Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

2013 vu par Fauve

Par Fauve, le 17-01-2014
Musique
Cet article fait partie de la série '2013 vu par...' composée de 6 articles. Dans l'optique de faire un point d'étape avant de passer à la suite, Playlist Society invite, tout au long de sa série '2013 vu par...', des personnalités (écrivains, musiciens, réalisateurs...) à évoquer leur année 2013. Voir le sommaire de la série.

Introduction : Coller sa démission, tout plaquer, retrouver ses potes d’enfance, former un groupe de musique, essuyer les « qu’est-ce que vous faîtes ? » et les « n’importe quoi », et se retrouver un an et demi plus tard à remplir vingt Bataclan de suite à guichets fermés. Le succès de Fauve ne découle pas du hasard. Ces gars-là ont compris que, pour toute une génération blasée d’être blasée, la reconquête passait moins par la musique que par la nécessité de foutre à la poubelle la pudeur et la gêne. Il en ressort un groupe qui réussit là où beaucoup ont échoué et auquel il nous semblait intéressant de laisser carte blanche pour qu’ils nous parlent de leur année 2013.

Barre

FAUVE CORP

Quelle histoire, 2013.

On aura usé de tous les superlatifs pour essayer de qualifier ce qui nous est arrivé cette année.
Avec une nette préférence pour le “putain”. Et en permanence cette sensation de gigantesque canular. De quelque chose qui nous dépasse archi.

On est tout le temps dans une démarche de cristallisation de ce que l’on vit, les évènements instantanés ou les phases plus longues. On passe du temps à tenter de profiter un maximum de ce qui nous arrive. Et du temps à tenter de l’écrire, de figer tout ça quelque part. on a un rapport au temps quelquefois particulier, déconnecté d’un calendrier ou contexte. On n’est pas toujours au taquet sur le dernier truc sorti, on ne va pas régulièrement au ciné ou au théâtre. On s’est plongé dans des œuvres sans lien avec l’actualité de 2013. Genre “Nord Michigan” de Jim Harrison, «Tout ce que j’aimais» de Siri Hustvedt, la série The Wire ou “Nous ne sommes pas des anges” du Serbe Dragojevic.

Pour nous 2013 c’est pas tant culturel que symbolique.

Du coup, pour nous 2013 c’est pas tant culturel que symbolique. 2013, c’est d’abord la récupération de notre sérotonine et de notre liberté de mouvement. La tournée qu’on a faite a été mystique, incroyablement dense. Nous, les tocards en géographie doublés de curieux frustrés… On s’est retrouvé à Morlaix ou Nîmes, en balade autour de Clermont, Poitiers. On s’est aussi partagé des lieux connus, certains ont montré aux autres leur Londres ou leur Blois à eux. Avec toujours le plaisir d’agrandir notre terrain de jeu, de revenir par une autre porte. Maintenant, on se sent un peu comme à la maison à Caen ou Dijon. En voyant avec nos yeux tout ce patrimoine, on s’en est construit un. On se sent riches d’avoir vu du pays et des gens accueillants. Tout ça nous as mis une bonne série de claques, on était comme des gosses à qui on donne les clés de la Ferrari.

2013, c’est un milliard de rencontres. On ne fait pas de hiérarchie. Chacune a mis du contenu dans nos vies, alors qu’on n’avait rien réclamé.

Au-delà du rap (français et kainri, ancien et nouveau), 2013 c’est la Femme, qui a fait l’unanimité dans le CORP et dans le camion. Un coup de coeur commun pour leur démarche et leur musique, brillantes. Pour leur incarnation du “Nique Tout”. Ça nous parle, sans compter les dates en commun et leurs prestations de déglingos – alors qu’on se demandait régulièrement comment on avait pu se retrouver là, avec eux… Et comment l’orga avait pu nous laisser jouer.

2013, c’est aussi Pierre Noirclerc, qui nous a écrit pour nous faire partager son bouquin, “D’autres prendront nos places” (2011 – Flammarion). Un roman qui a fait très largement écho chez nous, alors que rien ne le laissait présager. Une étrange sensation de nous lire et de nous entendre.

Et puis il y a eu Georgio, qui a chauffé nos playlists avec son “Soleil d’Hiver”. Un gars vrai, un gars doué, un gars enragé, un gars bien. Il est venu jouer sur une NUIT FAUVE et ça a collé à tous les niveaux. Dès lors, ça paraissait logique de tenter quelque chose ensemble. Ça a donné un featuring sur la version album de VOYOU dont on est honorés. On espère que c’est que le début.

S’il fallait trouver un point commun à ces choix, c’est qu’ils “épousent un vécu”.

S’il fallait trouver un point commun à ces choix, c’est qu’ils “épousent un vécu”. Parfois celui de l’auteur, parfois le nôtre par un genre d’effet-miroir. C’est pour ça que ces oeuvres nous marquent. Et qu’elles nous marqueront longtemps, ce n’est pas contextuel.

Il y aurait tellement de choses à rajouter sur 2013. Au final, mieux vaut peut-être décrire un cheminement mental, affectif, psychologique. Parce qu’en réalité c’est ça qu’a été 2013 pour nous : un parcours initiatique, une sortie de tunnel.

C’est ce qu’on a essayé de raconter sur “VIEUX FRÈRES” – le premier album de FAUVE. Pour que ces moments soient des talismans, qu’ils nous permettent de continuer solides et éclairés dans le futur.

Même pas en 2014. Juste demain, déjà.