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PS’Playlist juillet 2013

Les PS'Playlist sont des playlist mensuelles où chaque membre de Playlist Society propose un morceau, récent ou ancien, qui l'a marqué ces dernières semaines. Chaque chanson de la tracklist est accompagnée de quelques mots.

Par Collectif, le 31-07-2013
Musique

1) The J. Geils Band – “Detroit Breakdown” (Thierry Chatain)
Extrait de “Blow Your Face Out” / 1976 / Rock funky
La faillite de la Motor City serre le cœur de l’ado que je fus. Detroit, c’était pour moi la capitale du monde, pas moins. La ville des Stooges (enfin, presque), du MC5, de Mitch Ryder, Ted Nugent (avant qu’il fasse poster boy de la NRA), Bob Seger (pré-andropause), Cactus… Bref, du rock haute énergie. Et la terre d’élection du J. Geils Band, machine à danser qui composa cet hommage à sa cité d’adoption. Si les BellRays ont écrit depuis une chanson homonyme sur la grande mouise de la métropole dépeuplée, c’est bien ce brûlot groovy exécuté avec la complicité très active du public du Cobo Hall qui reste pour moi l’hymne d’une époque.

2) Primus – “Kalamazoo” (Alexis Fogel)
Extrait de Brown Album – 2002 – Rock
Primus a toujours été un groupe particulier avec une atmosphère par album mais un style constant et identifiable tout au long de leur discographie. “Kalamazoo” fait partie du Brown Album qui porte magnifiquement bien son nom : c’est sale, c’est boueux, on se croirait dans un vieux western avec ce qu’il faut de grain dans l’image. Ecoutez l’album en entier, puis enchainez sur “Sailing the see of Cheese” et vous verrez : même style mais différente atmosphère.

3) Jane’s Addiction – Mountain Song (Ulrich)
Nothing’s Shocking – 1988 – Chanson-avec-chanteur-qui-gueule-pour-faire-bisquer-Catnatt
L’autre jour, je me suis arrêté chez mon disquaire habituel du côté de Pine Street. Je n’avais pas d’idée préconçue en tête, je passais de bac à bac me demandant ce que j’allais pouvoir ramener à la maison. Puis je vis ce vieux carton à terre, rempli de disques soldés à 1 $, je m’y suis penché, mon doigt défilant les LP les uns après les autres quand soudain, je fis un arrêt sur un disque, littéralement choqué de le voir là. Je posais la question au vendeur du pourquoi de la présence du premier album de Jane’s Addiction dans un bac à SOLDES. Il me répondit qu’il l’avait en stock depuis longtemps et n’arrivait pas à le vendre. Mon coeur ne fit qu’un tour et l’achetais immédiatement, pour ne plus voir cet album essentiel dans un bac à SOLDES. Mais je l’avais désormais en double, je l’offris donc à mon fils aîné en rentrant.

4) Fidlar – “No waves” (Olivier Ravard)
Extrait de Fidlar – 2013 – Surf Punk Without A Cause
La peau tannée par le soleil sans pitié, les cheveux durcis par le sel, les yeux fouettés par l’écume de la Vague, un imbécile sentiment de totale immunité pourrait pourtant émerger si vous pensiez. Vous ne pensez pas. Et vos neurones en suspension résonnent du “No Waves” de Fidlar, idéale bande son mentale de cet instant parfait. Fumer du crack pourrait vous procurer le même sentiment mais le surf s’avère plus recommandable à l’usage.

5) Múm – “Now There Is That Fear Again” (Alexandre Mathis)
Extrait de The Peel Session (EP) – 2006 – Post Rock, Glitch
De tous les artistes islandais un peu (re)connus, Múm sont de loin mes préférés. Moins arty que Björk, moins tendance traditionnelle que Sigur Ros, ils ont pour eux la puissance expérimentale mêlée à la mélodie efficace. Plutôt qu’une BO de l’été qui ferait ton sur ton avec la canicule, je mise sur un bon groupe venu du froid, un brin ambiance gothique. Parfait pour changer d’ambiance. Et avec The Peel Session, c’est comme si la B.O. d’Alice au Pays des Merveilles était créée. Oubliez Burton et Švankmajer, la vraie Alice est ici. Dans “Now There Is That Fear Again”, on assiste à la décente aux enfers de la jeune fille. Qu’on lui coupe la tête !

