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PS’Playlist octobre 2013

Les PS'Playlist sont des playlist mensuelles où chaque membre de Playlist Society propose un morceau, récent ou ancien, qui l'a marqué ces dernières semaines. Chaque chanson de la tracklist est accompagnée de quelques mots.

Par Collectif, le 31-10-2013
Musique

backatown 21) Trombone Shorty – “Backatown” (Alexis Fogel)
Extrait de Backatown – 2010 – Jazz

Contrairement à ce que le nom peut laisser penser, Trombone Shorty (nom de scène du leader) ce n’est pas que des cuivres. Tous les membres du groupe ont leur importance, spécialement la guitare et la section rythmique qui relaient en puissance l’énergie que dégagent le trombone, la trompette, les saxophones et la voix. Les albums que peuvent avoir l’air calme mais le groupe de Nouvelle Orléans est capable d’envoyer du très lourd en live avec un son limite métal. Cela en fait un groupe de jazz polyvalent et facile d’approche mais néanmoins très innovant.

Jm_theelectriclady_cover 2) Janelle Monáe – “Dance Apocalyptic” (Thierry Chatain)
Extrait de “The Electric Lady” – 2013 – Pop

Un tube, un vrai ! Dès les premières mesures, l’apocalypse joyeuse convoquée par Janelle donne une furieuse envie de bouger son booty et de chanter à tue-tête. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. C’est de paranoïa urbaine qu’il est ici question. Et, en digne fille spirituelle du Prince des eighties (convoqué sur l’album), cette chanteuse visionnaire, qui s’inspire très librement du Metropolis de Fritz Lang, se joue de toutes les frontières musicales et réconcilie pop et soul, rock et gospel, electro et funk, dans une jouissive partouze rétrofuturiste.

image 3) Black Pus – “1000 Years” (Christophe Gauthier)
Extrait de All My Relations – 2013 – Rock bruitiste

Quand il ne dessine pas, Brian Chippendale enfile un masque, s’assoit derrière une batterie et maltraite ses fûts tout en ânonnant des paroles rendues incompréhensibles par une épaisse couche d’effets et de distorsion. Lorsqu’il joue avec le bassiste Brian Gibson, cela donne Lightning Bolt, duo brillant et bruyant ; en solo, cela devient le projet Black Pus. Chippendale s’occupe alors de tout : les deux bras et le pied droit s’affairent sur la batterie, tandis que le pied gauche déclenche des sonorités de basse en boucle. Extrait du récent LP All My Relations, le morceau 1000 Years est presque tous publics, avec sa rythmique joyeuse et ses vocaux en mode trampoline.

philosofem 4) Burzum – “Dunkelheit” (Axel Cadieux)
Filosofem – 1996 – Black metal

Parce que j’ai des amis qui, eux, écoutent de la bonne musique, je suis tombé ce mois-ci par un hasard total sur un morceau de Burzum, groupe dont j’entends parler depuis des années sans même savoir ce que c’est ni à quoi ça ressemble. Toujours est-il que le morceau en question s’appelle Dunkelheit, de l’album Filosofem. Vingt ans après tout le monde, je trouve ça très bien.

036143001383144486images1 5) Pigface – « Suck » (Olivier Ravard)
Extrait de Gub – 1990 – Chanson Industrielle

La section rythmique passe les neurones à l’attendrisseur tandis que la voix du jeune Reznor, servie par une production épurée jusqu’à l’os, apporte le nappage recouvrant d’une délicate couche de haine glacée ce classique désormais intemporel, bande son idéale pour une séance de bondage. Pigface ou l’art du dressage.

mondayatthehugandpint_1211261965927163 6) Arab Strap – “Fucking Little Bastards” (Anthony)
Extrait de “Monday at the Hug & Pint” – 2003 – Indie Rock dépressif

N’étant pas très fluent à l’oral en anglais et n’ayant pas pour habitude de m’intéresser beaucoup aux paroles des chansons (à l’exception de “Forever Young” d’Alphaville mais je ne souhaite pas apporter la moindre justification et puis y’a prescription, non… ?), je me suis quand même demandé de quoi il s’agissait dans ce “Fucking Little Bastards”‘ que j’aime tant. Il y est question d’un type qui met fin aux relations toxiques qui l’empêchent d’avancer. La chanson est structurellement conforme à l’évolution de l’état d’esprit du bonhomme : tendue et dissonante pour commencer, jusqu’à saturation, puis plus aérienne et lumineuse (avec violons, s’il vous plaît) avant de s’achever dans l’apaisement, une sérénité presque silencieuse… Bonne résolution d’octobre : je vais donc peut-être m’intéresser un peu plus aux paroles.

220px-McLusky-TheDifference 7) Mclusky– “She Will Only Bring You Happiness” (Nathan)
Extrait de “The difference between you and me is that I’m not on fire”– 2004– Pop dissonante

Ô mclusky ! Pop défigurée, punk chaviré, textes aiguisés, dissonances magnifiques. Trois albums, trois petits bijoux inclassables, là où même Sonic Youth n’a pas pu mettre les pieds, puis plus rien. Nous voilà orphelin depuis presque 10 ans. Sur notre table de chevet, on a cette chanson pour être sûr de ne pas oublier tes hymnes dissonants. “My band is better than your band. We’ve got more songs than a song convention. Sing it”

stereolab 8) Stereolab – “Lo Boob Oscillator” (Thomas Messias)
Extrait de Refried Ectoplasm – 1995 – Post-rock

La lune est libre, je crois.

