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PS’Playlist avril 2013

Par Collectif, le 30-04-2013
Musique
Fêter à notre manière l'égalité, pénétrer un bar urbain, ne plus savoir ce qu'on fout là, récupérer son cheval à la sortie et s'enfoncer dans les grands espaces, seul ; ressurgir à L.A, gober un acide, jouer avec le temps, 1967, 1991, 1973, quitter la poussière, revenir au bitume et se laisser flotter.

1) Gossip – “Standing in the way of control” (Isabelle Chelley)
Extrait de “Standing In The Way Of Control” / 2006 / Rock

Parce que c’est la petite musique explosive qu’on a eu envie de brailler pendant les débats ces six derniers mois… S’il n’est pas franchement jubilatoire côté paroles, “Standing” reste un putain d’hymne à danser et à se frotter contre tout ce qui bouge sur le dancefloor ou la fosse de concert. Une belle revanche contre les empêcheurs de s’aimer en rond, donc.

2) Nas – “The Don” (Alexandre Mathis)
Extrait de “Life is Good” / 2012 / Hip-hop

A l’échelle du monde du hip-hop, Nas est un grand-père, une vieillerie sur laquelle on jette un regard tendre mais un brin indifférent. Pourtant, ce premier single de Life is Good sorti l’an dernier emporte tout sur son passage. Puissant, tout en ruptures, il fonce tête baissée dans nos têtes. Nas parle de la nostalgie du bling-bling et emmerde ceux qui pensent qu’il n’est plus qu’une antiquité.

3) The Knife – “Full Of Fire” (Marc)
Extrait de “Shaking the Habitual” / 2013 / Electro anxiogène

Quand ils ne nous perdent pas dans de longues digressions pas toujours passionnantes, The Knife peut accoucher de ceci, c’est-à-dire une longue et flippante transe de train qui s’emballe sans qu’on sache vraiment si les rails sont bien accrochés. Pas vraiment agressif, certainement pas apaisé, ce long morceau ne lâche en tous cas jamais l’étreinte.

4) Theo Parrish – “Sweet Sticky” (Nathan)
Extrait de “First Floor” / 1998 / House

Les Daft qui ?!

5) Dj Koze – “Magical Boy” (Benjamin Fogel)
Extrait de “Amygdala” / 2013 / Electro

Sur Amygdala, son nouvel album, Dj Koze alterne les pistes où il livre seul une house funambule et enivrante, et celles où il met ses instrumentations au service des univers de ses invités (Caribou, Apparat…) Sur Magical Boy, lui et Matthew Dear prennent tout ce qui leur tombe sous la main pour créer une electro-pop mutante utile en toute occasion. Dansant et intriguant, ce morceau illustre la capacité de DJ Koze a complètement s’extirper de son carcan.

6) Poni Hoax – “The Paper Bride” (Alexis Fogel)
Extrait de “Images Of Sigrid” / 2008 / Electro Rock

Oui c’est vrai, j’aurais pu choisir une chanson de l’album fraîchement sorti. Je ne sais pas si c’est de la paresse intellectuelle , mais ce n’est pas la première fois qu’à la sortie d’un nouvel album, je boucle sur la discographie complète du groupe plutôt que de me concentrer sur les nouvelles chansons. Je crois que ça m’aide à rentrer petit à petit dans le nouvel opus sans qu’on m’y pousse. Et puis les premiers Poni Hoax sont bien assez riches pour supporter quelques écoutes de plus.

7) Versari – “Ostinato” (Catnatt)
Extrait de “Ostinato” / 2013 / Rock

Le coup de foudre ! Et pourtant le rock français et moi, ça fait 92. J’aime tout l’album, j’aime tout dans cette chanson, le rythme, l’énergie, l’urgence et surtout, surtout, les mots comme si elle avait été écrite juste pour moi ; elle me conte la fatalité et l’espoir paradoxal : on construit quoi qu’il arrive, la vie continue de s’écouler en nous jusqu’à la chute fatale, continuer à avancer jusqu’à en crever, même à genoux, cette fièvre, mais la frontière est ténue entre la grande marche en avant et la fuite. Il ne reste plus qu’à en ricaner et pousser le son à la limite du supportable: “Ostinato” le plus fort possible.

