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KANGDING RAY – Or

Par Ed Loxapac, le 18-08-2011
Musique

Kangding Ray est un Français installé à Berlin. Cet architecte de formation s’est doucement mais sûrement rapproché des musiques électroniques, pour finalement s’installer durablement chez Raster-NotonDavid Letellier (de son vrai nom) fait preuve d’un réel intérêt pour l’art contemporain, tant et tellement que sa musique s’en montre éclaboussée. Ses deux précédents opus avaient joui d’un certain bouche à oreille, jusqu’à l’acclamé Automne Folden 2008. Ses travaux sont souvent moins minimalistes que ce qu’on peut trouver habituellement chez Raster-Noton. L’année dernière, son EP Pruitt Igoe annonçait déjà quelque chose d’énorme, dont il est question aujourd’hui.

Est-il nécessaire de citer des noms d’architectes pour prouver que ces derniers créent d’exceptionnels albums de musique électronique ? Les notions de structures et d’équilibres sont pour eux déjà un sacerdoce. L’informatique, les laptops et les softwares les ont aidés à réaliser leurs édifices sonores. Letellier lui, bénéficiait déjà d’une solide expérience de musicien rock et jazz avant de s’intéresser au matériel analogique. Son album Or, a quelque chose de diaboliquement révolutionnaire, invitant à l’alternative (or in english) et peut-être aussi à la dénonciation de ce matériau, de cette substance brillante représentant le capitalisme roi et la culture bling-bling. Mais peut-être est-il le témoin et la preuve de bien autre chose, l’idéal outil de célébration de l’apocalypse et de la chute de la culture club. Comme un certain Tim Hecker cette année, il renvoie à l’an de grâce 1972, où le complexe immobilier (l’amas de taudis) Pruitt Igoe, symbole d’un ségrégationnisme vicieux venait à rendre gorge et poussière. Il est donc bien question dans cet album d’alternative et de chute, de déclin, de démolition. Car la disparition laisse la plupart du temps place à autre chose. La destruction n’est donc ici pas purement pulsionnelle, mais intervenant avant tout comme force de proposition d’alternative.

La techno, même aux heures où elle a su se montrer brute et sombre, n’a jamais vraiment cesser de se rouler dans l’hédonisme. Et en résident berlinois, Kangding Ray a fait plus que l’observer, il l’a compris, décortiquée pour en livrer sa vision toute personnelle. Brutale, froide et implacable, puisant son héritage dans l’âge d’or de Detroit mais aussi dans les schémas de l’ambient et les anomalies digitales de la matrice. Ce type parvient à trouver des textures de glitch comme on a jamais entendu (Mojave). Ses kicks surpuissants et ses graves abyssales scindent en deux le sol, pour aspirer tout vestige organique de son passage (Odd SympathyOr (d’exception bordel !!!), Corracoid Process ou Leavalia Scheme). Quand Mirrors laisse s’élever une fumée opaque et acide accompagnée de drones menaçants, c’est en levée de rideau du néant apocalyptique, laissant la friche reprendre ses droits et prétendre à un repos mérité avant la construction des structures suivantes. Le terrifiant En Amaryllis Jour, échantillonne les textures et les nappes vaporeuses et profondes comme le mortel déchire une vulgaire feuille de papier. Tout ceci est juste exceptionnel. Si Monster laisse apparaître des voix féminines distordues, c’est avant tout pour mettre en avant ce discours terrible. Ces même voix se montrent tout au long de l’album, différemment et subtilement, et font sursauter l’auditeur apeuré et équipé d’un casque digne de ce nom, pensant que quelque chose venant de derrière vient pour l’aspirer à tout jamais. La fermeture sur La Belle évoque idéalement quelque chose de plus contemplatif, laissant l’écoutant béat et conquis par tant de larsens et d’écorchures, ne sachant expliquer s’il est frustré ou rassuré que cette tuerie absolue se termine.

Vous aurez compris que Or est une oeuvre exceptionnelle, maculée d’un sillon artistique aussi désarmant que passionnant. Fait rare en matière de techno actuelle, tout comme le fait d’éveiller celui qui l’écoute à l’abstraction et à la subjectivité. Or est juste une des plus belles oeuvres techno de ces dix dernières années. Excusez du peu. Voilà un must have absolu. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus. Célébrons la chute du dancefloor en dansant mes bien chers frères.

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