme de déclaration de guerre (« All The Best »). Toujours aussi à l’aise dans les brulots que dans ces ballades folk jouées au ralenti comme pour nous laisser le temps de saisir l’Histoire, R.E.M continue de mettre en phase discours et actions.

Il y a trente ans, ils établissaient une zone neutre de quelques kilomètres carré entre le post-punk et l’alternative rock, une zone neutre qui resta pourtant délaissée par les courants et qui se transforma rapidement en un no-man’s land séparant deux nations idéologiquement irréconciliables. Durant trois décennies, seuls ses créateurs foulèrent le sol de cette région au relief escarpé mais à la végétation florissante. Il faut dire que si les américains auront influencé une tripoté de groupes malhabiles, rares sont ceux qui auront compris le message d’universalité de chansons comme « Radio Free Europe » ou « Pretty Pursuation ». Seuls ceux qui se seront raccrochés à l’idéologie politique et à ce manifeste où ne s’opposaient plus démarches DIY et positionnements fédérateurs, auront réussi à partager les valeurs du groupe (Sonic Youth, Nirvana, Pearl Jam…), mais ces derniers avaient d’autres combats à mener et d’autres fronts à sécuriser.

A la sortie de « Accelerate », je réalisais justement combien R.E.M et Pearl Jam partageaient cette manière de créer des liens au fil des ans avec leurs publics, et combien, en se fondant sur des influences différentes (Johnny Marr vs Neil Young pour caricaturer), chacun représentait aujourd’hui la face noble du vilain mot qu’est l’alternative rock américain. Aussi bien au niveau éthique et social qu’au niveau musical et émotionnel, ils ont su assurer la fonction que U2 déshonore depuis plusieurs années.

Du coup, c’est avec l’idée que les choses ont un sens et que les visions concourent que l’on retrouve Eddie Vedder en featuring sur « It Happened Today ». Et si la rencontre avec la voix de Michael Stipe en forme d’acte manqué volontairement noyé sous un travail d’harmonies vocales en compagnie de Mike Mills et Joel Gibb déçoit, on en ressort avec la certitude que le clin d’œil n’était pas anodin.

De manière générale, « Collapse into Now » a tendance à montrer ses faiblesses dès que Michael Stipe cherche à donner de la profondeur à son chant en s’appuyant sur les backing vocals des autres (et de Mills en particulier). Sur ce quinzième album, on redécouvre à quel point Michael Stipe est un très grand chanteur toujours sur le fil du rasoir entre hargne et tendresse et il est frustrant d’entendre ses lignes doublonnées alors que le monologue fonctionnait à merveille. Car ici la seule échappatoire à la solitude vocale devrait être le dialogue à armes égales comme c’était le cas avec Mills sur « Stand » en 88 sur « Green » et avec la même saveur que propose ce touchant duo avec l’idole Patty Smith sur le magnifique « Blue » qui clôture le disque.

Il n’y a nulle auto-parodie dans le chant ici, et si la répétition des I Know un peu trop affectée sur « Uberlin » ou les hey yeah ah de « Every Day Is Yours To Win » ont tendance à agacer, les textes post-Katrina de « Oh My Heart » et les mots en suspension de « Walk It Back » prouvent l’impertinence des ombres qui cherchent à le suivre. R.E.M ne fonctionne jamais aussi bien que lorsque le trio est sur un pied d’égalité. Dommage ainsi que la production de certains titres ne soit pas plus condensée. Produit par le très inégal Jacknife Lee, il n’est pas étonnant de retrouver une production qui dénote avec celle de « Accelerate » et ce bien qu’il s’agisse du même producteur. Il y a ici plus d’espace mais aussi moins d’intensité pour un résultat plus proche du travail réalisé sur « How to Dismantle an Atomic Bomb » de U2 que sur le précédent R.E.M.

Mais il y a politique et politique et « Collapse into Now » enchaine les très bons titres sans jamais noircir inutilement les pages. Les petits chefs peuvent bien essayer de faire main mise sur la zone neutre ; les financiers peuvent bien capitaliser aussi bien sur les vestiges du passé que sur la reconstruction à venir ; les deux camps peuvent bien se voiler la face et essayer de vivre sans l’autre… R.E.M lui ne lâche pas le morceau et essaye encore et encore. Oh oui on en revient toujours au début du commencement :

The insurgency began and you missed it, I looked for it and I found it […] Let’s begin again, begin the begin. Let’s begin again

Note : 7,5/10

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