8) Dominique A – “Ce geste absent” (Jean-Sébastien Zanchi)
Extrait de “Vers Les Lueurs” / 2012 / Chanson Française

Pourquoi essayer de commenter quand les paroles d’une chanson se suffisent à elles-même ? “Nous nous sommes tout permis, nous nous somme lâchés, nous avons ri de voir la nuit nous chasser de l’entendre courir après nous essoufflées mais un instant, ton rire a dérapé, j’ai vu ta peine, j’ai continué à rire quand même et je t’ai perdue sur le champ”

9) Riz Ortolani – “Cannibal Holocaust (main theme)” (Axel Cadieux)
Extrait de “Cannibal Holocaust” / 1980 / Bande Originale

Les polémiques qui ont accompagné la sortie de Cannibal Holocaust éclipsent un peu trop souvent sa bande originale, signée Riz Ortolani. Elle est pourtant sublime et accompagne tout aussi bien les horreurs d’un faux snuff movie italien qu’un coucher de soleil héroïque à Monument Valley.

10) Brother Dege – “Too Old to Die Young” (Olivier Ravard)
Extrait de “Folk Songs of the American Longhair” / 2010 / Folk à barbe

Je devrais écrire que j’ai découvert Dege Legg (AKA Brother Dege, donc) à ses débuts, à l’occasion de l’un de mes nombreux périples dans les bas fonds de L.A. Je devrais écrire que l’impeccable “Too Old to Die Young ” constitue un joyau rare dont l’écoute se mérite, l’étalon de mesure du néo southern folk, la revanche de l’épure sur la hype. Vous voyez le tableau. Mais je vais m’en tenir à la vérité : ce morceau figure sur la B.O. de “Django Unchained” , je l’ai découvert à peu près comme tout le monde en regardant “Django Unchained”. Il tourne en boucle sur ma platine mentale depuis. Je n’y connais à peu près rien en “southern folk” mais le bidule sent la poussière, contient de la barbe, de la guitare slide, des Converses sales et aurait pu constituer une formidable chanson de fin d’épisode pour Sons of Anarchy.

11) Micah P. Hinson – “We Won’t Have To Be Lonesome” (Anthony)
Extrait de “Micah P. Hinson and the Red Empire Orchestra” / 2008 / Folk mélancolique

La chanson de Micah P.Hinson donne des envies de saloon. On s’installerait plutôt vers le fond de la salle, là-bas, où un pianiste insensible au vacarme alentour jouerait une ritournelle légère et entraînante. Accoudé au piano droit mal accordé, on descendrait quelques Bourbons frelatés en dodelinant de la tête, pris par une douce ivresse. Puis, quelques dizaines de minutes après que la musique se soit tue, on se souviendrait qu’on a laissé son cheval garé en double file devant l’église. Chienne de vie…

12) Vincent Gallo – “Yes I’m lonely” (Thomas Messias)
Extrait de “When” / 2001 / Chanson Triste

Écrire sur Vincent Gallo à l’occasion de notre dossier Carrières Modernes m’a fait replonger dans son album When et dans ces moments où, plongé dans le noir et casque stéréo sur les oreilles, j’écoutais ce morceau en boucle. Je ne crois pas en Dieu, mais c’est comme s’il me parlait à travers cette chanson.

