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McCARTNEY : Comme un sou neuf

Par Arbobo, le 29-08-2011
Musique

Il a écrit tellement de classiques, Macca. Et vendu tellement de disques, qu’on a l’impression de le connaître par coeur.

Pourtant, lorsqu’à 30 balais passés on met la main sur son premier album solo, sobrement intitulé McCartney, on n’en croit pas ses oreilles. Fabuleux. Et incompréhensible. Totalement incompréhensible qu’un disque aussi splendide, par un artiste aussi universellement adulé, ait laissé si peu de traces.

D’abord ce disque est un des plus grands sortis par un Beatles, que ce soit avec le groupe ou en solo. Quand on pense aux disques de platine qu’il a récoltés avec les Wings, on se dit que McCartney n’a pas toujours été payé à hauteur de la qualité. Aucun déchet, dans ce disque riche, varié, subtil, inspiré. Un disque qui sonne simple, pas tape-à-l’oeil, aux antipodes des trips grandiloquents de Lennon et du barnum médiatique dans lequel lui et Yoko Ono s’étaient intronisés papes de l’ère nouvelle.

Il ose même arrêter Lovely Linda au bout de 42 secondes alors qu’on était prêt à en prendre pour 3 ou 5 minutes. Et le pire, c’est que la suite lui donne raison, le meilleur reste à venir, chaque auditeur aura son passage préféré, comme on a tous un album préféré des Beatles. C’est de ce tonneau là. Alors que le groupe n’était à peine plus qu’une fiction durant ses derniers moments, McCartney tient une forme incroyable en solo. Tous les musiciens en herbe qui en ont assez de jouer Julia à leurs amoureux peuvent se procurer illico les partoches de Singalong junk, et y ajouter les mots d’amour de leur choix, l’effet est garanti.

On n’est pas au bout de nos surprises. Valentine day ne sera que le premier, pas le dernier titre à nous faire réaliser que Macca est devenu très américain dans ses goûts. On s’était mis en tête que Lennon et Harrison étaient ceux qui apportaient les plumes de l’oncle Sam au studio. On se trompait. Every night n’est pas seulement une sorte d’inédit des Beatles, c’est aussi la matrice de plus d’un morceau de Harrison, et de toute la discographie d’America. Paul l’américain, ça c’est un peu une surprise. Helter skelter, joyau rock composé sur un coup de tête, ne sera pas resté sans lendemain (Oo you a littéralement été plagiée par Kravitz sur American woman).

Mais la simplicité de ce disque a encore d’autres reflets. Libéré des tensions du groupe, débarrassé de la concurrence avec Lennon, McCartney revit, c’est un jeune amoureux en goguette. C’est aussi un chanteur, Paul, qui se paie le luxe de plusieurs instrumentaux sur son premier album solo.

Et quels instrumentaux! Six en tout, tous magnifiques. Every night, déjà, mais aussi Kreen, digne réponse au krautrock allemand. Et puis, il y a un chef d’oeuvre parmi tous les chefs d’oeuvre de McCartney, ce qui commence à situer la barre assez haut. Un des titres les plus modernes qui soient, Momma miss America, un incroyable groove qui sonne comme les Stones les plus funky… mais avant eux. Bluesy et funky, Momma miss America explose tous les compteurs, l’un des meilleurs morceaux jamais écrits est bien de la main de McCartney ; et ce n’est pas cela qui surprend, mais bien que quasiment personne ne l’ait entendu !

>> McCartney lance la réédition de sa discographie avec les deux disques qui portent son nom, publiés à 10 ans de distance. C’est une riche idée, et si le prix du coffret luxe pourra faire reculer les fans, ils peuvent se jeter allègrement sur la version simple ou avec bonus du cd. Le disque est disponible en écoute sur spotify.