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1501) Richard Dawson – “Nothing Important” (Julien Lafond-Laumond)
Extrait de “Nothing Important” – 2014 – Folk
On aurait tendance à oublier que le folk est une discipline qui peut aussi s’avérer âpre et difficile. Qu’il n’est pas forcément synonyme de douceur et de connivence affective. Avec Richard Dawson, on ne risque pas de faire l’erreur : sa musique impressionne, violente et déstabilise plus que n’importe quelle autre dans le genre. Son folk, qu’il définit comme une « musique rituelle communautaire », ne fait aucune minauderie. La guitare sonne dure, les lignes de voix s’emportent, les textes s’obscurcissent et les structures s’allongent. Seuls les plus téméraires suivront.

Who cares2) Jessica93 – “Away” (Anthony)
Extrait de “Who Cares” – 2013 – Une autre French Touch
Francilien au pseudo tout droit sorti d’un Skyblog, Jessica93 donne pourtant bien plus dans la Coldwave la plus dark  que dans l’avis circonstancié sur les us et coutumes de Marseillais ou de Ch’tis aperçus dans d’éclairants programmes de télé-réalité. Accompagné d’une boîte à rythme sortie de la cave (ou rachetée lors du vide-grenier des parents des musiciens de Sisters Of Mercy), Geoffroy Laporte aime la boucle de guitare cinglante et malade, renvoyant aux plus sombres et belles (belles ?) heures du “Pornography” de The Cure. Ambiance claustrophobe, lancinante, stridente : un régal pour qui aime le noir.

dusty-springfield_spooky3) Dusty Springfield – “Spooky” (Arbobo)
Extrait de “How can I be sure” – 1970 – Soft groove
Belle à faire peur. Dusty Springfield méritait bien mal ce prénom poussiéreux, elle dont la crinière incandescente trouva plus sa place dans la Memphis de la grande époque, pour un live/album de légende, que dans son Angleterre natale. Belle à faire peur, c’est le combo idéal d’une ado, ou mieux encore d’une jeune mère, pour un soir d’Halloween. Pour peu qu’elle pose quelques accords sur l’orgue familial et des choses étranges peuvent se produire. Souvent, j’ai en tête ce titre, “Spooky”. Parfois l’original bien troussé par les Classic IV, et le plus souvent la version de la plus ensorcelante des sorcières modernes, Lydia Lunch, gravée au crépuscule du punk sur son fameux “Queen of Siam”. Méconnue en France, cette chanson est pourtant inratable, excellente dans toutes ses déclinaisons. Celle de Dusty, posée en face B d’un obscur 45 tours en 1970, aura finalement eu plus longue vie que sa face a (“How can I be sure”). Sweets or treats ! Les face B, c’est comme les clauses d’assurance écrites en bas en petit caractère. Méfiez-vous !

TheCallstore_1504) The Callstore – “The Letting Go” (Marc Mineur)
Extrait de “Save No One” – 2014 – Héroïsme Discret

On le sait, une belle voix, ça va avec tout. On sait très peu ce qui se cache derrière celle-ci, sinon que c’est celle d’un Français installé à Londres qui sort son premier album chez Talitres tout en se demandant s’il a envie de se lancer dans le cirque du show-business. Et c’est très bien comme ça, basse et chaude comme celle de Matt Berninger (The National), elle reste évocatrice tout au long d’un magnifique album dont est tiré cette balade qui n’a qu’un but : vous hanter.

BBXmasCover5) The Beach Boys – “Little Saint Nick” (Isabelle Chelley)
Extrait de “The Beach Boys’ Christmas Album” – 1964 – Surf de Noël
J’ai un gros faible pour les albums de Noël. Oui, même pas honte. Et un faible encore plus gros pour les Beach Boys. Alors, fatalement, lorsqu’on réunit les deux, c’est l’extase, avec une pointe d’ironie, rien qu’à l’idée d’imaginer les joyeux plagistes chanter la neige, les sapins et le barbu en traîneau… Mais à l’inverse de beaucoup de disques de Noël aussi indigestes qu’une bûche à la dinde au foie gras nappée de marrons, celui-là reste avant tout du pur Beach Boys. Et cette chanson-là en particulier me réjouit, avec son refrain clin d’œil (“Run run reindeer”), ses harmonies vocales aériennes et ses arrangements mi-surf, mi-Noël. A écouter impérativement lorsqu’il fait nuit à 17h, que le thé ou le grog peinent à réchauffer les extrémités et que l’envie de soleil se fait sentir…

