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PS’Playlist mai 2013

Les PS'Playlist sont des playlist mensuelles où chaque membre de Playlist Society propose un morceau, récent ou ancien, qui l'a marqué ces dernières semaines. Chaque chanson de la tracklist est accompagnée de quelques mots.

Par Collectif, le 31-05-2013
Categories Musique

>> Plombiers avec gniaque ce mois-ci. Mise à part quelques résistants à piano, la plupart des membres du gang de la tuyauterie s’est réveillée, que ça soit à coups de pompe rock ou à coups de boule électro. L’été qui vient probablement…

1) Chilly Gonzales – “Evolving doors” (Alexis Fogel)

Extrait de “Solo Piano II” / 2012 / Piano inspirant pour une V3

Les albums solos de gonzales font partie de ma boite à outils “concentration”. Stimulants et reposants à la fois, Ils peuvent soulager un esprit fatigué qui a encore quelques heures de travail intensif devant lui. Ce mois-ci, c’était double dose pour moi.

2) Alex Beaupain – “Je peux aimer pour deux” (Jean-Sébastien Zanchi)

Extrait de “Après moi le déluge” / 2012 / Variété française

En avril dernier sortait un chef d’oeuvre passé presque inaperçu. Sur ce quatrième album (hors bandes originales des films de Christophe Honoré), Alex Beaupain assume pleinement son héritage venu de la variété française. Rien d’insultant pourtant dans cette appellation quand on écoute cette chanson qui exprime à merveille le thème pourtant rabâché de la rupture amoureuse. Si l’on peut juger de la pertinence d’un disque à la manière dont il raisonne avec sa propre histoire, alors cet album touche au plus juste.

3) Rachel’s – “Water from the same source” (Alexandre Mathis)

Extrait de “System-Layers” / 2003 / Post-rock

Il y a deux mois, on parlait de la manière dont Mogwai tutoyait la beauté de la musique symphonique. Il faut rendre justice à un cousin pas si éloigné : Rachel’s, groupe de feu-Jason Noble. Water from the same source n’est pas le plus osé de leurs titres, mais surement le plus sensible, le plus enveloppant, le dernier soupir d’un groupe qui s’arrêta ensuite. Et c’est grâce à l’injustement décrié film de Paolo Sorrentino (La grande Bellezza) que ces douces notes se sont rappelées à ma mémoire.

4) Marie-Flore – “Feathered with daggers” (Arbobo)

Extrait de “Feathered with daggers” / 2013 / Pop Sombre

Un peu de la folie amoureuse ici, une fougue à peine contenue, le corps tendu tout entier vers celui de l’autre, le clavier fiévreux est moite comme nos lèvres entrouvertes, les voix s’enlacent comme un avant-goût dont on ne se lasse.

5) Faca – “Nightshot” (Ulrich)

Extrait de “Mi deporte favorito” / 2007 / Electroclash séminal

Prenez un gars d’Argentine et une fille du Mexique, foutez-les sur Internet – en particulier sur MSN – laissez-les échanger durant quelques mois et au final, ils vous sortiront un album de garagelectroclashpunkbilly. Arriba, arriba, arriba…

6) Sister Vanilla – “The Two Of Us” (Thierry Chatain)

Extrait de “Little Pop Rock” / 2005 / Pop rock

J’ai parfois tendance à préférer les notes de bas de page aux têtes de chapitre. Ainsi, j’éprouve une tendresse particulière pour Sister Vanilla, le projet (sans suite) de la fraîche Linda Reid, épaulée par ses grands frères ennemis Jim et William de Jesus and Mary Chain, qui se réconcilièrent pour l’occasion. Même si ce n’est aucun d’eux qui lui donne la réplique ici, mais le délicieux Stephen Pastel, cette ritournelle fuzzy sonne bien comme le contrepoint positif à JAMC.

7) A Place To Bury Strangers – “Deadbeat” (Anthony)

Extrait de “Exploding Head” / 2009 / Noisy-Rock

Quelques premières notes de basse guillerettes, histoire de masquer son jeu… puis le déluge sonique, implacable, le remède idéal aux gueules de bois ou aux réveils difficiles. Ingurgité en doses intensives et poussé un peu haut dans le volume du baladeur, “Deadbeat” mériterait une alerte médicale telle que celles qui font ricaner dans les notices de jeux vidéo.

