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01. Nine Inch Nails – Right Where It Belongs  (Olivier Ravard) iPad Wallpaper Template
Extrait de l’album “With Teeth” – 2005 – Industriel acoustique car oui c’est possible
Une grande chanson qui tient sur 6 notes de piano. Une nappe distordue brouille le fond. La voix de Reznor, presque apaisée. Une ballade. Une histoire d’animal en cage et de miroir qui craque. Une histoire de reflets. Et si on s’était trompé ? Et si on ne voulait pas voir ? Et puis les questions s’évaporent. C’est beau comme une larme qui coule. Unique et discrète. La dernière.

charlie_byrd-blues_for_night_people02. Charlie Byrd – Blues for night people (1st show) (Arbobo)
Extrait de “Blues for night people” – 1957 – Jazz blues
Mon plaisir chez lui, quand il faisait trop froid pour profiter de la piscine, c’était de fureter dans ses disques. A l’époque, sa belle voix grave parlait de jazz à la radio locale, Radio Niort, toutes les semaines. Je me sentais encore trop étranger à cette musique là, encore gamin, pour en écouter autant d’un coup. Mais chez lui, entre un disque de Ahmad Jamal et un autre de Chet Baker, je repartais parfois avec un 33 tours que j’enregistrais sitôt arrivé à la maison. C’était un peu un rituel du dimanche après-midi. Plus tard, j’étais ado quand je venais le voir pour parler d’écriture, avec ce dandy érudit qui acceptait de partager avec moi, d’égal à égal, les difficultés d’écrire. Jusqu’à ce qu’internet permette de faire resurgir la moindre rareté, ma vieille cassette Maxell UDII était un trésor, j’étais l’un des rares, si rares, à pouvoir écouter cette session solo du génie de la guitare Charlie Byrd, célèbre pour avoir importé la bossa nova aux USA avec Stan Getz, mais méconnu pour ses blues profonds et bienfaisants. Ce soir mon père a perdu son plus vieil ami, le plus cher, le plus fidèle, et je ne sais pas si je pourrai un jour l’en consoler. Je ne sais dire ce que je viens de perdre ce soir, mais je sais quelle place il laisse vide. Peut-être que ça sert à dire ça, le blues. Je t’aimais, Philippe.

playlist mai 201503. Bruce Springsteen – If I Should Fall Behind (Alexandre Mathis)
Extrait de l’album “Lucky Town” – 1992 – Rock
Certes, le mois de mai n’est pas le milieu d’année civile, mais puisque c’est celui de mon anniversaire, j’ai l’habitude de tirer un premier bilan. Cette année plus encore qu’à l’accoutumée, j’y vois ce que j’ai réalisé, ce qu’il me reste à faire, je scrute les gens autour de moi, je refonde un cocon pour me sentir plus que jamais vivant. Assez naturellement, la balade rock de Springsteen If I Should Behind est venue comme une bande son idéale, un compagnon de voyage. Gorgée de soleil, teintée de mélancolie et de promesses, cette chanson résonne à la fois comme un appel à prendre le large et comme le bonheur de se mirer dans les yeux des gens qu’on aime. Dans le prochain Pixar, Inside Out (présenté en mai au festival de Cannes – tout se tient), le studio explore la création de la nostalgie au sein d’un voyage intérieur. If I Should Fall Behind aurait aussi pu être leur bande-originale.

04. Tom Waits – Chocolate Jesus (Nathan)
Extrait de l’album “Mule Variations” – 1999 – Blues bigot et chocolaté
On a revu Tom Waits en direct à la télé. Il chantait une nouvelle chanson, la voix plus caverneuse que jamais. Il a pris un sacré coup de vieux, mais l’humour et le talent transpirent dans chaque phrase et mélodie. C’était déjà chez Letterman, en 1999, que Waits nous chantait son Chocolate Jesus. Criant dans un mégaphone sur des accords rudimentaires de banjo une métaphore hilarante entre confiseries, chocolats et religion, Chocolate Jesus résume assez bien le personnage, entre tradition blues, excentricités sonores et ironie imparable.

