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Michael Gira, serial gentleman (2ème partie)

A l'occasion de la sortie de The Seer, Playlist Society organise une semaine spéciale Swans.

Par Ulrich, le 06-11-2012
Musique
Cet article fait partie de la série 'Semaine Swans' composée de 5 articles. A l'occasion de la sortie de The Seer, Playlist Society organise une semaine spéciale Swans. Voir le sommaire de la série.

Gira n’a pas réinventé le mouvement perpétuel, il s’en est toujours inspiré pour aller de l’avant. A l’instar de Nick Drake, qui est véritablement peut-être le seul artiste avec qui on peut faire le rapprochement, il crée chaque chanson comme une brique d’un univers, d’un tout cohérent, que l’on croit habité par les ténèbres mais est en vérité une ode à la respiration et à la vie. Avec l’aide de Jarboe, il construira la nef de la cathédrale, la plus belle, la plus lumineuse…  Lieu où nous finissons de marcher sur les genoux, où nos pleurs se mêlent à nos rires de joie, dans une confusion extrême. Leur grande oeuvre commune, The Great Annihilator, nous fait rendre les armes dès les premières notes de I am The Sun, chant d’une brutalité extrême mais si caractéristique du style en mouvement de Swans.

Jouant sur les pauses en fin de vers, Gira invite peu à peu celui et celle qui écoutent à célébrer dans une danse solennelle ses déchirures, son pouvoir de vie et de mort, ses multiples  naissances. Dans un style pseudo-folk, la voix calme de Gira, volontairement énigmatique, crée une tension extrême. Il semble nous tendre la main, mais au dernier moment se dérobe, nous faisant chuter. Chaque pièce de The Great Annihilator est là pour nous faire plier. Ce disque est la parfaite incarnation du châtiment éternel : on croit le connaître mais une porte cachée jusque là se découvre timidement. Ce sont ici les voix infantiles de Jarboe, là les percussions. A l’âme déboussolée,  je lui conseillerai de ne pas toucher ces chausses-trapes, sous peine de se perdre définitivement en chemin. Jarboe en prêtresse, Gira en Dieu Pan, Westberg en sculpteur de son, The Great Annihilator n’absout pas, il est. Pour atteindre la nef, il nous demande de nous sacrifier, d’abandonner nos certitudes. Dans la chaleur de Warm ou l’ivresse d’Alcohol The Seed, il joue avec nos frayeurs et nos peines, se fraye un chemin au plus profond de notre être.

C’est un poison.

C’est la vie.

Cet album se mérite.

Tout comme se méritaient Children of God, The Burning World, Love of Life ou n’importe quel autre album du groupe.

Cependant, depuis longtemps, Gira a compris qu’il ne pourrait pas avancer seul, dans le cocon sécurisant d’un studio. Ses autres moi, de Skin à Angels of Light, sont des parenthèses familiales, des abris où inlassablement il se ressource et puise la force nécessaire pour avancer et offrir le meilleur de lui-même. Rares sont les artistes qui se questionnent autant et se remettent en cause, ainsi.

En mouvement perpétuel.

The Seer annonce une nouvelle ère ou la fin d’une. Cet album monstrueux est une pierre angulaire, mieux une passerelle. Il y aura un après, comme il y eut en son temps un après-Greed. Les trois piliers de la sagesse sont pour la première fois réunis sur deux chansons après 18 ans de bouderies musicales. L’infatigable Westberg est là, toujours penché sur sa guitare, teigneux, véritable mord-la-faim ; Gira égal à lui-même, ironique, coupant, cinglant, maîtrisant parfaitement les arcanes de ce nouvel album et Jarboe, l’intrigante, en parfait contre-point vocal. Est-ce un hasard si ces trois-là se retrouvent sur un morceau au titre aussi explicite que “The Seer Returns” ? Je ne crois guère personnellement aux coïncidences à ce stade d’exigence.

Peu importe alors de quoi sera fait demain. Il est dans la nature humaine de brûler ses idoles d’hier. Mais paradoxalement, Michael Gira et ses nombreux avatars ont jusque là évité  la surexposition médiatique. Une carrière exemplaire explique-t-elle cela ? Si un jour il décide d’arrêter sa carrière musicale, on ne se déchirera pas sur l’héritage. A l’inverse de Sonic Youth qui a bâti sa réputation en voulant être absolument une référence, les enfants naturels de Swans sont connus depuis un moment : Xiu Xiu (avec Jamie Stewart en fils putatif), le timide James Blackshaw et la joyeuse bande de Akron/Family. Michael Gira sait , qu’en bon chef de famille, il est et sera l’éminence grise d’une future génération dorée.

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