8) Akron/Family – “Way Up” (Benjamin Fogel)

Extrait de “Sub Verses” / 2013 / Rock interstellaire

« Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais » devait dire Michael Gira à ses poulains d’Akron/Family. Aujourd’hui le groupe s’est complètement émancipé et trace sa route, fièrement calé dans un wagon, lui-même placé sur les rails de montagnes russes qui se perdent à l’horizon. Le son est à la fois abrasif et psychédélique. Le tout est truffé de mélodies où les temps morts sont bannis. On ne respire plus chez Akron/Family, on fonce la tête la première en s’agitant intelligemment.

9) A.R. Kane – “Snow Joke” (Julien Lafont-Laumont)

Extrait de “I” / 1989 / Rock interstellaire

Comme c’est délicieux de se replonger dans le passé, de chaque fois lui rajouter une feuille de complexité. De nos jours, A.R. Kane est vu comme un obscur groupe bizarre et inconséquent de la fin des années 80. Pourtant, avec un peu de chance, il aurait pu être un groupe majeur et fondateur de notre époque. L’histoire ne s’est pas écrite comme ça, tant pis, on en profite autrement : en se lovant dans les rêveries d’histoires parallèles.

10) Hot Chip – “Over & Over” (Olivier Ravard)

Extrait de “The Warning” / 2006 / Musique de Danse Sans Casques

Je ne danse jamais. Par pudeur et par sobriété. Pourtant, ce morceau me fait bouger les pieds comme ceci et les bras comme cela. En toutes circonstances. Et si mon oreille était dotée d’une rétine, ce bidule serait imprimé dessus de façon définitive. L’hypothèse est audacieuse, puisque ÉVIDEMMENT, sous prétexte qu’il n’a aucun sens,le principe de persistance rétinienne auditive ne sera jamais scientifiquement prouvé. QUOI QU’IL EN SOIT, s’il fallait en démontrer l’existence, ce “Over and Over” en serait une parfaite illustration, malgré son absence totale de lien avec le dernier album de Daft Punk.

11) Mount Kimbie – “Blood And Form” (CGA)

Extrait de “Cold Spring Fault Less Youth” / 2013 / Post-dubstep

En 2011 Mount Kimbie m’avait pris par surprise avec ses morceaux électroniques en équilibre instable, ses samples intrigants et sa production semblant inspirée des cut-up burroughsiens. Deux ans plus tard, pour son deuxième album, le duo londonien s’est assagi. Les boucles sont un peu moins surprenantes ; désormais; elles s’accompagnent bien souvent de voix, dont celle du jeune King Krule sur deux morceaux. Le son est plus dense, plus cotonneux, comme si certaines pistes provenait de vieilles cassettes recopiées des dizaines de fois. En témoigne ce “Blood And Form” aux voix déglinguées et au son crade.

12) Robert Hood – “Better Life” (Nathan Fournier)

Extrait de “Motor: Nighttime World 3” / 2012 / Techno

Robert Hood, avant tout, c’est le beat, sec et intense, avec des variations aussi subtiles que discrètes. L’impression que sa dernière sortie arrondit les angles est légitime, même qu’on entendait des mélodies. Mais ce qu’on retient avant tout, c’est que Robert Hood a bâti un édifice aussi robuste qu’élégant. Une forteresse imprenable, austère vue de l’extérieur, profondément émouvante une fois à l’intérieur. Techno majuscule.

13) Low Vertical – “Epic Slaughter” (Marc)

Extrait de “We are giants” / 2013 / Electro pop intense

Il est des secrets trop bien gardés pour que la modestie soit la seule explication. Prenez les Flamands de Low Vertical. Dès la première écoute, on entend tellement de bonnes choses qui nous en rappellent d’autres (The Notwist en tête), ces morceaux frappent tellement fort, juste et avec subtilité qu’on se sait obligés de faire passer le mot. Ne laissez pas ce secret l’être trop longtemps.