6) Ventura – “Amputee” (Marc)
Extrait de Album Ultima Necat – 2013 – Rock des alpages
‘Rock suisse’, ça sonne un peu comme ‘gastronomie hollandaise’ ou ‘chaleur norvégienne’, un contresens au poncif. Pourtant, le trio Ventura nous offre un long morceau tendu, dense, sombre et varié comme on l’aime, repartant quand on pensait qu’ils en avaient assez et nous aussi. Le groupe de Lausanne est en tout cas une des bonnes surprises rock (autre oxymore) de l’année.

7) Bertrand Betsch – “Les mots ont leur importance” (Thomas Messias)
Extrait de Pas De Bras Pas De Chocolat – 2004 – Chanson Française
Voilà neuf longues années que l’album “Pas de bras, pas de chocolat” de Bertrand Betsch m’accompagne dans toutes les étapes de mon existence, de la plus pénible en passant par la plus guillerette, sans compter le temps passé à faire les courses en dansant dans les rayons. Car mon Bertrand sait combiner chanson française dépressive, élans d’euphorie incontrôlés et défouloir électro plus ou moins poussé selon les morceaux. Mon morceau préféré change tous les 15 jours, mais actuellement mon compagnon favori se nomme “Les mots ont leur importance”, qui démontre joyeusement que tout est question de point de vue. Il n’y a pas qu’au cinéma que les losers magnifiques me bouleversent : Bertrand Betsch ne cessera jamais de m’arracher des larmes de joie.

8) Shannon and The Clams – “Runaway” (Eeleria)
Extrait de Dreams In The Rat House – 2013 – Doo Wop Garage
Découvert lors de la première édition du City Sounds à Paris, Shannon and The Clams avait tout sur le papier pour me déplaire. Je ne baigne pas particulièrement dans le revival 60’s, je me méfie même de ce genre de nostalgie à un âge d’or présupposé du rock. Un groupe ne révèle ses qualités que sur scène ai-je l’habitude de dire. Et bien ce fut vraiment le cas avec Shannon and The Clams : la présence scénique de Shannon et le jeu talentueux du guitariste ont fait que j’ai eu pour ce groupe un vrai coup de coeur.

9) David Bowie – “In the heat of the morning” (Arbobo)
Extrait de David Bowie – 1967 – Pop
Bowie n’a jamais fait figurer dans ses best of les titres de sa première période, ni dans ses concerts. Comme s’il cherchait à laisser sous le tapis cette période musicale de sa carrière, alors qu’il n’a pas fait autant de manière pour des albums aussi indigents que “Tonight”. Heureusement, des compilations sont là pour nous donner accès à ce “premier” Bowie, assez joueur mais déjà si sombre. Il y a dans “In the heat of the morning” toute la tension d’un matin de canicule où les esprits sont déjà brûlants et les nerfs mis à vif par trop d’insomnies. Bowie – torride ! – signe ici l’une de ses rares chansons d’amour, si ce n’est la seule.

10) Gerry & The Pacemakers – “You’ll Never Walk Alone” (Nathan Fournier)
Extrait de You’ll Never Walk Alone – 1963 – Hymne universel
Toi aussi prend ton plus bel accent scouser et chante avec moi ! Ajoutez un sport (le foot), une ville (Liverpool), des légendes et des traditions avec de la passion. Mélangez le tout avec le phénomène terrifiant de la foule et une chanson un peu niaise, et, magie ! vous obtiendrez un hymne, un vrai, qui vous colle des frissons à chaque fois. Vous avez dit plaisir coupable ?

11) Prince – “Purple Rain” (Matthieu Hybert)
Extrait de Purple Rain – 1984 – Rock
Prendre la tangente, avancer à contre-courant, se réfugier sous une pluie colorée quand tout le monde court s’abreuver de soleil, laver son cœur sous l’averse plutôt que sécher artificiellement son corps sur la plage, redécouvrir le grand Prince à l’heure où le monde tourne sa curiosité malsaine et maladive outre-Manche pour la naissance d’un nouveau petit prince ; voilà autant de bonnes raisons de réécouter ce “Purple Rain” qui tel un baromètre m’a souvent rappeler que « rien n’empêche le bonheur comme le souvenir du bonheur » (Gide).

12) Journey – “Don’t stop believin’” (Axel Cadieux)
Extrait de Escape – 1981 – Euh… ils disent hard rock sur wikipedia mais j’ai comme un doute
James Gandolfini s’est éteint le 19 juin dernier, en terre italienne, mais il m’a bien fallu trois semaines pour l’encaisser. J’aimais le bonhomme et surtout l’acteur, ce qu’il symbolise en tant que Tony Soprano. Un monument de la télé (du cinéma ?), tout le monde est d’accord là-dessus. Mais plus personnellement, c’est près de 250 heures (3×86 épisodes) passées à ses côtés, au sortir de l’adolescence, enfoncé dans mon canapé. Des nuits blanches et de l’amour en continu, à une période charnière. The Sopranos, seule oeuvre qui m’ait véritablement changé. James, tu m’as beaucoup apporté, je t’ai tant aimé. “Don’t stop believin'”, c’était une évidence.

