Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Depeche Mode #4 : Never Let Me Down Again

Par Anthony, le 18-11-2011
Musique
Cet article fait partie de la série 'Depeche Mode' composée de 7 articles. L'équipe de Playlist Society raconte son histoire Depeche Mode. Voir le sommaire de la série.

A la faveur de quelque fouille archéologico-familiale, je suis retombé récemment sur une carte de lycéen agrémentée d’une photo peu flatteuse, attestant d’un très contestable sens esthétique : brosse désordonnée de corbounet qui se cherche (le courbounet constituant le croisement hasardeux d’un petit corbeau et d’un minet…), vêtements à dominance sombre et passe-partout, grosses lunettes visant à corriger la myopie plutôt qu’à renforcer un regard ténébreux. L’âge ingrat. Passage obligé. Ne riez pas avant d’avoir retrouvé votre carte de lycéen.

Il m’aurait été clairement bénéfique de croiser la route d’Anton Corbijn pour envisager un relooking express et me hisser au rang de rock star du lycée. Ce n’est pas arrivé, croyez-bien que je le regrette. Au moins, j’ai eu mon Bac sans avoir à jongler entre deux dates dans des stades archi-combles…

Nous sommes donc en 1986-1987 : classe de Seconde, puis classe de Première.

1986 : Black Celebration. 1987 : Music for the masses.

Avant Black Celebration, je connais mal Depeche Mode. Comme beaucoup, j’ai abondamment entendu les tubes fondateurs du groupe, et j’y accorde une attention distante. Je n’écoute même pas leurs premiers albums. Comme on dit pudiquement, je ne suis pas entré dedans. Je préfère faire mes premiers pas dans New Order et Joy Division, dont les atmosphères sombres et l’usage de guitares conviennent plus à ma morgue de lycéen. De plus, Depeche Mode, pour l’auditeur français qui se trémousse encore sur A-ha et Partenaire Particulier, peine à cette époque à se détacher de cette image poisseuse de garçons-coiffeurs dont j’ai bien conscience en écrivant ces lignes que je remue le couteau dans la plaie avec une lame déjà largement élimée.

Puis Black Celebration.

L’oreille se dresse, les ambiances répondent parfaitement à mes critères musicaux de l’époque. L’album passe en boucle dans mon lecteur K7, grâce à une habile technologie de copie privée largement surpassée depuis. Stripped notamment hante mon casque audio et j’éprouve alors une sensation proche de celle que procure le rock à guitares : lyrisme exacerbé, romantisme et sensibilité à fleur de peau, énergie écorchée, gravité. Du caviar pour ados.

Derrière un masque d’impassibilité et un stoïcisme de bonze fréquemment croisé chez les adolescents de type mâle, la larmichette glisse doucement (à l’intérieur de mes globes oculaires, tout de même, pas d’effusion…).

Puis Music For The Masses. Et son immense morceau inaugural, Never Let Me Down Again.

Black Celebration n’apparaît alors que comme une mise en bouche, la fin d’adolescence d’un groupe en train de basculer dans l’âge adulte. Music For The Masses, par l’imagerie qui accompagne la maturation du groupe alors épaulé par le réalisateur Anton Corbijn, propulse Depeche Mode dans une catégorie supérieure et révèle un secret soigneusement gardé : la musique électronique peut remplir des stades et ses musiciens atteindre au rang de rock stars. Avec Never Let Me Down Again pour témoin majeur de cette révolution qui me saute alors aux yeux

Hymne martial, héroïque, supplique gavée d’emphase et de tourments, Never Let Me Down Again est une invitation à accompagner Dave Gahan dans ses rotations de derviche tourneur, jusqu’à l’ivresse, jusqu’à devenir ce « best friend » qu’il convoque, aussi stupéfiant soit-il. Dans son crescendo de nappes de synthétiseurs qui porte l’intensité du morceau à son comble, Never Let Me Down Again procure une sensation rare de puissance et d’invincibilité. Du caviar pour ados qui s’apprêtent à passer dans l’âge adulte. Double larmichette intra-oculaire…

L’album live 101 et le film de D.A. Pennebaker  qui accompagne cette tournée américaine est le témoin de la mue de Depeche Mode, soudant finalement Black Celebration et Music for the Masses comme les 2 faces d’une même pièce, sans pour autant renier les premiers succès du groupe. Never Let Me Down Again y fait figure de climax, apportant la preuve que la promesse de faire de la musique for the masses n’était pas un coup de bluff.

***

L’intégralité de la série Depeche Mode :

<div id='gsWidget'><object width='210' height='40'><param name='movie' value='https://listen.grooveshark.com/songWidget.swf'></param><param name='wmode' value='window'></param><param name='allowScriptAccess' value='always'></param><param name='flashvars' value='hostname=cowbell.grooveshark.com&songID=20281952&style=undefined'></param><embed src='https://listen.grooveshark.com/songWidget.swf' type='application/x-shockwave-flash' width='210' height='40' flashvars='hostname=cowbell.grooveshark.com&songID=20281952&style=undefined' allowScriptAccess='always' wmode='window'></embed></object></div>