fi_know_you96c23d13cfb8b9a17bf66f05. The Gories – Hey, Hey, We’re the Gories (Isabelle Chelley)
Extrait de l’album “I Know You Be Houserockin’” – 1994 – Garage soul groovy de Detroit
Une fois de plus, je redécouvre un groupe par le biais du live. Vendredi soir à Villette Sonique, le trio de Detroit m’a foutu une bonne grosse claque. Parce qu’ils sont rares, les groupes capables de mélanger aspects bruts de décoffrage, limite primitifs et groove, sens de la mélodie, soul et intensité, et, en prime, de pouvoir reprendre tout, des Coasters à Suicide, avec le même brio. Ce morceau-là sonne comme un clin d’œil à la pop sixties manufacturée (au hasard, Hey Hey We’re The Monkees, thème de la série des Monkees, réponse préfabriquée américaine aux Beatles), revu et corrigé par des fans des Cramps. Et c’est aussi le genre de chanson fourbe qui se loge dans le cerveau en une écoute pour ne plus en partir…

Roisin Murphy 15006. Róisín Murphy – Exploitation (Marc Mineur)
Extrait de “Hairless Toys” – 2015 – House de salon
Il a fallu que Moloko se sépare pour qu’on découvre à quel point ils nous étaient essentiels. Depuis, Roisin Murphy trace son chemin, ou plutôt prolonge celui de ses collaborateurs. Après un premier album excitant avec Mathew Herbert, elle est rentré dans le rang le temps d’Overpowered avant de revenir à l’avant-plan célébrer l’underground disco-house new-yorkais. Le point d’orgue d’Hairless Toys est sans doute ce long et gentiment délirant Exploitation qui rappelle que la folie de l’Irlandaise n’est pas toujours discernable au premier coup d’oeil.

Twerps07. Twerps – Who Are You (Thierry Chatain)
Extrait de l’album “Twerps” – 2011 – pop rock doux-amer
Bientôt une semaine depuis le concert des doux Australiens de Twerps, et cette chanson ne quitte plus ma caboche. Une chanson à la limite de dérailler, et enchantée par une guitare acidulée. Une chanson d’après-midi d’été ensuqué par la chaleur, de dimanche d’automne où l’on regarde la pluie couler lentement sur les carreaux. Une chanson de petit matin embrumé par la gueule de bois (“We’ll get drunk, we’ll get stoned, we’ll get high, we’ll get drunk”), après une nuit à refaire le monde sans illusion, pour ne pas totalement désespérer. Autant dire qu’elle n’a pas fini de me faire de l’usage.

A_Fantasy_Love_Affair08. Peter Brown – Do Ya Wanna Get Funky With Me (Christophe Gauthier)
Extrait de l’album “A Fantasy Love Affair” – 1977 – Funk
Dans les block parties organisées à New York dans les années 70, on écoutait des trucs phénoménaux. Genre, ce tube imparable de Peter Brown, jeune blanc-bec de Chicago capable de pondre du funk discoïde du même calibre qu’un gars du ghetto biberonné à Soul Train. Rythme lourd, ponctuations synthétiques et enchevêtrement de voix soul, tout y est. La batterie étant son instrument de prédilection, Peter Brown intègre à son morceau une longue portion instrumentale dans laquelle il sature le multipistes de percussions en tous genres (et concurrence sérieusement Cerrone au passage). Pour l’anecdote, avec son comparse Robert Rans avec qui il a créé ce Do Ya Wanna Get Funky With Me, Brown sera quelques années plus tard l’auteur de Material Girl pour une certaine Madonna.

CLAP044_hi09. Centenaire – Inside War (Alexis Joan-Grangé)
Extrait de l’album “Somewhere Safe” – 2014 – néo-quelquechose
Aussi difficile de choisir un titre sur les 8 de ce “Somewhere Safe”, que d’en cartographier les influences. Comme d’autres rocks contemporains, Centenaire pratique ce qu’il faudrait se résoudre à nommer le mix analogique. Une façon d’aborder le nouveau comme la recomposition d’une nébuleuse de sons anciens. Disons que l’album pourrait être la face-b de Viet Cong. Ça rechigne à ne développer qu’une seul ligne mélodique, ça ne cesse de ponctuer ses textures garage de choses folles (la cornemuse (?) du titre éponyme) et d’apartés improbables. Plaisir génial. Celui de ne jamais vouloir ressembler à soi-même trop longtemps.

