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L’amour et les forêts de Eric Reinhardt : la littérature pour le meilleur et pour le pire

Attention, il y a quelques spoilers.

Par Catnatt, le 06-10-2014
Littérature et BD
Cet article fait partie de la série 'Rentrée littéraire 2014' composée de 9 articles. Playlist Society fait sa rentrée littéraire 2014. Voir le sommaire de la série.

L’amour et les forêts, la littérature et la réalité, la perversité et le renoncement, l’utopie et la chute.

D’abord, un prodigieux éclairage sur la mécanique des pervers narcissiques : « un virus qui irradiait une inquiétude irrationnelle, constante qui s’infiltrait dans ses pensées, imbibait sa conscience : il n’errait pas seulement la nuit sur le trottoir devant chez elle, mais dans sa tête, à chaque instant de ses journées, sans qu’elle puisse empêcher ces intrusions mentales ». Si je devais retenir la définition de ce qu’est un pervers narcissique, je choisirais celle-là. C’est une invasion, une espèce de schizophrénie qui vous amène à être deux : soi, laminé et l’autre despotique sans que jamais, finalement, vous n’arriviez à anticiper le prochain mouvement sur l’échiquier d’une relation malsaine. C’est ainsi, il n’y a d’autre issue que la fuite en courant, coucher son roi spontanément, se lever et quitter la partie ; je ne crois pas à la guérison de cette construction mentale complètement biaisée.

“Sa production plaintive et acharnée, inflationniste, infatigable, pendant des heures, pendant des heures”

Eric Reinhardt m’a bluffée. Les neuf pages de monologue du mari tordu de Bénédicte Ombredanne sont insoutenables. Je crois devoir préciser que j’ai vécu cet enfer à deux reprises, avec un homme et avec une femme – la perversité narcissique n’a pas de sexe. Ces neuf pages touchent du doigt ce que cela peut être. Être réveillé en pleine nuit par quelqu’un qui vous parle et vous parle et vous parle encore et encore : « sa production plaintive et acharnée, inflationniste, infatigable, pendant des heures, pendant des heures, comme s’il voulait asphyxier son cerveau, le priver de toute lumière, l’amener à expulser la perle de son secret, par épuisement ». On vit un bagne, on le tait longtemps, trop longtemps et le jour où l’on en parle, c’est froidement car le propre de cette relation, c’est que vous trainez toujours une culpabilité ; longtemps, trop longtemps. On ne comprend jamais vraiment comment on a pénétré là-dedans. La faille. Et les regrets exprimés de temps en temps par le mari de Bénédicte Ombredanne, des regrets en plastique, ne changent rien car il reste capable de lui refuser ce qu’elle est en priorité : « toi, tu n’es pas une femme, Bénédicte, je ne sais pas ce que tu es mais tu n’es pas une femme ». C’est un travail de sape au long cours, la longue destruction d’une identité ; d’abord on lutte puis on doute et enfin on finit par acquiescer. De guerre lasse. Aucun combat ne peut être gagné parce que vous opposerez toujours la rationalité face à quelqu’un qui se situe à l’extrême opposée. Et on ne gagne jamais vraiment contre l’irrationnel. On nage toujours en plein délire car l’autre vous accusera toujours de faire, d’être… ce qu’il est. Vous dites que le canapé est rouge, vous savez qu’il est rouge, vous êtes convaincu et le monde est avec vous, mais l’autre vous affirme qu’il est bleu encore et encore et vous finissez par perdre pied sur ce que sont les couleurs. Vos couleurs.

L’erreur magistrale de Bénédicte Ombredanne est de rester. Elle est victime, bien sûr totalement victime, mais elle est surtout victime d’elle-même au final ; victime de la littérature aussi.

