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Membre de deux formations fascinantes mais pas toujours faciles d’accès, Joe Haege est un de ces artistes qu’on aime suivre et qui se cache derrière un patronyme un peu clette. 31 Knots, c’était de l’art rock anguleux et abrasif, intransigeant. Tu Fawning, une étrange aventure envoûtante et inclassable. Ajoutons aussi Menomena et The Dodos dont il est ou a été musicien de tournée et vous comprendrez que ce projet est très intéressant sur le papier.

Les notes de pochette sont rarement éclairantes sur l’état d’esprit d’un album, ou alors il faut sérieusement lire entre les lignes. Au lieu des remerciements divers et variés, Joe Haege explique comment il en est arrivé là, comment à 37 ans il en est venu à ne plus se lamenter du manque de succès et d’argent. Il a découvert qu’il faisait de la musique parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, et c’est sans doute cette liberté qu’on retrouve ici, une indépendance bienvenue, une fraicheur jamais démentie.

Le premier morceau pourrait être un des premiers Wolf Parade. Il en a la pulsation, l’intensité, et c’est exactement ce qu’on attendait. Un plus étrange rapprochement pourrait être fait avec les avatars d’Animal Collective, dont Panda Bear. C’était un point de comparaison très fréquent il y a quelques années mais la sphère d’influence de groupe de Brooklyn a fortement décliné depuis.

Mais on est très très loin de la copie ici. Tout au plus remarque-t-on à l’occasion un effet sur la voix et un piano entêtant. OK, We Get It n’a donc pas côté vraiment éthéré. Il y a sur morceau (et d’autres comme Glassy Eyes) ces batteries dont les sons se réverbèrent sur les murs en marbre blanc. La voix un peu haut perchée évoque un peu Avey Tare rend cette impression assez tenace mais l’esprit terroriste est bien plus présent ici. En gros, on sent moins le côté ‘gentils garçons qui ont pris des trucs’ et on profite du gros gimmick bien lourd d’Erase Up !! Ces allusions ne sont là que vous inciter à en savoir plus.

La musique de Vin Blanc, White Wine est finalement très facile mais un peu déviante, un peu inquiétante. Evidemment, certains morceaux poussent le curseur un peu plus loin comme Temple Of Lines avec ses notes martelées. A l’opposé du spectre, le presqu’acoustique Don’t Get Romantic pourrait être un morceau d’Okkervil River. Entre les deux, la réussite la plus patente est sans doute I’m Here, plus direct et vénéneux. Il ne tente même pas de jouer les faux déglingués. Et l’intensité est là, nous cueille alors qu’on ne l’attendait pas à ce niveau.

Sur Enable il chante « Able, I’m able, I’m capable of restraining myself” sur un morceau qui rappelle ses amis de Menomena. Et cette assertion sonne comme un manifeste, comme une volonté de domestiquer cette pulsion créatrice. Une pulsion bien solitaire visiblement, l’envie de faire un album s’était manifestée une fois que des morceaux étaient prêts sans intention préliminaire.

Chaînon manquant entre la folie de Panda Bear et la force de certains Wolf Parade, Vin Blanc White Wine ravira plus que probablement les esprits curieux, qui veulent se frotter à la grosse intensité d’un artiste unique et ayant déjà un univers personnel. Evidemment, ça plaira plus à ceux qui aiment Xiu Xiu et tous ces indépendants de l’esprit qu’à ceux qui chérissent Birdie, mais c’est sans doute pile dans le cœur de cible. On est entre nous, alors on se doit de faire passer les bons plans comme celui-ci