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Deerhunter fascine. Une des raisons de mon attachement est cette propension à montrer plusieurs visages, différents mais cohérents. Et c’est dans cette optique qu’un live est un exercice moins anodin qu’il n’y parait puisque les morceaux y sont transfigurés, pour en faire des exercices électriques et tendus. Aborder ce groupe par ce biais, c’est aussi se contraindre à une vue un peu parcellaire, le prendre pour un groupe de rock, ce qu’il est peut-être finalement.

Parce qu’on peut dire que Deerhunter sur le papier, c’est un fameux fourre-tout. De la noirceur d’un Joy Division robotique (même si cet aspect est limité à quelques morceaux) à l’abstraction pop d’un Animal Collective en passant par des influences shoegaze et krautrock, il y a en effet un peu de tout chez le groupe d’Atlanta. On retrouve la plupart de ces composantes ici, et ils sont allés chercher aussi bien le formidable Nothing Ever Happened que le plus obscur Wash Off pris du Fluorescent Grey EP.

Desire Lines/Hazel est un peu gâché par un son qui n’est pas à la hauteur, un chant moins assuré, mais les parties instrumentales sont au point. Et on en vient à dégainer une référence de plus (de trop ?), celle de Sonic Youth pour l’insolente liberté guitaristique, cette improbable grâce née du chaos que même les maitres de New-York n’arrivent pas à accrocher à chaque fois et qui a fait croire à tellement de groupes qu’il suffisait de pousser les amplis très longtemps pour que quelque chose d’intéressant en sorte. Ici, leurs influences kraut sauvent la mise et on les suit sans effort pendant les plus de 10 minutes du morceau, même s’il faut se rendre compte qu’en cas de fatigue, il faudra envisager de se passer d’un concert pareil. Certaines digressions passent très bien en concert mais semblent parfois un peu longuettes une fois écoutées au casque.

Même si je dois avouer que je peux passer de très longues périodes sans écouter d’albums de Bradford Cox, à chaque fois le charme opère. Le son de ce concert enregistré au festival SXSW d’Austin pour le site Rhapsody n’est pas exceptionnel, un peu trop brouillon et brut pour susciter des écoutes fréquentes. Comme tout live qui se respecte, il servira tout au mieux de rappel de bons moments pour ceux qui y ont déjà assisté, d’introduction au curieux, et d’incitant pour les indécis. C’est plutôt dans la première catégorie que je me situe pour cette atypique formation qui n’est pas pour rien dans le son de notre époque. Cette confirmation valait bien un live fût-il anecdotique.