Bénédicte Ombredanne n’est en vie qu’en littérature , « malheureusement, la réalité n’est pas tellement généreuse avec ceux qui réclament d’être enchantés ». Elle est capable de s’immerger dans un espace-temps qui n’appartient pas à la vie, mais à la littérature : « Il y a comme ça des jours où ce n’est pas seulement le présent qui semble se consumer, mais une période beaucoup plus vaste, un important morceau d’imaginaire et de promesses », « cette journée du 9 mars est un cercle enchanté, nous resterons tous deux à l’intérieur, intacts, inaltérables, idéalisés (…) ». Les nuits d’enfance et d’adolescence passées à dévorer des livres peuvent être porteuses d’un cataclysme annoncé, une inaptitude au réel, comme si on débranchait la connectique reliée au vécu ou qu’un faux contact s’établissait. Même le « je » du roman – Un Eric Reinhardt – l’établit de la sorte : « Bénédicte Ombredanne était un pur joyau des temps anciens, un pur joyau qui méritait d’être protégé, qui finirait par être élue comme tel par les évènements de sa propre vie ». Sauf que c’est une version idéalisée de celle qu’il rencontre, sauf que l’on ne protège jamais vraiment personne et qu’il y a peu d’élus par la vie. Si l’on attend après elle, on peut attendre longtemps, très longtemps et il vaut mieux s’élire soi-même.

Bénédicte Ombredanne a choisi la littérature plutôt que la vie. Tout finit par se confondre, les auteurs tant aimés, elle-même, la perception des évènements, le Eric Reinhardt de «L’amour et les forêts», les personnages, la fiction qu’il leur prête et celle qu’ils déploient de manière autonome. Son amant idyllique existe-t-il seulement ? Ou est-ce une façon de trouver un second souffle ? Introduire de la littérature de force pour survivre parce que le réel est devenu ou est perçu comme trop aride ? Est-ce cela le début de la mythomanie ?

« C’est environné du réel le plus aride que se déploie le merveilleux »

Le malentendu est de taille : « c’est environné du réel le plus aride que se déploie le merveilleux ». Bénédicte Ombredanne n’aime rien tant que les extractions du réel : Christian, son séjour à la clinique psychiatrique (« elle se débrouillerait bien toute seule pendant quelques jours, la réalité, se disait-elle »), son lit d’hôpital, Villier de L’isle-Adam. Cela crée au sein du roman des décalages ; en effet, il y a toute une partie que je n’ « achète pas ». Je ne crois pas à la rencontre parfaite et sublime avec Christian. Je n’arrive pas à croire qu’un être humain aussi abîmé puisse se jeter à corps perdu dans une aventure avec un parfait inconnu. Je ne crois pas aux réactions de cet homme. Je ne crois pas qu’on puisse se révolter de manière aussi spectaculaire et capituler aussi vite. Il y a des aspects qui me dérangent et Bénédicte Ombredanne n’est pas un personnage que j’aime. J’ai cru un instant que c’était Eric Reinhardt qui avait rendu une copie bancale. Ça m’a presque agacée, mais au fil de ma réflexion, j’ai fini par me dire que c’était intentionnel. Qu’il s’agissait bel et bien d’un roman sur la littérature et que fatalement, c’était encore plus beau d’insérer du romanesque où l’on ne suspend pas son incrédulité, mais qui paradoxalement fonctionne. En tout cas on l’accepte, on l’emmène avec soi pour continuer de lire.«L’amour et les forêts» n’est fait que de ça, des montagnes russes où on lit des séquences presqu’enchantées pour se retrouver nez à nez deux pages plus loin avec une réalité brutale, violente et douloureuse ; une vie rêvée, de celles que l’on croise dans les arts et la vie de millions de femmes engluées dans un quotidien qui les anéantit, de celles que l’on croise dans des chroniques judiciaires. Il y a tout un chapitre complètement déconnecté de l’histoire, on ne sait vraiment ce que c’est – probablement relié à Villiers de L’isle-Adam – qui intervient à un moment-clé du roman : la tentative de suicide de Bénédicte Ombredanne. La littérature, oui, le romanesque remplit, remplace le champ de la mort. Un genre de mise en abîme, de la littérature dans de la littérature.

