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CAMILLE – Ilo Veyou

Par Laurent, le 10-11-2011
Musique

J’ai toujours eu un faible pour les folles. C’est plus fort que moi : qu’elle parte dans un délire absurde, ne soit cohérente que dans le non-sens, assume son extravagance en y laissant filtrer quelques rais de son intelligence… pour sûr, je vais craquer. Alors pour moi, dire du mal de Camille relève évidemment de l’impensable. Le coup de foudre remonte aux premiers pas. “Le Sac des Filles”, et déjà cette originalité qui me semblait si rare et si précieuse, d’autant moins comprise par les esprits trop fermés à qui j’avais alors confié mes états d’âme.

Pourtant plus les années passaient et plus il me semblait avoir raison, quand bien même il se serait agi de celles que la raison ignore. Aux yeux d’autres que moi, la folie de Camille Dalmais s’est de plus en plus dessinée comme un orage où zébraient ses éclairs de génie. Gare, cependant : bien vite, la funambule parisienne a pris le risque de rester prisonnière de son propre concept. À vouloir à tout prix se singulariser, comment pourrait-on finalement échapper à l’autocaricature et retrouver son moi profond ?

On ne saura sans doute jamais dans quels sens Camille aurait pu retourner ce problème, mais l’essentiel n’est pas là : en revenant avec un disque à prédominance acoustique, mettant encore une fois la voix en avant mais soutenue par un ensemble à cordes souvent jouées en pizzicato, la chanteuse réapparaît à nouveau là où ne l’attendait pas. Je craignais tant et tant d’être déçu par ce quatrième album qu’à l’instar des cordes, il m’a fallu me pincer pour être sûr de retomber amoureux pour les bonnes raisons.

L’album s’ouvre et se referme sur deux titres a cappella ; en son sein, on retrouve également ce principe d’économie sur Pleasure ou Bubble Lady. Seule en scène, la voix s’affirme plus que jamais comme l’instrument privilégié d’une artiste qui a fait de la mise à nu son credo presque impudique, et le plus sûr gage de sa musicalité hors normes. C’est cependant le deuxième morceau, L’Étourderie, qui donne le vrai ton d’“Ilo Veyou”, sa couleur musicale. Épuré, comme purgé d’une angoisse de la normalité soudain devenue désuète, “Ilo Veyou” gagne ses galons d’album mature.

Bien se garder toutefois des conclusions trop hâtives : jamais à l’abri d’une petite crise, Camille peut encore partir en sucette, comme sur la parodie d’opérette qui forme le pitch de La France, pas si éloignée des occasionnels délires d’une Claire Diterzi. Là ou sur la plage titulaire, par exemple, les vocalises de la saltimbanque apporteront bien assez d’eau au moulin de ses détracteurs. Il n’empêche que si Camille continuera d’agacer pour les mêmes raisons, “Ilo Veyou” est loin d’être la photocopie de ses précédents exploits… à l’exception de My Man Is Married But Not to Me, seul titre co-écrit avec le vieux complice Majiker et qui ressemble, du coup, à une chute de “Music Hole”.

Allez Allez Allez, pour sa part, œuvre dans le style sauvageon d’Emily Loizeau mais en y greffant une loufoquerie particulièrement délectable. C’est une des nombreuses réussites de l’album, au même titre qu’un Mars Is No Fun qui montre que Camille a retenu les meilleures leçons de ses connivences avec Olivier Libaux. Mais les plus belles émotions naissent de ces chansons en suspension dans l’éther, à peine soulevées par une guitare vagabonde et transcendées, encore et toujours, par une voix en forme d’arc à mille cordes : Wet BoyLe Banquet, mais surtout Le Berger flottent ainsi sur ce vertigineux territoire où Camille a déjà posé ses pieds chaussés de nuages.

Et puis il y a She Was, probablement la chose la plus intense qu’elle ait jamais enregistrée, et qui n’a rien à envier même aux plus transparents cristaux de Beth Gibbons. Libérée de tous ses tics, renouant avec une identité essentielle qui a oublié de se chercher, Camille y est absolument bouleversante. ; c’est pour ce genre de moment qu’on est prêt à suivre une artiste jusqu’au bout du monde. « J’ai tout dit, tout dit, tout dit », nous susurre-t-elle avant de se taire, comme le bruit de la pluie dans les arbres. Pourvu qu’elle en dise encore… Camille, Jeta Ime.

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