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Il y a toujours un plaisir juvénile à concevoir dans sa tête son groupe idéal, à prendre tel guitariste, à choisir tel chanteur, à consolider le tout avec tel producteur. C’est un peu comme s’imaginer ce qu’on ferait avec l’argent de la cagnotte du loto ; c’est surement vain et puéril mais ça nous distrait pendant quelques minutes, et parfois de la distraction c’est tout ce qu’on demande pour surmonter ces longues journées. Mais toutes ces pensées, on ne voudrait pas au fond les voir se réaliser ; on sait bien que ce sont des rêves et que les chansons ne seraient jamais à la hauteur. Ca pour tomber de haut, il y aurait de quoi se blesser à vie. Des exemples qu’on en a, lorsque les numéros joués par des amis proches sortent, on aurait surtout envie d’enfermer ces rêves dans une boite en fer et de les laisser pourrir au fond de la mer. On ne peut pas se voiler la face, un groupe n’est pas composé de personnes interchangeables où il suffit de recruter le meilleurs joueurs de l’équipe adverse pour faire gonfler son score lors du prochain match. On est alors toujours dans une histoire de greffe qui ne prend pas et jamais dans la création d’une entité supérieure. Les fusions entre deux groupes sont aussi un bon exemple : on s’imagine que les forces s’additionneront, on se fait miroiter à soi-même un équilibre divin entre les deux mondes, on se plait à croire que les groupes sont des lego et que les pièces s’imbriqueront entre elles. Mais la vérité, là encore, c’est que les groupes sont des trous noirs, soit le premier engloutit le second, soit les deux s’opposent et se diluent l’un dans l’autre. Il ne faut pas s’étonner alors que ceux qui ont envie de faire des choses ensemble préfèrent systématiquement les splits albums à la démultiplication du personnel.

S’il y a évidemment des contre-exemples récents (la fusion Mars Volta / Hella le temps d’un album du El Grupo Nuevo De Omar Rodriguez Lopez en est un, l’incorporation de Big Business dans Melvins en est un autre), 13 & God reste un miracle inattendu ! Lorsque le groupe issu de l’union de The Notwist et de Themselves publie en 2005 son premier album, on se dit que c’est un coup de chance, une éclipse qui ne se produit qu’une fois tous les 20 ans. Si l’album avait parfois du mal à décoller, s’il manquait parfois un peu de folie et sel, on ne pouvait s’empêcher de tourner, un peu émerveillé, un peu méfiant, autour de cet  inattendu et intriguant progrès de la science.

On se méfie à raison des Dr Frankenstein en herbe et l’on sait combien les plus énigmatiques inventions peuvent rapidement se retourner contre l’humanité. Mais à ce stade, 13 & God reste ce miracle, cet enfant d’une femme et d’un alien, cette progéniture d’un chiffre et de trois lettres. Tout a été entremêlé et les phosphates, les sucres et les bases azotées ont donné vie à un nouvel être. Bien que l’on saute sans arrêt d’un monde à l’autre, du flow rapide et incisif de Dose One («  Death Major ») à la fragilité de la voix de Markus Acher (« Armored Scarves »), le doute ne s’immisce jamais. Il ne s’agit jamais d’une maladroite cohabitation ou d’expériences ratées – le terme « fusion » apparaitrait d’ailleurs d’une vulgarité sans nom pour décrire la musique de 13 & God – mais bien de l’adolescence d’une entité unique qui s’appuie aussi habilement sur son pied gauche que sur son pied droit. Les fondations du groupe semblent si stables, si certaines, que les instrumentations peuvent déjà se permettre de s’acoquiner avec des backgrounds jazzy (« Janu Are »).

Sur « Et Tu » on se demande si « Own Your Ghost », de par ses capacités à trouver le juste milieu entre pop et expérimentations et à se matérialiser sous la forme d’une mélancolie dansante, n’est pas l’album que Radiohead aurait aimé sortir cette année, tandis que sur « Death Minor » on sait qu’il s’agit là des chansons qui échappent dorénavant complètement à des groupes comme Air. Et si les passages hip hop auront beau être les plus engageants et les plus percutants, il suffira d’écouter « Beat on us » pour être désarmé comme face à une chanson de Grandaddy.

Et le plus incroyable, le plus impactant aussi, c’est que le temps qui sépare l’invention de son exploitation dans la sphère du grand public a été considérablement raccourci. Il n’y a pas besoin de ticket d’entrée pour pénétrer l’univers de 13 & God, pas besoin d’amener ses valises et encore moins d’appartenir à telle ou telle classe sociale ! Des singles parfaits, exécutés en trois minutes trente, des singles qui ne laissent personne sur le côté, voilà ce que sont des titres comme « Old Age » !

Note : 8,5/10

>> A lire également, la critique de Dat’ sur Chroniques Automatiques, la critique de Tahiti Raph sur Chroniques Electroniques et la critique de Kiran Acharya sur The Quietus

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