Il y a cumulation de styles dans «L’amour et les forêts». La séquence Meetic est hilarante, enlevée avec un rythme sec et rapide. Le monologue du mari, un genre de “sniper sous cocaïne” qui tue à coup de « Tu ». La promenade au XIXème siècle est délicate et surannée. La tragédie de la fin, terriblement quotidienne et factuelle. Eric Reinhardt est un virtuose, le destin de Bénédicte Ombredanne se déroule inéluctablement, entre quelques répits et climax et le plaisir de l’écriture en filigrane. Surtout, surtout, c’est merveilleusement écrit.

« Suis-je un rêve ? De quel autre personnage chaque personnage de ce roman est-il le songe, l’hypothèse cauchemardesque, l’espoir, l’intime frayeur ? »

Le ton est donné avec la confession d’un Eric Reinhardt : « suis-je un rêve ? De quel autre personnage chaque personnage de ce roman est-il le songe, l’hypothèse cauchemardesque, l’espoir, l’intime frayeur ? (…) Ce que mon livre démontrait, c’est qu’en superposant des morceaux de vie divergents, en agençant les pièces de différents puzzles, on peut voir surgir malgré tout un être en trois dimensions, sans trop de trous, même si des fêlures restent perceptibles à la jonction approximative des fragments, je la cite ». C’est presque tout ce qu’on devrait dire sur son livre. Nous assisterons donc aux destins ratés de Bénédicte Ombredanne. Qui n’a pas un moment, une période de sa vie qui ne lui ressemble pas ? Quelque chose qui nous a échappé sans que l’on puisse affirmer de manière péremptoire, c’est un accident, ça ne me ressemble pas … L’un des destins ratés c’est la révolte soudaine de notre héroïne. Elle gisera là. L’inscription sur Meetic qui aurait pu la remettre en selle, la vie, mais qui s’arrêtera net dans une maison dans la forêt. Pauvre Bénédicte qui croit que donner une saveur au temps permet de ne pas avoir « l’impression que la vie me file entre les doigts, et qu’elle me file entre les doigts parce que j’aurais été passive, ou n’aurais pas accordé à son contenu toute l’attention qu’il aurait fallu. Car c’est ça ma grande terreur, c’est que ma vie s’écoule inutilement comme de l’eau du robinet qu’on a oublié de fermer (…) ». Mais vivre, ce n’est pas être attentif, en tout cas pas que ça, il faut oublier de l’être pour jouer la partie.

« Le mensonge peut prendre le nom de l’amour ». Bénédicte Ombredanne ment comme elle respire, même si c’est pour de nobles intentions. Elle ment au monde, présentant la façade lisse d’un couple sans histoires, elle ment aux psychiatres pour pouvoir rester en dehors du réel, à l’intérieur de la clinique psychiatrique : « Au lieu de quoi, composant des silences calculés, des prostrations trompeuses, des regards fixes mouillés de larmes appuyés sur les murs, elle créeait pour le psychiatre une manière de trompe-l’œil insondable, faussement pathologique ». Mensonge encore ou copie apprise par cœur, lors du laïus féministe à sa fille. Elle n’arrive à s’aimer qu’en dehors du monde, l’extérieur comme une contrée hostile à ses rêves. Elle n’envisage sa relation avec Christian (s’il existe vraiment…) que cloîtrée dans quelques heures, quelques mètres-carré, une lisière, une échappée belle, pas comme un début de vie à deux. Elle ment aux autres comme elle se ment à elle-même, ensevelie sous la fiction : « mais c’est qu’alors elle serait prête à changer radicalement de vie, parce qu’elle aurait franchi dans son être des distances considérables, découvert de nouveaux paysages, pris ses marques dans d’inédites visions d’elle-même, mis au point de nouveaux dosages des ingrédients qui constituaient la formule un peu complexe et embrouillée, pas tout à fait convaincante, de sa personnalité, de sa présence au monde, depuis toujours ». Sauf qu’aucune vision à venir de soi n’amènera la révolution. La vie n’attend pas, c’est un robinet qui fuit.

