Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Il y avait du coton et de la mousse. On se sentait vaporeux, pas tout à fait réveillé, pas tout à fait de l’autre côté. Au loin dans le salon ou dans la cuisine, on entendait les premiers tintements du dimanche : une boite de confiture qui s’ouvre, un couteau qui se cogne, une miette qui tombe.

Il y avait du coton et des nuages. L’odeur du café, la cuillère qui tourne, le fer qui s’entrechoque avec la porcelaine et tous ces sons qui prolongent la douce sensation du sommeil tout en étant ceux qui nous permettront de nous en extraire. L’horloge s’était arrêtée et ne nous aurait de toute façon pas indiqués que nous avions changé d’heure. C’était soixante minutes hors du temps, soixante minutes qui n’ont jamais existé.

Il y avait du coton et des machines. L’usine aussi était au repos et on entendait juste quelques marteaux indomptables qui n’en faisaient qu’à leur tête. Papa ne travaillait pas aujourd’hui mais tout en haut de la grande tour, une large silhouette tendait la corde qui rejoignait le monde des hommes au ciel. Un insecte géant, posé sur la pointe de l’antenne, contemplait la scène.

Il y avait du coton et un homme. Il prenait des photos du monde et à travers ces photos l’on pouvait revivre des époques et voyager à travers le temps. On respirait l’abstraction, on ressentait la nature, les choses se dématérialisaient pour mieux se matérialiser. Papa me prenait dans ses bras et je sortais doucement de mes rêves.

>> La vidéo en lecture à gauche, fondée sur le langage corporel, a été réalisée par Mélanie Skriabine pour la chanson « Dorian’s Mirror »