 

holden-sideration 9) Holden – “Quel ami” (Arbobo)
Extrait de Sidération – 2013 – Pop française

Holden, c’est un miracle. Logiquement, face à ce miracle les labels ont pris peur (de ne pas être à la hauteur? on les comprend) et les ont laissés se démerder. Avec bravoure, Holden continue de porter au firmament ses chansons inimitables et bouleversantes. C’est un son, c’est un chant, et… c’est une langue. Langue vie à eux !

61QQbW+ycqL._SY300_ 10) Telepopmusik – “Breathe” (Alexandre Mathis)
Extrait de Genetic World – 2003 – Electro où on fait danser les bras

“Quand la vie vous étouffe, quand le quotidien détruit la beauté de l’imprévu, quand même la ligne de hanche d’Anna Karina ne suffit plus à vous calmer, rappelez-vous de ce conseil issu du tube des Telepopmusik : « Just Breathe ».”

2013Polica_Shulamith600G120613 11) Poliça – “Smug” (Catnatt)
Extrait de “Shulamith” / 2013 / Trip-hop

Le trip-hop c’est mon truc, je ne sais si c’est une question de génération – j’avais la vingtaine quand Massive Attack et Portishead ont débarqué et m’ont collée une claque dont je ne me suis jamais vraiment remise – mais je pourrais presque le revendiquer comme une nationalité (je viens de ce pays-là), comme une identité (je viens de cette émotion-là). C’est moi, ça me colle aux basques. Lorsque Poliça a sorti son premier album, je suis restée dubitative, voire condescendante mais leur deuxième album est beaucoup plus abouti. Surtout je ne comprends pas qu’on les range dans la catégorie Indie-rock, pour moi c’est la continuation parfaite du trip-hop des années 90, avec comme étendard, cette chanson, “Smug” que je fredonne doucement : “Boys make me way too tired, all the work they require…”

piano-sutra.300 12) Matthew Shipp – “Cosmic Dust” (Benjamin Fogel)
Extrait de “Piano Sutras” / 2013 / Jazz

J’ai découvert Matthew Shipp en 2002 avec l’album Equilibrium, mais c’est en 2003 avec Antipop vs. Matthew Shipp, son disque co-réalisé avec les rappeurs d’Antipop Consortium que je suis vraiment devenu fan du bonhomme. C’était il y a dix ans, et cette nouvelle marche franchie dans le rapprochement entre le jazz et hip hop me paraissait alors capitale (l’avenir me donnera tort). Aujourd’hui Matthew Shipp sort Piano Sutras son septième album solo (j’ai perdu espoir de tenir compte de ses albums en groupe). Il continue d’y explorer, de la plus belle des manières, le minimalisme, les zones de rencontres entre jazz et classique, ainsi que la force musicale de la fausse note, ou du moins de la note tangente, celle qui intrigue et à laquelle on reste suspendu en se demandant si elle va tomber dans le vide ou réussir à rebondir.

laurenmann94 13) Lauren Mann and the Fairly Odd Folk – “I Lost Myself” (Marc Mineur)
Extrait d’Over Land and Sea – 2012 – Folk Optimiste

Dans un monde normal, I Lost Myslef serait sur toutes les lèvres. Dans ce monde, Lauren Mann n’aurait pas besoin de faire appel aux internautes pour financer le successeur de son charmant premier album. Et normalement, elle ne mettrait pas ce premier album en téléchargement gratuit. Finalement, peut-être que c’est bien pour vous, parce que vous allez pouvoir vous procurer légalement ce chouette moment ici.

 

220px-Boss_Hog_album 14) Boss Hog – “I Dig You” (Isabelle Chelley)
Extrait de Boss Hog – 1995 – Rock

Pour ne pas avoir d’envies libidineuses, là, tout de suite, maintenant, en écoutant ce duo entre Jon Spencer et Cristina Martinez (sa femme dans le civil), il faut être un panda tombé dans un tonneau de bromure à la naissance. Les arrangements déglingués et les paroles absurdes sont un régal, mais c’est l’interaction du couple infernal cabotinant sans retenue qui fait tout le sel de ce Viagra sonore aussi frelaté qu’une picole de contrebande.

 

imgserver.php 15) Micro Cheval– “The Tropic And The Sun” (Dom Tr)
Extrait de Debut Tape EP – 2013 – Minimal-wave / Synth-pop

Actif depuis 2010, l’excellent label parisien Svn Sns Records nous avait habitué à une forme de gravité et de drama captivante dans ses sorties (Happy New Year, To The Happy Few…). Mais puisqu’un contre-pied est toujours le bienvenu,  le label d’Alex Poveda présente aujourd’hui un tout nouveau projet, radicalement différent. La “Debut Tape EP” de Micro Cheval aka Laurène Exposito propose en 6 morceaux une synth-pop minimaliste construite sur de petites mélodies attachantes et portée par la voix enfantine de la musicienne. Sous leurs airs de petites ritournelles qui ne paient pas de mine se cachent des monstres de l’addiction, qui vous rendront accro à leur univers carton-pâte et leurs refrains entêtants.