« Elle était hémiplégique mais dans sa tête, à travers sa perception de la vie et du monde : la moitié d’Elisa était morte, inhumée dans la terre de ses souvenirs »

La réalité si tant est que ça existe de Bénédicte Ombredanne se situe dans les quelques phrases accordées à Elisa, une rencontre dans la clinique psychiatrique : « Elle était hémiplégique mais dans sa tête, à travers sa perception de la vie et du monde : la moitié d’Elisa était morte, inhumée dans la terre de ses souvenirs ». C’est d’elle dont elle parle finalement, à moitié morte et inhumée dans la terre de 1992. Bénédicte Ombredanne, personnage de fiction perd son nom à la fin du roman, devient enfin Bénédicte dans les propos de sa sœur. C’est à ce moment-là que l’illusion disparaît et que l’on touche du doigt les trois dimensions : « elle était joyeuse et pleine de vie, elle adorait s’amuser et ce côté aventureux et intrépide qu’elle pouvait avoir les attirait. Rien à voir avec la Bénédicte qu’elle est devenue par la suite, ni avec celle que vous avez connue, Eric ». Comment renonce-t-on à soi de chair et de sang au profit d’un soi de rêve et de fiction ? Mais quelques lignes plus loin : « du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours connu ma jumelle inquiète et angoissée, idéaliste, terriblement exigeante vis-à-vis des autres et d’elle-même, tourmentée par la peur de ne pas accéder plus tard à la vie dont elle rêvait (…) D’une certaine façon, Bénédicte avait sacralisé sa vie et le réel, elle avait un sens aigü du sacré et de l’instant présent : elle attendait de l’instant présent qu’il la conforte dans la sensation que sa vie était belle et qu’elle avait du sens, et c’est parce qu’elle sentait que sa vie était belle et qu’elle avait du sens qu’elle parvenait à déceler dans l’instant présent des beautés que personne d’autre ne percevait ». Une erreur de jugement, de jeunesse, « un cataclysme », quelque chose qu’elle considérera comme un échec absolu l’abattra et elle ne s’en remettra jamais. Elle se livrera à un homme qu’elle n’aimera jamais vraiment et il la maltraitera psychologiquement, suffisamment “fin psychologue” qu’il est pour deviner qu’elle se laissera faire puisqu’elle a décidé qu’elle resterait à terre. La vie et elle, déclarées coupables. Qu’est-ce que ça dit sur l’orgueil démesuré de Bénédicte Ombredanne ? Orgueil qui lui coûtera la vie au sens figuré comme au sens propre ?

Si elle a « vraiment » explosé, si elle a vraiment mis une « raclée » psychologique à son pervers narcissique de mari, elle a raté sa sortie car son orgueil, sa peur du réel, ses années de construction d’une fiction maritale l’ont aveuglée. Ce n’est pas le tout de quitter un pervers narcissique, on ne sort de rien, non, il faut s’attaquer au véritable coupable finalement : la faille en soi. Celle qui permet l’invasion. Si on ne déconstruit pas patiemment les leviers qui font de sa vie un champ de bataille de sa propre identité, le scénario se répètera encore et encore. Ça ne suppose pas que l’on ne soit pas victime, mais on est surtout victime de soi, d’une enfance, d’un traumatisme, d’une éducation, de fragments de soi trop fragiles.

Je le sais parce que je le fais encore dix ans après…

« L’amour et les forêts » fut douloureux à lire, racheté par la grâce de l’écriture, le prodige de la perception ; j’ai pleuré en refermant ce roman, sans avoir lu les quinze dernières pages. Je ne les ai toujours pas lues car une fiction ne remplacera jamais une vie pour moi. C’est insuffisant. Trop cher payé. Dans ce roman, avec la mort, la fiction revient.

