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Il ne reste pas grand-chose du ciel bleu et des champs ocres dont « Hometowns » était à la fois la représentation picturale et musicale : le brouillard a tout emporté, la neige a tout masqué. A travers le pare-brise qui nous ramène à la ville après un dernier week-end dans la maison de notre enfance, on entraperçoit les phares d’une voiture. Ils percent la brume et rappellent que peu importe où nous allons il y aura toujours un moyen de revenir.

De la campagne à la banlieue, The Rural Alberta Advantage brave donc l’hiver pour emprunter le même chemin que Arcade Fire. Il n’est pas forcément question de vocations mais plus de nécessité ; les professeurs n’arrêtaient pas de le marteler : il n’y a plus de travail, seules les usines en périphéries de la grande ville peuvent encore fournir un avenir à leurs employés ; seuls les complexes qui se tournent vers le marché international ont encore une chance de s’en sortir. Lorsque les harmonies vocales et pluri-sexuelles de « Stamp » se mettent à glisser sur les guitares et que le cœur de la batterie s’emballe, on écoute alors The Rural Alberta Advantage comme si on filait en skate à travers les allées vide d’une usine désertée par ses travailleurs diurnes. Les voies sont à nous, les palettes ont été déplacées, les machines dressent la haie, la sensation de liberté accélère le rythme cardiaque, nous sommes heureux mais si nous tombons nous savons qu’aucun adulte ne viendra nous chercher. C’est un peu le problème de ces albums qui vont parfois trop vite : l’équilibre ne perdure que parce que le bolide est lancé à cent à l’heure ; dès qu’il ralentit les forces ne répondent plus et c’est la chute (« North Star »). Mais si les adultes nous délaissent, il restera toujours neufs autres têtes blondes qui sous leur dégaine fragile et leur physique ingrat recèleront d’une candeur pop et d’une énergie revigorante (« Tornado ’87 »). De quoi appeler les secours et en attendant relancer les machines.

« Departing » est ainsi un travail à la fois un peu scolaire et un peu fou, réalisé avec le savoir faire de ceux qui s’appuient sur l’envie de s’extirper pour transcender les consignes et simplifier les mouvements. Le whisky coule à flot, les gestes deviennent imprécis, la voix plus rocailleuse mais le résultat lui est toujours racé et loin des produits manufacturés anglais comme Stereophonics (« Two Lovers »). Ces histories d’amour brisées lorsque l’une des parties du couple doit quitter le cocon pour la grande ville, ces tragédies humaines qui ne font jamais les unes, et surtout ce rappel, vital comme l’espoir, que c’est au milieu de la tristesse adulescente que peuvent ce cacher les plus belles retrouvailles (« The Breakup »).

Les chansons de The Rural Alberta Advantage ont beau être un cri, une ode nostalgique à ce qu’il a fallu abandonner, il n’empêche que l’exhortation à un avenir meilleur s’étouffe vite dans le brouillard du passé (« Under the Knife »). Les cris ne sont pas assez hauts, ils ne se maintiennent pas suffisamment longtemps et passé le premier refrain, les morceaux se retrouvent souvent en roue libre. Mais même lorsque que le skate se plante dans le décor, qu’un carreau est cassé et que le froid s’engouffre dans l’usine, il y toujours un chauffage au côté duquel on peut se blottir.

Avec ses dix chansons de trois minutes, The Rural Alberta Advantage flirte plus avec la routine anxiogène des dimanches après-midi de banlieue qu’avec la fraicheur des grands espaces campagnards aux senteurs féeriques. Pourtant on finit par trouver un charme certain à cette vie qui sait transformer chaque élément anodin du quotidien en fétiche qu’on se transmet de génération en génération.

Note : 7,5/10

>> A lire également, la critique de Marc sur Esprits Critiques et l’article de Mmarsup

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