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MELODIUM – petit jama

Par Benjamin Fogel, le 02-04-2011
Musique

La tête perdue dans les flux, les yeux qui essayent de nier la migraine ophtalmique installée depuis des jours, le métro qui crisse, l’heure qui tourne, et soudain mon nom prononcé tout doucement mais distinctement comme s’il s’agissait d’attirer mon attention sans vraiment m’appeler. Je me relève, je la vois, moi non plus je ne suis pas sûr mais notre incertitude partagée se mut en une certitude commune. 6 ans que je n’avais pas vu Sonia une des rares amies de mon adolescence. Ne pas perdre de temps, se revoir vite afin de ne pas laisser l’opportunité se refermer trop vite sur elle-même ; constater que les choses ne sont plus forcément comme avant mais que le plaisir des retrouvailles est intact.

C’est un peu la même chose qui m’est arrivé avec Melodium. Perdu de vu en 2005, je l’ai croisé par hasard il y a un an (« Palimpse ») et depuis il s’agit de ne plus lâcher les rennes. Laurent Girard compose toujours seul, s’enfermant dans des univers aquatique au sein desquels il est le seul à pouvoir se déplacer (« falaise »). Dès que les enfants s’endorment, que le vide se crée autour de lui et qu’aucun regard ne le scrute, il replonge dans ce monde imaginaire où les vacances de fin d’année deviennent un terrain de jeu délimité dont il faudra extraire le meilleur. « petit jama » est né comme ça, dans la chaleur du bureau installé dans cette chambre d’amis où personne d’autre que lui ne va.

De courtes suites de boucles numériques qui s’évaporent avant même de se former : on a beau essayer de retenir la subtile mélodie de « 1011010 », celle-ci s’envole à jamais avant même que nous l’ayons cerné. Lors des nombreuses conversations musicales que nous avons pu avoir ici avec Melodium, il ressort très nettement un agacement de sa part envers les chansons qui s’étalent inutilement, qui remplissent l’espace comme si le bouton repeat était resté enfoncé. On comprend dès lors très bien son souhait d’exploiter les développements cristallins sur des durées condensées qui ne narguent jamais l’auditeur (« saturne »). La guitare et les oiseaux de « in the forest at night » se sont tus et des ballades jouées en terrasse il ne reste plus que le bruit angoissant des automobiles de l’apocalypse (« Zolam ») ; le piano nous dit de rester mais la rythmique nous incite à courir (« claritech »).

De même que je ne retrouverai à priori pas la complicité adolescente que je pouvais avoir avec Sonia à l’époque de mes 18 ans, je n’écouterai peut-être plus en boucle les disques de Melodium. Et franchement, dans un cas comme dans l’autre, je n’en ai que faire, parce que l’important n’est pas là ! L’important c’est que nos amitiés du passé résonnent encore à leur manière aujourd’hui. L’important c’est cette preuve qu’il n’est pas si facile pour la vie de séparer à jamais les gens.

Note : 7/10

>> En écoute sur Bandcamp