«Elle ne voulait plus vivre, elle voulait fuir la vie (…) Elle est morte de désolation. Asphyxiée »

Pour moi, Bénédicte Ombredanne est une créature effrayante, presque monstrueuse, à deux têtes, celle de ma mère et la mienne, un genre d’ Hydre de Lerne en quelque sorte. C’est vertigineux et terrifiant. Lorsque j’ai atteint la dernière partie du livre, j’étais parfois au bord du malaise. Ma mère parce qu’ «elle ne voulait plus vivre, elle voulait fuir la vie (…) elle n’avait pas d’autre choix que de mourir, j’en ai acquis la conviction, c’est pour moi une évidence. Soit en se suicidant, ce qu’elle n’aurait jamais eu le courage de faire, soit en développant une maladie incurable (…) Elle est morte de désolation. Asphyxiée ». Même résultat, alors que les causes sont différentes. « Bénédicte est morte neuf mois plus tard, le 27 janvier 2011 ». Ma mère est morte neuf mois après l’annonce de son cancer qu’elle a souhaité comme une bénédiction. Comme une libération. Comme Bénédicte à la différence près que cette dernière mourra dans une solitude atroce et que même au-delà toute compassion lui sera refusée. Combien de femmes accouchent-elles de leur propre mort ? Il y a aussi un parallèle, certes ténu, dans les rapports entre Bénédicte et sa fille et moi et ma mère : si les deux premières se haïssent à la fin, je dois bien avouer que mes rapports avec ma mère n’ont pas été sereins. J’étais encombrée par sa maladie, je l’ai quasiment considérée comme morte dès le départ et je n’oublierai jamais cette scène où elle s’est mise à hurler comme une damnée qu’elle savait parfaitement qu’elle me dégoûtait. C’était vrai. Et c’était faux. Maman, comme Bénédicte, avait le discours féministe fluide, la pratique quelque peu différente. Toutes deux ont été professeures de français, l’amour des livres en bandoulière. Il y a même cette toute petite chose glissée p 332 « On ira enfin à Madagascar toutes les deux ». Maman a vécu pendant quinze ans là-bas et je soupçonne qu’elle y fut très heureuse. Imagine-t-on à quel point je fus troublée ? Et il y a moi. Moi et la fiction, moi et un parcours de victime de pervers narcissiques. Je l’ai vécu à mon tour ce moment que Bénédicte vit « quand elle se vit en personne au milieu du rond-point, vivante, mais absorbée par la sculpture, inscrite dans son acier, prisonnière de son oxydation, hideuse et repoussante (…) Quelque chose bougea dans son mental, un déclic se produisit dont elle n’eut pas conscience immédiatement, ni dans les heures qui suivirent ». Je suis partie, Bénédicte est restée. Je partage avec elle aussi la passion de la littérature et ce plaisir quasi charnel avec l’écriture, l’envie ratée de mourir aussi. La rêverie peut-être. Mais il y a quelque chose au fond de moi, quasi reptilien, qui l’emporte sur tout le reste : un solide instinct d’autoconservation. Quelque chose d’animal qui faisait défaut à Bénédicte Ombredanne. Elle n’est ni de chair ni de sang, elle est de papier et d’encre, parce qu’elle est certes un personnage, mais que le dit personnage est bien constitué de ça.

La littérature est un cadeau merveilleux, quelque chose que nous les humains avons volé aux cieux mais cela peut être un poison, une terrible malédiction. Qui se laissera enivrer par la chimère des mots, fuyant le réel, laissera s’écouler sa vie sans la vivre comme une démission. Mais la littérature, c’est aussi au fil des mots sur une page, lire la reconnaissance de ce que l’on a vécu et se prendre en pleine figure ce dont on a honte. « L’amour et les forêts » réussit à nous faire toucher du doigt le souffle de la littérature,

Pour le meilleur et pour le pire.