Arthur_Russell_-_Calling_Out_of_Context_cover6) Arthur Russell – “The Platform on the ocean” (Laura Fredducci)
Extrait de “Calling out of Context” – 2004 – Homme-orchestre
Il y a dans cet album posthume de quoi vivre en apnée pendant quelques longues journées. Après sa mort du sida en 1992, quelqu’un dit d’Arthur Russell “ses chansons étaient si personnelles qu’il semble qu’il s’est simplement évanoui dans sa musique”. Si je garde encore un peu la tête sous l’eau, je le croiserai peut-être.

7) Deerhoof – “Last Fad”  (Benjamin Fogel)Deerhoof
Extrait de “La Isla Bonita” – 2014 – Weird Indie Rock
En douze albums, Deerhoof aura souvent eu l’occasion de décevoir, de se répéter, voire de s’auto-parodier. A force de toujours vouloir sonner différent, de toujours proposer des chansons qui prennent le contre-pied, le groupe aurait facilement pu devenir une parodie art pop. Pourtant la bizarrerie n’a jamais pris le pas chez eux sur l’envie et la générosité. Peu de musiciens arrivent à trouver cet équilibre entre une musique exigeante et surprenante, et un état d’esprit où prime le plaisir simple de jouer des chansons fun, accrocheuses dans le bruit comme dans le silence.

pole8) Pole – “Heim” (Christophe Gauthier)
Extrait de “1 2 3” – 2000 – Glitch
En matière de musiques électroniques, je suis un peu une buse. Et j’ai tendance à m’enticher pour le moindre truc que je découvre, même s’il n’est plus de toute première fraîcheur. Exemple : Pole. Il y a seulement deux semaines, je ne connaissais rien de ce musicien allemand (Stefan Betke à la ville) ni de ses disques mêlant glitch, dub et ambient. Aujourd’hui je peux me passer en boucle ses morceaux peuplés de souffles, de craquements et de chuintements, spasmes sonores produits par un vieux filtre analogique victime d’une chute malencontreuse. “Heim”, bonus track ajouté à la compilation de ses trois premiers albums, est un bel exemple de ce savoureux mélange déglingué.

Broken_Twin_-_May9) Broken Twin – “Roam” (Alexandre Mathis)
Extrait de “May” – 2014 – Folk aérienne
Je suis caché derrière mon écharpe. J’ai besoin de chaleur. Ça tombe bien, la délicieuse et printanière Broken Twin m’apporte cette dose d’exaltation. Pourtant, c’est le grand froid qui guide ses notes : Majke Voss Romme est danoise. Un piano, une voix, quelles discrètes percussions et l’évidence même de la nécessité de se laisser lover. “Roam”, c’est le rayon de soleil de 17h, déjà un peu glacé, mais qui fait du bien.

R-2953-1349619437-4732 10) DJ Sneak – “You can’t hide from your Bud” (Marc di Rosa)
Extrait du maxi “You can’t hide from your Bud” – 1997 – House
La sortie du film Eden de Mia Hansen-Løve a été l’occasion pour de nombreux médias d’évoquer le souvenir et les histoires de la French Touch. Un courant musical français qui produisait de la house samplée et filtrée et dont l’un des héros était… un américain d’origine portoricaine, DJ Sneak. Auteur du classique “You can’t hide from your Bud”, paru en 1997 sur le label… Classic, Sneak s’illustre sur ce morceau par sa maîtrise des montées en tension et des variations de filtres. Les Daft Punk lui rendront hommage sur leur morceau Teachers – DJ Sneak est le troisième nom cité au début du morceau.

hail-to-the-thief11) Radiohead – “I will (Los Angeles version)” (Thomas Messias)
Extrait de “Hail to the thief” – 2003 – Little babies eyes
Je me souviens assez peu de mes cauchemars, et croyez bien que je le regrette. Pourtant, en novembre, il m’est arrivé de me réveiller avec des bribes de souvenirs. Dans l’un de mes rêves, j’arpentais les cases multicolores de la pochette de l’album “Hail to the thief” comme un rat de laboratoire pris dans un labyrinthe dont il ne sortira jamais. Devenu soudain minuscule, j’observais les immenses lettres remplissant chacune des cases, sans parvenir à comprendre le sens des mots pourtant simples qu’elles finissaient par composer.
Ce matin-là, j’ai eu envie de replonger dix ans en arrière et d’écouter en boucle “I will” dans sa version alternative, la voix démultipliée de Thom Yorke me permettant de prolonger ce cauchemar étrangement attirant.

