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Il est souvent hasardeux de juger un flacon à son étiquette. Souvent, mais pas toujours. Quand sur la pochette du dernier album de William Elliott Whitmore des fermiers rentrent du foin, on peut raisonnablement penser qu’on n’aura pas affaire à de la musique qui évoque les tags, le métro et les embouteillages. Il faut dire qu’on connait ce chanteur, qu’on avait déjà plongé dans son folk rural et authentique, et apprécié les chansons simples et touchantes de son précédent Animals In The Dark

A mille lieux de l’imitation, d’Européens se fantasmant un midwest inexistant dans leur chambre du vieux monde (avec des réussites extrêmement variables), cet album sent le foin, la fumée du feu, le diesel du van, enfin tout ce qu’on est en droit d’attendre de l’authenticité. Pour que l’illusion soit complète dans le métro, il a même ajouté des chants d’oiseaux entre les morceaux. Parmi ceux-ci d’ailleurs, on n’en retrouve pas de plus ample et orchestré comme sur son précédent album (celui-ci est le huitième). Tout au plus a-t-on droit à une grosse caisse imperturbable en guise de rythmique (Don’t Need). Pour le reste, une guitare ou un banjo font l’affaire.

La voix est éraillée et grave tout juste comme il faut, avec le grain qu’il faut (un peu plus que le Springsteen acoustique). Et les paroles ne traitent pas de trafic de crack ou de l’opportunité de scission de l’arrondissement électoral de Tulsa-Wichita-Vilvoorde, mais de vie rurale, de rédemption, d’amours perdues.

Comme toutes les musiques trop typées et vite cernées, il serait tentant de ne montrer qu’une raillerie amusée. Pourtant, il y a ici une dose de morceaux qui prouve que la passion et la sincérité peuvent passer outre les modes, même si cette rugosité campagnarde est pour l’éternité à l’abri des affres de la hype. Sans doute qu’il existe des kilopelles de chanteurs semblables, là-bas, mais c’est celui-ci qui nous arrive et il est vraiment bon. Alors on l’accueille, on est comme ça. Bourbon ?