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Sufjan Stevens01. Sufjan Stevens – All of me wants all of you (Anthony)
Extrait de l’album “Carrie & Lowell” – 2015 – Incontournable
Restant régulièrement sur le bord de la route empruntée par Sufjan Stevens quand celui-ci décidât de sillonner les états d’Amérique à travers des albums conceptuels un poil trop ampoulés pour moi,  je n’accordai qu’une attention modérée à ce nouvel opus. Jusqu’à me faire rattraper par le buzz planétaire sur la beauté de celui-ci… Dont acte : il est sublime. A prendre des chemins de traverse pour éviter sa propre intimité, Sufjan Stevens semblait tourner autour des sujets qui touchent. Sa mère, absente, dépressive, morte en 2015 d’un cancer de l’estomac, donne au grand ado de 39 ans l’occasion de proposer 11 chants élégiaques, le plus souvent poignants, dans une forme de proximité, parfois, avec Elliott Smith, un autre grand écorché (sans mauvais jeu de mots). Je me joins donc à la cohorte d’avis dithyrambiques sur ce disque majeur.

02. Dominique A – Central Otago (Benjamin)dominique_a_eleor
Extrait “Éléor” – 2015 – Chanson française
Avec le temps, La musique / La matière s’est imposé comme mon album préféré de Dominique A. C’est un disque dont je me sens physiquement proche, mais dont de nombreuses chansons me paraissent venir de l’autre bout du monde. Suite à la publication de Vers les lueurs, je ne pensais plus forcément retrouver chez Dominique A cette capacité à raconter des histoires à la fois ultra réalistes et comme issues d’un conte. Pourtant c’est exactement ce que propose ce magnifique disque qu’est Éléor, au travers de chansons comme Central Otago et de son goût pour les régions nordiques.

81y-EsMYvLL._SL1500_03. Julien Doré – On attendra l’hiver (Alexandre Mathis)
Extrait de l’album “Løve” – 2013 – Chanson merveilleuse
C’est arrivé comme un coup de poignard. J’avais écouté sans grande attention le bel album de Julien Doré. Et puis, cette chanson m’a cloué. Dans On attendra l’hiver, j’ai soudain reçu en pleine gueule tout ce que j’aurais aimé déclamer aux femmes que j’ai aimé, que j’ai laissé tomber ou qui m’ont laissé tomber. Cette chanson me plonge dans une piscine glaciale dont je ne suis jamais sûr de ressortir vivant. C’est fou comme une phrase peut vous trotter en tête pendant des journées entières : “que c’était long hier, que c’était long de s’attendre.” J’attends encore demain. Être à demain et espérer.

The Rapture - In The Grace Of Your Love04. The Rapture – How Deep Is Your Love? (Christophe Gauthier)
Extrait de “In The Grace Of Your Love” – 2011 – Electro-disco-postpunk-etc.
Quelques jours durant, c’était devenu une habitude : un peu avant 7 h du matin, l’antenne de France Info perturbée par la grève passait The Rapture. Le premier jour, je me suis souvenu de ce que je n’avais pas aimé dans How Deep Is Your Love? à sa sortie : le synthé à deux balles, les boucles mal dégrossies, la voix nasillarde de Luke Jenner, le côté sous-LCD Soundsystem. Le deuxième jour, j’ai commencé à taper du pied en rythme. Le troisième et les suivants, j’étais quasiment en train de danser en préparant mon café. Ce morceau est un fabuleux coup de pied au cul pour les matins mous. J’aurais pu carburer à ce régime-là des jours durant… et puis France Info a modifié sa playlist et a commencé à passer Zazie un peu avant 7 h.

Bad_reputation_-_joan_jett,_198105. Joan Jett – Bad Reputation (Isabelle Chelley)
Extrait de l’album “Bad Reputation“ – 1981 – Rock
S’il existait une rockeuse Playmobil, elle aurait les traits de Joan Jett. Et je le dis avec beaucoup d’affection, puisque, depuis qu’elle a quitté les Runaways, premier groupe de rock féminin managé par ce vieux maquereau de Kim Fowley, la fille cachée de Suzi Quatro et de Gary Glitter est restée fidèle à son image à la limite du stéréotype – eyeliner, cuir et cheveux noirs. Même chose, côté musique. Des décennies qu’elle mélange glam, rock’n’roll et punk, sans dévier de sa voie, peu importe les modes. C’est cet acharnement, ce côté obsessionnel que j’aime chez elle. Et le fait que personne ne la prenne tout à fait au sérieux, même si elle a coécrit Cherry Bomb (entre autres), premier manifeste des bad girls, a fondé un label, est musicienne, actrice à ses heures, productrice… Elle reste imbattable en matière de morceau jubilatoire, comme ce fabuleux Bad Reputation dont je ne me lasserais jamais, tant que j’aurai en moi l’envie de dire merde à tous ceux qui trouvent mes jupes trop courtes et mon addition au bar trop longue. Merci, Joan.