14) David Lemaitre – “The Incredible Airplane Party” (Catnatt)

Extrait de “Latitude” / 2013 / Pop

J’adore le premier album de ce jeune bolivien ; cette chanson en particulier. Elle fait renaître une sensation d’enfance particulière : entre allégresse, espérance et mélancolie. Ces matins de début d’été où par l’odeur de l’herbe fraîchement tondue par mon père réveillée, je jetais les draps par dessus bord et moi par la même occasion, excitée par une nouvelle journée tout en sachant ces joies éphémères parce que j’allais grandir. Un corps trop petit pour mon coeur trop grand qui battait la chamade, souvenir d’une petite fille qui n’aimait rien de moins que de se retrouver perchée à sept mètres de hauteur dans un arbre. Je suis toxico à cette sensation, je la pourchasse mais non seulement je ne peux la recréer artificiellement mais aussi elle se fait de plus en plus rare en vieillissant. Il est certains films, certaines musiques qui aboutissent à ce miracle. Dont cette chanson. Be Blessed David Lemaitre.

15) Lee Hazlewood – “It Was A Very Good Year” (Isabelle Chelley)

Extrait de “Movin’on” / 1977 / Country

La voix de cette vieille canaille de Lee coule à mes tympans comme un verre de bon rouge dans le gosier. Et il s’en donne à cœur joie sur ce standard où la nostalgie de ces putains de belles années tutoie des arrangements qui frenchkissent le kistch à pleine langue. Son interprétation de cabot sensible est tantôt bouleversante, tantôt goguenarde et fait oublier les prouesses du roquet Sinatra qui s’était approprié la chanson.

16) The Broken Circle Breakdown – “The boy who wouldn’t hoe corn” (Thomas Messias)

Extrait de “The Broken Circle Breakdown” / 2013 / Bluegrass Belge

J’ai beaucoup pleuré ce mois-ci. Toujours à cause des films, je vous rassure. Mais il faut croire que j’entre dans une période sensible, d’une durée indéterminée, durant laquelle mes sentiments à fleur de peau se mueront plus facilement en coups de gueule sans nuance ou en torrents de larmes. Mais à propos de ce film belge, The Broken Circle Breakdown (Alabama Monroe en VF), je parlerai objectivement de chef d’oeuvre. Le genre qui vous fait reconsidérer l’intégralité de votre vie. Le film sort en salles fin août, et je ne me lasserai jamais de sa bande originale bluegrass, interprétée par les héros du film eux-mêmes.

17) Jean Ferrat – “La montagne” (Axel Cadieux)

Extrait de “La Montagne” / 1964 / Chanson française

A intervalles irréguliers, toujours la même envie de s’exiler très loin, de quitter Paris pour des contrées inconnues, reposantes et saines. Et, à chaque fois, un seul morceau qui m’accompagne : La montagne, de Jean Ferrat.

18) The Pale Fountains – “Thank You” (Dominique K)

Extrait de “Pacific Street” / 1984 / Pop

Si, un jour, on me demandait de partir avec uniquement trois albums dans mes bagages, je suis persuadée que sans hésitation j’emporterais le Pacific Street des Pale Fountains. Il fait partie de ces albums, avec le Rubber Soul des Beatles et le XO d’Elliott Smith,qui m’ont structurée musicalement. Je les écoute toujours avec le même plaisir, à n’importe quel moment du jour, que je sois triste ou gaie. Ils sont mes compagnons de vie et le resteront, quoi qu’il arrive, et rien que pour ça, ça vaut largement un merci.

Et à la fin du billet :

19) Jean-Luc Trékan – “L’Hymne à la Beaujoire” (Matthieu Hybert)

Composé en 2000 – Genre inclassable !

4 ans que le « peuple jaune » attendait ça. 4 ans de frustration soudainement oubliés en cette magnifique soirée du 17 mai 2013. 4 ans de déception subitement envolés au moment où, au coup de sifflet final, une marée jaune déferla sur la pelouse. C’est sûr, le FC Nantes retrouvera l’élite. Et l’Hymne à la Beaujoire de s’élever en cette nuit magique, repris en chœur par le chorale des Nantais, comme un écho à mille souvenirs de jeunesse, des parties de foot endiablées du vendredi soir à mon premier album Panini, en passant par les soirées « au stade » avec mon père… Un peu de foot sur Playlist, ça change ! Ca choque ? Ce serait oublier alors que le football à la nantaise est aussi une philosophie et qu’en cette inoubliable soirée la devise nantaise, si chère à ses pères fondateurs, de José Arribasà Jean-Claude Suaudeau, était au firmament, brillant de mille feux sous les projecteurs de la Beaujoire : « Celui qui renonce à devenir meilleur, cesse déjà d’être bon ».

Crédit photo (Faca) Daren Sanchez