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Il ne s’agit pas d’un disque expérimental, car l’expérimentation impliquerait l’idée de flou et de vague, or The Haxan Cloack n’en appelle jamais à ces images d’hommes qui marchent seuls face au vide, qui tentent des choses, préférant emprunter un chemin inconnu et n’aimant exclusivement que les femmes dont ils n’ont jamais percé les secrets. Au contraire, The Haxan Cloack sait parfaitement où il va : ces huit morceaux ne naissent pas du chaos, le hasard ne peut jamais se revendiquer comme le créateur ! Non nous avons à faire à la résultante d’une messe noire tirée d’un grimoire qui ne souffre aucune inversion des mots. Et à chaque instant, nous vacillons.

L’écoute au casque du final de « Parting Chant » s’avère par exemple sur quelques fractions de secondes particulièrement déstabilisant : le champ spectral s’alterne très rapidement entre les sources sonores créant ainsi sur le corps une brève mais intense sensation de perte d’équilibre et de repères, comme si prises par surprises nos oreilles se retrouvaient chacune désarçonnée par ces multiples coupures / reprises sans pouvoir communiquer leur craintes et échanger  entre elles.

Tout The Haxan Cloack fonctionne sur ce modèle, sur ces cordes vibrantes qui à chaque instant peuvent craquer et ainsi modifier les appuis du corps. Chaque note, chaque silence, chaque fréquence s’avère ici potentiellement dangereux et déstabilisant. Le travail sur la résonnance prend à chaque écoute une ampleur différente : ce n’est pas seulement sur nous que Bobby Krillic teste les effets du son, mais sur l’ensemble des matériaux et des objets, et peut-être bien également sur lui-même.

Une écoute distraite pourrait laisser croire que nous avons à faire à un disque cinématographique, à la bande-originale d’un film d’épouvante. Ce serait effectivement tellement confortable de penser cela, de réduire les effets ressentis à une simple projection d’images qui se déroulerait inconsciemment dans notre crane ! Mais la vérité est tout autre, The Haxan Cloack est bien un album qui compose sa propre histoire et qui possède une narration bien à lui. La peur qu’il induit n’a alors rien de faussée ou d’illusoire ! Ce n’est pas un tour de magie ou de la sorcellerie pour les enfants, ce n’est pas une succession d’effets spéciaux destinée à amplifier la réalité par le fantastique ! Non, tout est bien vrai ici – l’honnêteté musicale étant d’ailleurs le principal leitmotiv de son créateur. Du coup alors que l’on peut d’abord croire qu’une chanson comme Burning Torches of Despairs est une illustration en field recording des bruits d’une maison hantée perdue dans une forêt maléfique, on se retrouve le souffle coupé lorsque la réalité d’un enregistrement live limité à des instruments s’impose à nous.

Cette angoisse que dégage les chansons, nous la devons aux deux grandes influences de The Haxan Cloack, le drone bien sûr – l’album aurait aisément pu sortir sur Southern Lord Records –, et en particulier Æthenor et KTL, mais aussi au baroque dont il produit des versions instrumentales et contemporaines (Raven’s Lament) pleines de respect pour les mythologies anciennes.

Le climax  que représente l’enchainement de « The Fall » et « The Growing » dévoile une réflexion sur les espaces et les trous noirs qui existent entre les fréquences des cordes et des voix et les frappes des batteries et percussions. Focalisé sur les absences, il devient alors impossible de suivre le fil de The Haxan Cloack : les structures existent bien, on sent combien l’improvisation a été un ennemi à abattre, mais pourtant on n’arrive jamais à se raccrocher à aucune forme ; l’ombre est définie mais insaisissable.

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