13) Tim Buckley – “Sweet Surrender” (Ulrich)
Extrait de “Greetings From L.A.” / 1972 / Funk

J’ai toujours préféré le père au fils. Inlassablement. Irrésistiblement. Tim Buckley est un des fantômes qui m’accompagnent en silence. Fantôme qui parfois se réveille pour mieux hanter mon âme. Tim est une obsession et Sweet Surrender, mon chant de sirène. Un chant d’amour, un chant d’adieu, un chant de l’au-delà qui 40 ans plus tard fait toujours aussi mal lorsqu’on l’écoute. Mais le coeur a ses raisons…

14) The Red Krayola – “Hurricane Fighter Plane” (CGA)
Extrait de “The Parable Of Arable Land” / 1967 / Psychédélisme expérimental

Un bout d’improvisation totale, trois notes de basse en boucle, une batterie minimaliste, des paroles abstraites : il faut s’imaginer la tête de l’auditeur lambda découvrant à l’époque le premier album de Red Krayola. Ce qui me frappe le plus quelque 45 ans plus tard (quand même), c’est le son de ce morceau. Je me suis dit plus d’une fois : ce n’est pas possible, ce truc n’a pas pu être enregistré en 67. Et pourtant, si. The Red Krayola existe encore, ils étaient à Paris il y a peu. Je m’en veux un peu de les avoir ratés.

15) Bleached – “Searching Through The Past” (Thierry Chatain)
Extrait de “Ride Your Heart” / 2013 / Pop Punky

La Vallée, à Los Angeles, c’est l’anti-Hipsterland. Mais on y trouve de chouettes boutiques de disques d’occasion. En bonnes Valley Girls, les sœurs Clavin (qui poussent le vice jusqu’à s’appeler Jennifer et Jessica) ont donc fouillé dans le passé et elles en sont revenues avec ce petit bijou garage pop : une chanson des Beatles sertie dans une monture Ramones et portée par les Shangri-Las. Un rayon de soleil californien bienvenu pour se réchauffer le cœur dans ce printemps français qui pue le moisi.

16) Grant McLennan – “When Words Gets Around” (Dominique K)
Extrait de “Watershed” / 1991 / Alternative Rock

En 1991, iI y eut la séparation du plus grand groupe de rock de l’époque. Il y eut bien la réconciliation en 2000 entre Robert et Grant qui fut suivi par trois albums magistraux. Mais entre temps, les membres de The Go-Betweens alignèrent chacun de leurs côtés des merveilles solo, montrant ainsi que leur talent individuel ne se discutait pas. Grant McLennan fut le premier à sortir son album solo, six mois après la fin du groupe, une petite douceur printanière qui n’a pas pris une ride et s’écoute sans une certaine émotion puisque Grant McLennan eut la mauvaise idée de casser sa pipe en 2006.

17) Paul Giovanni & Magnet – “Willow’s Song” (Arbobo)
Extrait de “The Wicker Man” / 1973 / Folk

Il se murmure parfois que le groupe Autour de Lucie, une des plus belles réussites pop de France et en Français, pourrait retourner en studio pour un nouvel album. Pour entretenir l’espoir, et même si Valérie Leulliot a eu tout autant de talent en solo, revenons aux sources. Sur le premier album, L’échappée belle, on pouvait entendre un titre apporté par l’immense Michael Head (Pale Fountains), co-producteur du disque. Et cela sonnait fortement, très fortement, comme ce joyau entendu dans la bande originale d’un film méconnu des années 70, The wicker man. En voilà, tout plein de choses à (re)découvrir!

18) Main – “IV” (Dom Tr)
Extrait de “Ablation” / 2013 / Drone, minimal

Robert Hampson ne pouvait trouver meilleur endroit pour renaître de ses cendres que chez les Autrichiens d’Editions Mego. Revenu aux affaires il y a peu après un hiatus de plusieurs années, Hampson réactive son
emblématique projet Main. Il redonne ainsi vie à son ambition drone minimal aujourd’hui doublée d’une couche d’éléments sonores complémentaires apportés par Stephan Mathieu, armé de son Farfisa et d’éléments percussifs doublant les parties de guitare trafiquée et les manipulations sonores d’Hampson . Un instant en suspension, le temps de ce ‘IV’ aux mille évolutions aléatoires.