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On ne sait pas quand Wolf Parade reprendra le chemin des studios et des scènes, mais il semble que les deux comparses principaux se soient trouvé des occupations bien intéressantes. Pour Dan Boeckner, c’est avec Brett Daniels des géniaux Spoon qu’il a formé les Divine Fits ; et ils semblent très bien s’amuser. Non seulement le prolifique Spencer Krug multiplie les groupes tous enthousiasmants (Wolf Parade, Sunset Rubdown, Swan Lake, Moonface) mais au sein même de ce qui apparaît comme son projet le plus personnel, il différencie nettement les albums. Après un premier enregistré tout seul, mais avec un renfort technologique, et le sombre et dense Heartbreaing Bravery avec une formation finlandaise, le voici tout seul avec son piano.

Cet album a suscité une certaine attente chez quelques personnes dont je fais partie. On le savait, un piano et sa voix, on n’a pas besoin de beaucoup plus. De rien de plus en fait. Quand la mélodie du premier morceau se fait tortueuse, on comprend qu’on va le suivre dans ses chemins escarpés. Barbarian est tout simplement intense et captivant. Et comme il enchaîne d’emblée avec Everyone Is Noah, Everyone Is The Ark qui avait servi de très alléchant teaser de l’album, on est définitivement conquis. C’est un des morceaux les plus percutants de cet album, avec un certain crescendo. Bien entendu, il est presque impossible de maintenir ce niveau, surtout que s’enquiller 10 chansons qui ne se permettent rien d’autre que du piano et de la voix est un exercice âpre à mener à bien sur la longueur. Il est tellement peu inhibé qu’il n’hésite pas à se lancer dans un instrumental.

Spencer Krug

Spencer Krug

Sa voix et son ton restent particuliers, mais la bonne surprise est qu’il n’en fait pas des caisses, même si on sent que la pédale forte du piano est enfoncée à fond la plupart du temps (Barbarian II, November 2011). Le joli November 2011 comporte une mélodie évidente, démontrant que ce garçon maîtrise le songwriting classique, indépendamment des circonvolutions dont sa musique est capable. Les albums de Sunset Rubdown ne sont par exemple pas toujours limpides.

Il y a donc les morceaux où notre imagination d’auditeur ne crée pas d’environnement plus spacieux à ces morceaux qui se suffisent à eux-mêmes et qui constituent logiquement les plus évidentes réussites déjà mentionnées auxquelles on ajoutera la plage titulaire qui décide de repartir. Mais c’est aussi un des morceaux où on imagine qu’un apport extérieur aurait pu encore rendre la chanson plus percutante. Dreamy Summer est plus répétitif et un rien moins intéressant. Puis ce long morceau s’emballe tout seul avec le piano seul. Oui, c’est un de ces moments où on pense à ce que la guitare de Boeckner pourrait apporter.

Le talent de Spencer Krug est pour nous tellement manifeste qu’il semblait tout à fait logique qu’il se lance un jour ou l’autre dans un projet comme celui-ci (et transforme l’essai d’emblée) avant de sans doute repartir vers de nouvelles aventures. La discographie de Moonface commence mine de rien à avoir une sacrée gueule…