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On répète, texte après texte, que le plus dur pour un groupe est d’obtenir sa confirmation – le fameux deuxième album –, drôle de champ lexical catholique où les artistes doivent être sacrés plusieurs fois. Helplessness Blues aurait besoin d’une attestation qui le légitime, l’accrédite. Drôle d’impression que dans ce système, la musique nous est toujours redevable, redevable en l’occurrence de nous avoir trop plu précédemment.

En 2008, le Sun Giant EP et l’album éponyme avaient baigné les amateurs du monde entier dans cette pop-folk ouatée, bucolique, excellemment exécutée à défaut d’être très courageuse. Un succès retentissant, sorti de nulle part, qui de fait sonnait en même temps comme la fin de l’innocence – pour nous auditeurs passée la surprise d’un groupe à la proposition nouvelle et forcément excitante, pour Robin Pecknold et ses musiciens, également, qui suite à ces retours enflammés du public étaient à jamais déflorés. Cette virginité perdue est au cœur de nos discours à tous, l’auditeur redoutant que les Fleet Foxes ne puissent être confirmés, les Fleet Foxes craignant eux-même de ne pouvoir l’être, ruminant en interview leur angoisse d’avoir perdu la grâce.

Que ce mouvement est étrange et magnétique. On est dans une ritualisation totale, au sens où les étapes doivent se franchir selon des procédures extérieures, claires et transmissibles – ça va de soi pour tout le monde que le seul projet d’Helplessness Blues doit être de ne pas faire honte à son précurseur, que l’objectif est de ne pas entamer l’aura que possède encore le groupe. Faire un nouvel album pour demeurer intact en tant qu’entité bénite. Confirmer, affirmer une deuxième fois son appartenance, rien que ça.

Nous n’avons toujours pas parlé de la musique, c’est un fait. Cette problématique obsédante jette un voile sur le disque, lui donne une pesanteur qui peut maladroitement le faire entendre plus sombre, plus adulte (comme dans ce solo free-jazz de “The Shrine / An Argument” qu’on ne manquera pas ici et là de surinterpréter), mais encore sommes-nous dans le storytelling à l’état brut : le contenu d’Helpnessness Blues aurait pu être celui de Fleet Foxes, et inversement, rien de l’histoire du groupe n’aurait changé. Helplessness Blues est aussi bon et frais qu’un pur jet de candeur et de naïveté. On blablate, on tente de formaliser, l’inquiétude étreint Robin Pecknold mais la musique reste immuable, comme détachée de son contexte de sortie.

Helplessness Blues possède des ballades aussi belles qu’auparavant, des harmonies vocales aussi angéliques. Pas de vraie orage à l’horizon, le tableau reste identique. Les descriptions d’autrefois valent encore à la lettre, et la seule question qui se pose désormais est celle de notre constance. Sommes-nous capables d’autre chose que de nous raconter des histoires ?

Note : 7,5/10

>> A lire également, la critique de Tristan sur Funk You Dear

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