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Lectures d’été : At Home, A short history of private life, de Bill Bryson

Par Isabelle Chelley, le 05-08-2013
Littérature et BD
Cet article fait partie de la série 'Lectures d'été' composée de 8 articles. Des livres à emmener avec soi à la plage, à la campagne et à la montagne. Voir le sommaire de la série.

A priori, le postulat de “At Home” n’est pas des plus ébouriffants. Bill Bryson, auteur américain barbu et jovial, vient d’emménager dans un vieux presbytère anglais. Et une fois ses cartons déballés, plutôt que de jouer de la perceuse et de poncer les parquets, il décide de se pencher sur l’histoire de chacune des pièces de la maison. Ce qui donne lieu à une foultitude de portraits et d’anecdotes, avec en toile de fond des infos solides, Bryson appartenant à cette race d’auteur en voie de disparition qui vérifie tout ce qu’il avance – et pas en survolant Wikipédia, comme en témoigne l’énorme bibliographie à la fin de ce livre.

Doué d’une capacité surhumaine à synthétiser des piles de documents hétéroclites, allant du livre de cuisine ou de jardinage à des biographies et mémoires de personnages célèbres ou oubliés, il sait en extraire la substantifique moëlle avant de la resservir, accommodée par ses soins. Si on pensait qu’une histoire de l’habitat risquait d’être moins excitante que la lecture du catalogue Ikéa, on s’est bien planté.

En s’intéressant à des sujets banals en apparence (la maison en elle-même, ses composants intérieurs et extérieurs, le mobilier, le jardin, etc.), Bryson évoque les inventions majeures ou futiles, les changements et évolutions de civilisation et des rapports humains, les chamboulements du quotidien. Des progrès dans la fabrication du verre qui ont permis de multiplier les fenêtres (une bonne idée avant l’arrivée de l’électricité) à la condition peu réjouissante des domestiques, il dresse un portrait d’un monde dans lequel il ne faisait pas si bon vivre que ça.

Bill Bryson est le professeur qu’on aurait tous rêvé d’avoir, à la fois conteur d’histoires (petites et grande, entremêlées de préférence), érudit sans être pédant, amoureux du détail piquant (chez lui, les grands hommes restent des humains avec leurs défauts, leurs mesquineries et leurs sales manies) et doté d’un humour souvent ravageur. Auteur de chroniques de voyages, d’une biographie de Shakespeare qui dégommait tous les mythes, d’un bouquin hilarant de souvenirs d’enfance, il peut aussi se lancer dans des projets foufous, comme ce pavé, dans la même veine qu'”Une histoire de tout ou presque”, ouvrage de vulgarisation scientifique donnant au lecteur l’impression d’être enfin intelligent.

Si pour l’instant, “At Home” n’a pas été traduit, il se lit en version originale avec un niveau correct d’anglais sans risquer de se fouler de neurones. Sous son ton léger, son style fluide et son côté collection de miscellanées, il ne manque jamais de nous rappeler que non, ce n’était pas mieux avant et, comme bon nombre de bouquins de Bill Bryson, il prouve que la curiosité n’a rien d’un défaut. Mais plutôt une maladie contagieuse dont on n’a pas envie de guérir, un fois le nez plongé dans ces six-cents et quelques pages.