Iggy_Pop_-_The_Idiot06. Iggy Pop – Sister Midnight (Thierry Chatain)
Extrait de l’album “The Idiot” – funk froid – 1977
En virée à Bruxelles, en plein trip vinylique de retour aux fondamentaux, je me suis offert à l’insu de mon plein gré une palanquée de contrefaçons prises pour des rééditions. Des Bowie faussement hispaniques, un premier Velvet déséquilibré où Heroin clôture la face A. Et, les pirates ne respectant vraiment rien, un The Idiot où est oublié ce Sister Midnight. Un titre que Bowie avait commencé à écrire en tournée avec Carlos Alomar, et qu’il se réappropriera en l’intitulant Red Sails. Parce qu’une chanson de ce calibre, un des sommets de funk roide du Thin White Duke, ne s’abandonne pas comme ça, même à son pote de réinvention berlinoise. En attendant, l’idiot, c’est moi…

07. Wire – “Harpooned” (Marc Mineur)Wire-150
Extrait de “Wire” – 2015 – Rock iconique
Juste pour rire, vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes pertinents 38 ans après la sortie de leur premier album, qui produisent encore pour autre chose que pour repartir en tournée ? Au-delà de l’aberration statistique et du défi lancé au temps, Wire a toujours eu une place à part. On retrouve en effet bien plus de traces de leur œuvre dans la musique contemporaine que de bien des dinosaures pourtant plus connus. Alors qu’ils ne se réfèrent qu’à eux-mêmes, se lancent dans de longs morceaux intenses alors qu’ils ont pu en boucler après 28 secondes. Le plus grand paradoxe du rock semble increvable.

coast08. Sun Hotel – Voodoo You (Thomas Messias)
Extrait de “Coast” – 2010 – Folk rock
Toujours cette bande originale de The Battery qui me poursuit comme la horde de zombies mous errant dans ce film méconnu, me forçant à écouter encore et encore des groupes tels que Rock Plaza Central ou Sun Hotel, qui auraient probablement bouleversé mon adolescence et ma mélomanie s’ils avaient existé à l’époque désormais révolue de mes quinze ans.

09. New Musik – Warp (Julien Lafond-Laumond)alm43442
Extrait de l’album “Warp” – 1982 – Synth-pop
Comme pour n’importe quel courant au succès fulgurant, la synth-pop a eu ses laissés-pour-compte. Il n’y avait pas de place pour tout le monde dans son panthéon. New Musik en a fait la triste expérience. Le talent et les idées ne leur ont pas suffi, il leur a manqué chance et clairvoyance. Du reste, vingt après, leur musique sonne toujours aussi fraîche et décomplexée. Warp est le parfait résumé de leur approche : un tube obscur au thème obsédant, au potentiel dingue, et puis quelques idées de production qui foutent tout en l’air, comme ces breaks bizarres et cette fin abominable. Un bel exercice de sabotage, en somme.

a1503734960_210. Toby Foster – Tennessee (Nathan)
Extrait de l’album “Theo Hilton, Toby Foster and Ryan Woods” – 2010
Deux de mes chansons préférées s’appellent Tennessee. Après celle des Silver Jews, il y a cette magnifique chanson de Toby Foster. Je cherche donc toutes les chansons avec le mot Tennessee dedans, bien conscient du risque de tomber sur du Johnny Hallyday.

pauline-drand-EP-201511. Pauline Drand – Des faons et du vent (Arbobo)
Extrait du EP “Pauline Drand” – folk dérangée – 2015
Il doit y avoir du beau linge sur les étagères de Pauline Drand, et on gagerait aussi dans sa garde robe. La croiserait-on un matin avec un t-shirt à l’effigie de Robert Smith qu’on ne serait pas plus surpris que ça. Et pas plus de la voir le soir parée d’un portrait de Brigitte Fontaine, celle de 1975 qui nous emportait dans Les vergers. Un bel air frais virevolte entre les pommiers.

12. Galcher Lustwerk – Come Over (Laura Fredducci)ra405-galcher-lustwerk-cover
Mixtape – 2014 – deep house
Une musique tranquille et obsédante sur laquelle on ne danse pas vraiment, on tangue, comme avec des rollers au pieds, quand le soleil et le vin tapent trop fort.