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AHNST ANDERS – Home

Par Ed Loxapac, le 29-06-2011
Musique

Henrik Erichsen, ou Ahnst Anders, avait déjà sorti sur Ant-Zen, la célèbre maison allemande à la fourmi, l’excellent Many Ways (ici) en 2009, et son très oppressant premier opus, Dialog, avait vu le jour deux ans plus tôt sur Pflichtkauf. L’Allemand est réputé pour très bien associer sa musique à des visuels terrifiants, et c’est donc toujours la lumière éteinte qu’il est recommandé de plonger dans les abysses industriels de sa musique. Immersion…

Ne pas tout d’abord se fier à cette Intro colérique et rugueuse. Si l’Allemand ne vit toujours pas dans un monde parfait, il est indiscutable que sa musique a gagné en sérénité. Autre fait indiscutable, le résident de Cologne connaît bien les musiques électroniques industrielles. Il a su capter que le rythmic noise souffre aujourd’hui des même dérives kilométriques que la techno allemande. Et puisqu’il aime trop les drums (et la rythmique en général) pour céder aux lugubres et souterraines sirènes du dark ambient (délicieuses pour qui sait les entendre), il s’est logiquement influencé de ce qu’il y avait de meilleur dans tous les genres qu’il affectionne et dans lesquels il excelle. Sa musique, ô combien évocatrice, érige une sorte d’apologie de l’errance, aussi bien physique que mentale. Ce sentiment d’abandon était déjà très présent sur Many Ways, tout comme ce côté tribal, même s’il est moins poussé que chez ses compères de Tzolk’in. Car encore une fois, si la terreur est certes moins affirmée cette fois-ci, nous gravitons bien ici en territoire sombre et industriel. A l’écoute des coups de butoir et des narquoises rythmiques de After DarkHate & LoveDark Sun ou Homerun, on peut presque se douter de ce qu’ont ressenti les “nettoyeurs” de Tchernobyl et de Fukushima lorsqu’on leur demanda de sauver ce qui n’était pas leur maison, mais juste leur travail. Parce qu’il règne comme un sentiment d’infection dans la musique d’Ahnst Anders. Même si elle peut paraître conçue comme de l’électronica (non dépourvue d’un certain caractère mélodique), l’essentiel apparaît au second plan, à l’image de ces subtils éléments ambient qui confèrent à l’ensemble ce ressenti si lugubre et inquiétant. Car oui, l’ambient tient ici malgré tout une place de premier choix, comme sur le terrible Hope & Homeless, où la lente contemplation du néant sous une pluie acide battante est le seul apanage de ceux qui n’ont pas de toit pour s’abriter. Si sur Walking Home, les rayons se font plus rassurants et laissent augurer des lendemains où les petits déjeuners sont conviviaux, le lait tourne et redevient noir, souillé de moisissure sur le terrifiant Home de fermeture. “Homeless !!!” crie une voix de troll enfermée à jamais dans une boite de Pandore qui jonche le sol d’une centrale thermique attendant sa démolition. Voilà qui promet des rêves obscurs.

Note : 8/10

https://www.youtube.com/watch?v=dtV-c-ynf7A