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VERY BAD TRIP 2 de Todd Phillips

Sortie le 25 mai 2011 - durée : 1H30min

Par Thomas Messias, le 26-05-2011
Cinéma et Séries

Il y a, au cœur du dernier Todd Phillips, une idée toute simple mais géniale, sur laquelle aurait pu reposer son succès. Very bad trip 2 aurait pu s’appeler Very bad trip bis tant il s’agit pour toute l’équipe du film de réaliser une pure photocopie. Pourquoi s’échiner à trouver un nouveau concept, une façon originale de renouer avec des personnages, alors qu’il suffit de se calquer scène après scène sur un premier volet triomphal ? Dès le générique, Phillips et ses scénaristes choisissent d’adopter une construction similaire. Un mariage qui se prépare, le marié et les garçons d’honneur qui se volatilisent, une enquête-sprint pour déterminer ce qui s’est passé pendant une nuit dont tout le monde a oublié le déroulement… Very bad trip 2 joue sur cet effet de répétition, qu’il utilise comme un ressort comique assez inédit. « Ça a recommencé », dit le personnage de Bradley Cooper en ouverture du film. « Je voulais que rien ne change », affirmera plus tard l’un des protagonistes en faisant ouvertement référence à leurs exploits d’antan. Assumer à ce point le fait de tout miser sur des exploits passés avait quelque chose de téméraire et d’inconscient à la fois. Dommage que ce parti pris culotté n’aboutisse sur rien, la copie carbone n’étant pas tout à fait assez fidèle pour séduire.

S’exposant à la comparaison, Very bad trip 2 perd hélas à plates coutures en raison d’un manque de liant et d’idées fortes. Phillips accouche d’un délirium très mince où la ville de Bangkok, labyrinthe absolu et terrain de jeu idéal, est insuffisamment exploitée. L’exploit du premier Very bad trip était d’arriver à rester crédible (tout est relatif) à partir d’éléments pourtant improbables. Mike Tyson et son tigre, une strip-teaseuse et son bébé, un chinois à micro-pénis et un dealer de roofies se croisaient notamment dans ce qui ressemblait bel et bien à une véritable gueule de bois. Là, on ne croit guère au combo singe capucin / vieux moine mutique / émeutes à Bangkok, tout semblant trop artificiel, ou trop mal exploité, pour être un tant soit peu amusant.

Pourtant, le film est loin d’être sinistre, notamment parce que ses personnages secondaires lui influent une énergie assez folle, hélas trop épisodique. Le come back du mafieux chinois, au bras long et au chibre court, donne lieu à quelques saillies hystériquement drôles. Tout comme l’apparition d’une pute thaï aux spécialités visiblement appréciées (surprise). Étonnamment, les acteurs principaux semblent plus effacés, Zach Galifianakis semblant avoir fait le tour de son personnage de gros lourd et Ed Helms finissant par fatiguer son monde à force de pousser des hurlements de désespoir. Les héros sont fatigués, sans doute trop vieux pour ces conneries, et plus blasés que surpris lorsqu’ils découvrent peu à peu quelle zizanie ils ont semée. Nous aussi : bien que d’une crétinerie démesurée, les agissements perpétrés cette fameuse nuit ne suscitent qu’une sorte d’abattement tant tout semble exagéré, fabriqué, tout sauf naturel.

Après un début de carrière à la coule et une série de films mineurs mais attachants, Todd Phillips avait semblé sortir du lot avec ce Very bad trip inattendu. Si le film semble lui avoir permis d’augmenter de plusieurs crans son degré d’exigence (de la direction d’acteurs à la photographie, épatante), il n’apparaît aujourd’hui que comme un miracle sans vrai lendemain. Galifianakis ne sera pas son Pierre Richard sur le long terme. La gueule de bois n’aura pas été son fond de commerce très longtemps. Very bad trip 2 marque déjà la fin d’un cycle pour le cinéaste et sa bande. Le groupe a besoin d’imploser, d’explorer d’autres univers en solo, afin de ne pas sombrer plus longtemps dans une caricature déjà lassante. Un Very bad trip 3 serait une grosse erreur, sauf s’il arrive dans 20 ans sous la forme d’une nouvelle photocopie,  en mode sepia cette fois. On peut toujours rêver.

Note : 4/10

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