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PS’Playlist mars 2013

Les PS'Playlist sont des playlist mensuelles où chaque membre de Playlist Society propose un morceau, récent ou ancien, qui l'a marqué ces dernières semaines. Chaque chanson de la tracklist est accompagnée de quelques mots.

Par Collectif, le 31-03-2013
Musique

>> D’humeur plus dark ce mois-ci, les plombiers attendent le printemps. Des plaines de l’Europe de l’est aux charmes déconcertants de la Turquie, avec le passage obligé par Bowie, une playlist pour patienter et espérer une chaleur qui se fait désirer.


1) A Hawk and a Hacksaw – “Raggle Taggle” (Nathan Fournier)
Extrait de “Délivrance” / 2009 / Musique de l’est

Avant Beirut, deux américains se sont aventurés sur les plaines de l’Europe de l’est. Ils n’y ont pas seulement pris quelques intonations et sons de trompettes, mais ils se sont aussi imprégnés de la région entière. Des flonflons des violons aux mélodies turques, sans oublier le klezmer et les balkans. A Hawk and a Hacksaw a tout compris. L’essence de la musique d’Europe de l’est, c’est le mélange, le va-et-vient entre les cultures, et ils exsudent ces musiques par chacun de leurs pores.

2) Cloud Cult – “It’s Your Decision” (Marc)
Extrait de “Love” / 2013 / Indie motivé

A force de rester groupé, de faire corps, de lancer tous les coups d’éclat ensemble, Cloud Cult ne pouvait être qu’une entité autonome, un coeur qui est la somme de tous leurs coeurs, une voix qui est la somme de toutes leurs voix. Extrait de leur dernier album, It’s Your Decision montre jusqu’où ils peuvent se hisser dans leurs fulgurances. Ce violon me hantera encore longtemps.

3) Wire – “Love Bends” (Benjamin Fogel)
Extrait de “Change Becomes Us” / 2013 / Post-Punk

Sur son nouvel album, Wire replonge dans son passé, le regard tourné vers son live Document & Eyewitness de 1981, un enregistrement chaotique qui avait débouché pour le groupe sur un break de 4 ans. Wire entretient un rapport étrange avec ce disque, entre fascination et rejet, et 32 ans plus tard, il essaye au travers de « Change Becomes Us » d’écrire la suite de son histoire pour lui donner du sens. Au final, on se retrouve avec un disque déstabilisant aux chansons successivement brillantes ou anecdotiques (dans la mesure où une chanson de Wire puisse être anecdotique). Cela ne m’empêche pas de l’écouter en boucle et d’adorer des titres comme « Love Bends ». Qu’il s’agisse des chansons ou de nos amours, Wire nous dit la même chose : « They make you better, they make you see the world ».

4) David Bowie – “Beauty And The Beast” (CGA)
Extrait de “Heroes” / 1977 / Rock sous influence berlinoise

Avant de me plonger dans The Next Day, il fallait que je reprenne contact avec Bowie. Ressortir “Heroes”, cet album avec lequel le nouveau disque partage une partie de sa pochette, semblait une évidence. Je l’ai écouté comme si c’était la première fois. Face A, premier titre : « Beauty and the Beast » me colle une baffe. À nouveau. Depuis un mois ce morceau me remet d’aplomb quand j’ai un coup de blues. Et il y en a eu quelques-uns.

5) Sonic Youth – “Superstar” (Isabelle Chelley)
Extrait de “If I were a Carpenter” / 1994 / Pop

Si je dis que je n’aime pas trop Sonic Youth, je sors avec le goudron et les plumes ? Et pourtant dès qu’ils reprennent les pas-cool-du-tout Carpenters, la collision devient intéressante. La version de référence, chantée par Karen Carpenter était meugnonne, la reprise, sans être une réinvention totale, a un côté glauque qui poisse bien au texte. Thurston Moore chante cette histoire d’idolâtrie comme s’il était au bout du rouleau et son obsession est vite contagieuse. Je n’écoute cette chanson qu’en boucle. Six mois que ça dure.