13) Micky Milan – “Les vacances on s’éclate on s’évade” (CGA)
Maxi – 1985 – Dance
Oui, la PS’Playlist peut être aussi l’occasion de donner leur chance à de vieux morceaux de merde. Une petite mise en perspective d’abord. Lâchez un CGA dans un dépôt-vente et laissez-le fureter parmi les vinyles d’occase. Avec un peu de chance il tombera sur un disque un peu bizarre. Ce coup-ci c’était un test-pressing (un vrai, avec l’étiquette blanche et tout) d’un maxi d’un certain Micky Milan, DJ du début des années 80, qui a bossé avec un certain François Feldman. Deux constats : 1 – des gens ont estimé que cette chose avait un certain potentiel commercial, 2 – des gens (les mêmes ?) ont considéré qu’on pouvait gâcher du pétrole en pressant des exemplaires de test. Je ne pouvais pas passer sous silence cette trouvaille infâme – désolé si ça pourrit un peu vos recommandations Spotify.

14) Wham – “Club Tropicana” (Catnatt)
Extrait de Fantastic – 1983 – Pop-Pour-Faire-Hurler-Ulrich
J’adore Wham et j’adore George Michael. J’ai choisi “Club Tropicana” – même si je préfère “Everything she wants” remixé et version longue s’il vous plait – parce que je trouve ce morceau irrésistible surtout en été. J’ai immédiatement envie de grimper sur une table et de danser. Rajouté à ça un billet sur ma jeunesse écrit il n’y a pas longtemps, plus un échange avec Ulrich sur ma capacité à vénérer des chansons dites ringardes, il ne m’en fallait pas plus pour coller ça dans les pattes de la playlist de cet été : “Fun and sunshine – there’s enough for everyone” !

15) Crystal Castles ft Robert Smith – “Not in love” (Anthony)
Extrait de Not In Love – 2010 – Electronic Body Music de qualité supérieure
Bon… On va pas se raconter d’histoires…C’est l’heure du bermuda, de la tong, de la crème solaire, du transat, de la Ray Ban, de l’ivresse, de la détente, de la sieste et du body qui se demande qu’à transpirer matin, midi et soir. Par conséquent, face à l’inexorable relâchement des corps, autant les abreuver d’une musique qui provoque un déhanchement de qualité, garante d’une sueur non odorante sur le dance-floor.

16) Kevin Gates – “4 Legs And A Biscuit” (Dom Tr)
Extrait de Stranger Than Fiction – 2013 – Rap
Lorsqu’il s’agit de dévoiler un univers où la paranoïa, la trahison, la criminalité et la fuite sont les composantes principales, peu parviennent à transmettre autant d’émotion que Kevin Gates. Une nouvelle preuve avec ce ‘4 Legs And A Biscuit’ qui pose les bases d’une histoire sans fin pour les personnages du monde de Gates : survivre coûte que coûte et échapper à un destin écrit d’avance.

17) The Raconteurs – “The Switch And The Spur” (Isabelle Chelley)
Extrait de Consolers of the Lonely – 2008 – Rock
Bien plus roots que Dead Weather, l’autre side-project de Jack White, les Raconteurs se défoulent ici. Le décor de western halluciné façon Dead Man est planté, on a le goût de la poussière et du tord-boyau du saloon dans la bouche, les tumble-weeds tourbillonnent à l’horizon et l’atmosphère est bien poisseuse. Les Raconteurs osent tout, les cuivres façon mariachis, les envolées plus kitsch qu’une chemise brodée de chez Nudie. Et c’est bon. Bien meilleur que le tordboyau du saloon, tiens.

18) Glorytellers – “Barely Born” (Benjamin Fogel)
Extrait de Current Resident – 2013 – Folk
Les bacs à disques débordent de chansons de types seuls avec leur guitare et leur voix. Il y en a tellement que l’affinité qu’on peut développer avec certains d’entre eux semble découler du hasard. On se dit alors qu’on est fan d’untel parce qu’on se retrouve dans son songwriting sans bien savoir ce que cela veut dire. Dans mon cas, c’est sur Geoff Farina que j’ai jeté mon dévolu. Est-ce parce qu’il est l’ancien leader de Karate, est-ce parce qu’il souffre aussi d’acouphènes ? Je n’en sais rien, mais j’aime passionnément toutes les chansons de son projet Glorytellers.