Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

VIOL – Gun Street

Par Benjamin Fogel, le 27-04-2011
Musique

Soyons Platoniciens « La vie, qui a en partage la tempérance, le courage, la sagesse, ou la santé, est plus agréable que celle où se trouvent l’intempérance, la lâcheté, la folie ou la maladie » ! Alors oui partageons ce bonheur braves gens ! Allez-y, foncez là et prenez tout ce qu’il y a ! Dévalisez tout, battez-vous pour voler ces chansons avant votre voisin ! Que le sang coule, que les corps suent, que la chair s’entrechoque ! Partageons mais après s’être servis les premiers ! Que les derniers s’étouffent d’impatience en entendant s’esclaffer les early adopters devant le génie violin !

Tu parles ! On voudrait bien s’enfuir avec le butin pardi, et laisser les gens et leurs idées au loin. Ca nous permettrait de respirer tient d’avoir enfin un groupe à soi ! Avec la misère de tous les jours, les odeurs de la ville qui nous étouffent, la marée qui monte et ces voisins qui crient et qui pleurent encore et encore comme si on en n’avait pas déjà bien assez de sa misère à soi. Ah oui, si on avait tous une relation intime comme on peut en avoir avec les albums de Viol on n’en serait pas là.

Mais bon il faut bien partager parce que peu importe où l’on fuit, les hommes et leurs problèmes finissent toujours pas vous rattraper (les hommes c’est comme la misère, ça vous colle de partout). Alors puisqu’on en arrivera là au bout du compte, autant faire ça de bon cÅ“ur ; après tout qu’est ce qu’on en ferait une fois dans la tombe des bijoux comme « Pamela’s Great Dane » ? Hein ? Bouah, il ne faut pas mourir avec ses secrets.

Je plaisante. Les hommes, c’est même pas des animaux, ça ne connait pas l’instinct de survie et si ça partage c’est forcément par intérêt. Pourquoi partager des ballades belles comme « Ballad of Ian Brady » ? Pourquoi ne pas se les garder pour soi et s’assurer qu’il ne faille jamais rompre ce pain avec la boulangère d’en bas qui écoute la radio trop fort ? Et bien parce qu’on se dit qu’à force d’avoir un public si restreint le Violin, il pourrait bien nous faire le coup de se dégouter de tout ça et de baisser les bras. Il n’aurait pas tort d’ailleurs le Ernesto parce que s’imaginer que sa musique vespérale qui n’a besoin ni de rythme, ni de production, que sa musique si évidente, si importante ne puisse être entendue que par des tire-aux-flancs comme nous, ça aurait de quoi vous rendre malade un homme. Pas qu’on l’incite au mépris, mais ça doit bien le fatiguer que son labeur ne recueille rien de plus que nos viles oreilles.

Alors d’accord, on partage ces notes qui s’égrènent autour de la voix de plus en plus shamanique de Viol (« Love Is Not Enough »), on emmène le monde dans les ténèbres de Wovenhand, dans cet univers violin qui n’a plus besoin de se cacher sous le vernis de la pop, qui n’a plus besoin de se farder de lumière puisqu’il est lumineux par nature. On partage dans l’espoir qu’un souffle collectif assurera que jamais ses poumons ne prennent la poussière, que jamais le poids de la vie qui passe et ne donne pas grand-chose ne vienne à bout de « Moskstraumen ». Quelques fidèles de plus, ça réchaufferait tout de même bien le cœur.

Trois albums en un an (« Welfare Heart », « Olympus in Reverse » et donc ce « Gun Street ») et une brise d’air qui disperse les vapeurs de la banlieue. Trois albums et autant d’appels à partager ; un truc à se décourager encore plus vite que le principal intéressé. Mais voilà :

Gun Street
Where hard times never push our door
Where we can sleep for ever more
Just waiting for death to come
I will never find you
I can pray but nothing comes
And there’s a violence in my heart
It’s too late now, it never stops

>> A lire également, la critique de Thomas sur Le Golb, le premier à avoir eu la bonté de partager, ainsi que la critique de Joris sur Tasca Potosina et celle de Klak sur Le bal des vauriens