6) Arno – “Je veux nager” (Thomas Messias)
Extrait de “Arno, Charles Ernest” / 2002 / CHanson française

Quand je suis fatigué, quand j’ai le blues, quand c’est chiant d’aller faire les courses ou chez le pédiatre, mon ami Arno est toujours là. Il propose à des filles d’aller nager, et je ne suis même pas sûr que ce soit métaphorique. Primaire et premier degré, le hurlement d’Arno donne enviez de revenir à la vie.

7) Lou Barlow – “The Ballad of Daykitty” (Thierry Chatain)
Extrait de “Emoh” / 2005 / Folk modeste

D’après une histoire vraie. Ce label, utilisé par les mauvais films et téléfilms pour faire passer des “leçons de vie” édifiantes, tient lieu d’éthique à Lou Barlow. Le yin de Dinosaur Jr. par rapport au yang de J. Mascis, le héraut lo-fi de Folk Implosion,Sebadoh ou Sentridoh attend 2005 pour chanter enfin sous son nom. À nu, plus que jamais. Il clôt son album sur cette ode au chat errant qu’il a recueilli. Une ballade à reprendre autour du feu de camp qui flirte avec le cucul sans y succomber grâce à un trait d’humour, et me laisse toujours la truffe humide.

8) Mogwai – “Local Authority” (Alexandre Mathis)
Extrait de “The Hawk is howling” / 2008 / Folk modeste

Ok, Mogwai est un groupe réputé, plutôt tendance. Le voir dans une playlist de ce type n’a rien de surprenant. Seulement, on ne se rend pas compte à quel point les écossais se rapprochent plus que quiconque de la maestria des grands artistes de musique symphonique. Des lignes de basses simples, des touches ponctuelles autour, ils sont le pendant “branchés” des Arvo Pärt et Sibelius. On parlera encore d’eux dans 40 ans. La preuve avec ce sublime Local Authority datant de 2008

9) Fudge Tunnel – “Sunshine of Your Love” (Olivier Ravard)
Extrait de “Hate Songs in E minor” / 1991 / Sludge Metal

En 1967, la primesautiere ritournelle “Sunshine of Your Love” vantait le soleil et l’amour (d’où le titre). 24 ans plus tard, les facétieux Fudge Tunnel s’emparent des putassières sottises de Cream, tronçonnent la Stratocaster de Clapton à la scie à métaux, écrasent le riff, poussent le volume au limite du tolérable, puis engluent tout le bidule dans la bave poisseuse d’une sorte de limace géante, avant de repartir en riant sous cape. Ha oui : le son de guitare est monumental. Fudge Tunnel, trop ironique pour le monde du métal, trop métal pour le reste du monde, aura marqué mon histoire personnelle en devenant le plus grand groupe incompris de tous les temps selon moi même.

10) Wu-Tang Clan – “Da Mystery of Chessboxin” (Axel Cadieux)
Extrait de “Enter the Wu-Tang (36 Chambers)” / 1993 / Hip-Hop

Enter the Wu-Tang (36 Chambers), le premier album de l’un des plus grands groupes de hip-hop, a 20 ans : réécouter Da Mystery of Chessboxin en boucle est une très bonne manière de fêter cet anniversaire.

11) Arab Strap – “Here we go” (Dominique K)
Extrait de “Philophobia” / 1998 / Sadcore

Mon histoire avec Arab Strap s’est mal fini. Un jour de 2006, les deux protagonistes ont décidé d’arrêter, laissant derrière eux une traînée de fans abasourdis et éplorés. Ces quelques irréductibles, dont je fais partie, n’écoutent que d’une oreille distraite leurs carrières solo en dent de scie et préfèrent de loin se laisser entraîner par leurs anciennes historiettes sordides et vécues comme autant de saynettes de vie. Cette manière de mettre en scène cette incompréhension des femmes aura eu le mérite de me faire parfois rire.