taylor-swift-198912) Taylor Swift – “Blank Space” (Lucile Bellan)
Extrait de “1989” – 2014 – Pop

Malgré le fait que cela fasse des années que je ne suis plus l’actualité musicale que d’un oeil, je n’avais rien raté des polémiques/déboires amoureux/amitiés people de Taylor Swift. Sans en écouter un album jusqu’à maintenant, je dois bien l’avouer. Et puis là, je ne sais pas. Il aura “seulement” fallu que je découvre le clip de Blank Space et que le retrait de l’album de la plateforme Spotify me pousse à faire ce que je n’avais pas fait depuis au moins 5 ans : aller à la FNAC pour acheter le CD. Un vrai CD avec une pochette et une petite enveloppe à l’intérieur avec de faux polaroïds (plus-value du support matérialisé). Depuis, il ne me lâche plus et je dois confesser que je connais même les paroles de “Wildest Dream” par coeur. En plus des combats féministes, de sa volonté de se démarquer des chemins tracés par les majors et le public, Taylor Swift a, avec “1989”, définitivement conquis la planète… et mon cœur.

R-2521017-130422625413) Tshetsha Boys – “Nwa Pfundla” (Nathan)
Extrait de “Shangaan Electro – New Wave Dance Music from South Africa” – 2010 – Shangaan Electro
Le Shangaan Electro est ma nouvelle passion. Découvert par l’intermédiaire d’un remix de Theo Parrish, ce titre obsédant m’a ouvert les portes du Shangaan Electro. Cette musique ultra répétitive et ultra rapide vient des townships de l’Afrique du Sud. Ce Shangaan revisité, ce sont les traditions et les mythes des villages balancées sur des synthés aussi cheap qu’entêtants. On y ajoute une danse traditionnelle assez folle et des masques et déguisements terrifiants, et voilà le Shangaan Electro, le nouvel ami de tes nuits. D’ailleurs, les merveilleux Honest Jon’s en ont fait un double LP indispensable.

Beats of Bourbon14) The Beasts of Bourbon – “Psycho” (Thierry Chatain)
Extrait de “The Axeman’s Jazz” – 1984 – Country blues taré
Il y a des moments d’intense frustration où j’aurais envie de tuer quelqu’un comme ça, juste pour me défouler, évacuer la tension. Mon surmoi ne me le permettant pas, à défaut, j’écoute des murder ballads gratinées, de préférence écrites du point de vue du tueur. Et dans le genre, j’éprouve une tendresse particulière pour le “Psycho” de Leon Payne (l’auteur du “Lost Highway” de Hank Williams). Particulièrement dans cette version australienne – mais néanmoins strictement gothique sudiste – étranglée de slide ectoplasmique, et plus encombrée de cadavres qu’une scène de théâtre à la fin d’une tragédie shakespearienne. Pas à dire, ça fait du bien.

seven-idiots15) World’s End Girlfriend – “Bohemian Purgatory Part 2” (Dat’)
Extrait de “Seven Idiots” – 2010 – Japonaise cathédrale
Il y a des soirs où tu as besoin de belles choses. De l’amour, de la mort, un truc qui éclate le cœur, donne de la joie et fait chialer. Parce que comme l’avenue, la vie est ambivalente, elle mélange tout, orgie d’émotions à t’en faire vomir de dégoût. Parce que les changements sont incessants, parfois calculés, souvent imprévisibles, régulièrement déchirants. Tu ne sais jamais ce qui va t’arriver dans la tronche, une bonne nouvelle, un drame, une mort, une naissance. La vie, ça rit et ça pleure, c’est comme World’s End Girlfriend. Alors plutôt que de constamment naviguer entre enfer et paradis, on se délecte, pour une fois, d’être coincé au purgatoire. Et on écoute docilement ce condensé ahurissant de 10 minutes, cette fresque qui te montre tout ce qui se passe dans ton cerveau en l’étalant tranquillement dans tes oreilles. C’est le bordel, mais c’est beau. Comme la vie.