12) Tunnelvision – “Where Was I” (Anthony)
Extrait de “Philophobia” / 2005 / Rock electro sous xanax ?

Passés par les pertes et profits du jeune label Factory, Tunnelvision aura fait une carrière qu’on qualifiera de modeste (en étant généreux), balayés par l’ombre envahissante de Joy Division et New Order. A la faveur d’une reformation au début des années 2000 en forme de baroud d’honneur, l’enregistrement du EP “Anyday” (une sorte de cri déchirant dans la steppe déserte de leur notoriété) permettra à l’auditeur passé par hasard de spleener gravement sur ce beau et envoûtant “Where Was I”.

13) Lee Gamble – “Pandemonium Institute” (Ulrich)
Extrait de “Diversions 1994-1996” / 2012 / Ambient expérimentale

1996, regard cotonneux, Londres, Grooverider.
2012, regard clair, Seattle, Lee Gamble.

14) Kim Ki O – “Bugün Yok Ki” (Arbobo)
Extrait de “Grounds” / 2013 / Electro-Rétro

Istanbul brasse tant d’artistes qu’on devrait s’étonner de ne pas en voir chaque semaine dans nos journaux et nos salles de concerts. De la plus grande métropole d’Europe, les deux musiciennes sont venues sur un label français pas dégueu du tout (Lentonia).Kim ki o, elles sont parfois un brin déroutantes, et souvent épatantes.

15) How To Destroy Angels – “Ice Age” (Jean-Sébastien Zanchi)
Extrait de “An omen EP” / 2012 / Folk

En vacances de Nine Inch Nails, Trent Reznor (en compagnie de son comparse Atticus Ross) fait chanter sa femme, comme beaucoup d’artistes n’ont pu s’en empêcher de le faire avant lui. Si tout l’album n’est pas indispensable, quelques petites perles se font remarquer. Une boucle de guitare bancale, quelques nappes bien placées et la magnifique voix de Mariqueen Maandig qui soulignent cet appel à l’aide en direction de l’océan.

16) Bjork – “New World” (Catnatt)
Extrait de “Selma Songs” / 2000 / Folk

C’est plus une question qu’une chanson. Quand Bjork a réellement débarqué dans mon petit monde, elle a été une vraie claque : enfin une chanteuse, une femme qui exprimait une rage, un genre d’hystérie, une créativité, une sensualité à fleur de peau, quelque chose de fragile et de brutal à la fois, oui, quelque chose de féminin et de masculin. Depuis Kate Bush, je n’avais pas percuté de phénomène pareil et elle était tellement belle dans son originalité. Je l’ai suivi passionnément pendant une petite dizaine d’années mais on s’est perdues de vue toutes les deux. Je sais bien que c’est une immense artiste mais est-ce encore une chanteuse ? “Selma songs” sonna le glas de mon histoire avec elle. A part “Pagan Poetry”, je n’ai pas compris après ; pas le courage. Alors, “New world” de Selma Songs comme le symbole de son aventure à elle, celle qu’elle a entrepris après… sans moi. Et un clin d’oeil à ma vie en ce moment:”I wonder, i wonder what happens next ? A new world, a new day to see”

17) Pink Floyd – “Time” (Mathieu Hybert)
Extrait de “he Dark Side of The Moon” / 1973 / Rock

« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez-vous votre cours ». Vaine prière, inutile supplique lorsque dès la première mesure le rythme s’emballe, s’accélère et nous perd dans un contre-temps qui semble l’œuvre du diable. Quatre ans après Armstrong,en mars 1973, les Pink Floyd étaient les premiers à fouler la face cachée de la Lune. Ici, ni Lac, ni Mer de la Tranquillité. Tout n’est que désordre et turbulence. C’était il y a 40 ans,et depuis nulle mission musico-lunaire n’est parvenue à décrocher cette face sombre d’un astre où flottera éternellement l’étendard du flamant rose ; comme une invitation à revisiter le temps et à se souvenir que « les minutes sont des gangues qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ».
(Non présent sur spotify et donc sur le côté)