10. Biosphere – Baud (Julien Lafond-Laumond)TO099CD_THMB
Extrait du split album “Stator”, coréalisé avec Deathprod – 2015 – ambient
La Norvège a eu la chance d’enfanter deux des plus grands artistes ambient contemporains – Biosphere et Deathprod. Ces deux-là ont déjà travaillé ensemble il y a une dizaine d’années pour réinterpréter les travaux visionnaires d’Arne Nordheim (1931-2010). En 2015, ils remettent le couvert, mais cette fois sans motif particulier. Ils se relaient simplement le temps de 7 morceaux composés séparément et ordonnés en alternance. En résulte donc un ping-pong au ralenti, où aux atmosphère menaçantes de Deathprod répondent les gouttelettes analogiques de Biosphere, forcément plus mélancoliques (comme le prouve le magnifique Baud).

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11. Deep Time – Coleman (Marc di Rosa)
Extrait du premier album de Deep Time – 2012 – rock indé
C’est l’un des très bons groupes « indé » d’Austin. Deep Time a bien sûr joué au South by Southwest (SXSW), le tentaculaire et très à la mode festival de la ville texane, mais ses mérites ne se limitent pas à la scène. Paru sur le premier album du groupe, Coleman donne un aperçu du talent délicat de ce duo fille et garçon, minimaliste et original, énergique et mélancolique à la fois.

dead-kennedys12. Dead Kennedys – Nazi Punks Fuck Off (Axel Cadieux)
Extrait de l’album “In God we trust, Inc.” – 1981 – Punk
Green Room, l’un des très bons films de Cannes 2015, m’a permis de redécouvrir un morceau que j’avais totalement oublié : Nazi Punks Fuck Off, des Dead Kennedys. C’est court, c’est furieux, mais aussi très doux en son cœur. A l’image du film, soit l’histoire d’un jeune groupe de punk qui se retrouve aux mains d’une bande de néo-nazis sanguinaires. Derrière le survival, il y a l’idée du temps qui passe et de l’adolescence qui s’envole. Ça crie fort mais c’est en réalité très tendre.

ZiggyStardust13. David Bowie – Starman (Anthony)
Extrait de l’album “The Rise and fall of Ziggy Stardust” – 1972 – Légende vivante
L’exposition “David Bowie Is” m’a permis non seulement d’essayer de me familiariser avec l’univers de David Bowie (avec lequel j’ai toujours eu une certaine distance), mais aussi de mieux comprendre l’impact du bonhomme sur les époques qu’il a traversées. Dans la 2ème salle de l’exposition, la tenue de scène qu’il porte lors de l’enregistrement de “Starman”, en 1972, pendant l’émission Top of The Pops, se dresse devant un écran qui retransmet en boucle son apparition à la TV. C’est le moment qui va déclencher son explosion en Angleterre : fier et décidé à marquer les esprits, dans cette arrogance et cette certitude évidente d’écrire l’histoire du Rock, Bowie sourit face caméra, le visage couronné d’une crinière orange de goupil, et prend le public à témoin de sa présence électrisante. On est fasciné par cette image qui à elle seule incarne le mot “attitude”. Depuis, j’écoute Bowie car je crois que j’ai enfin compris.

laibach14. Laibach – Life is life (Lucile Bellan)
Extrait de l’album “Opus Dei” – 1987 – Musique industrielle
Quelques minutes de folie à l’issue du film Le Trésor, une heure et demie de pur bonheur en pleine furie cannoise. Parfois c’est simple comme une chanson toute conne, comme des espoirs et des rêves d’enfance, comme un trésor caché au fond du jardin. N’oublions pas d’être des enfants, d’être tout simplement heureux, d’être… tout simplement.

eau15. Alexandre Delano – Orage (Thomas Messias)
Extrait de l’album “Eau” – 2015 – Folk rock
Peu adepte des festivals musicaux, j’ai cependant quelques sublimes souvenirs de découvertes inattendues. Rencontrer The Delano Orchestra au beau milieu d’un événement picard dont je n’attendais rien d’autre que quelques pintes a été l’une des plus belles surprises musicales de ma vie. Ce chant délicat, à la fois susurré et nasillard, semblait fait pour me séduire, post-ado suicidaire mais pas trop. Sept ans après, l’album Will anyone else leave me ? ne me quitte toujours pas, accompagné par une ribambelle de petits frères. C’est donc avec une joie immense que j’ai appris la sortie du premier album solo du chanteur du groupe, en français s’il vous plaît (ce qui, personnellement, me ravit). Plus belle photo de pochette de l’année pour album premier choix. Grâce à Alexandre Delano, ce mois de mai a été moins laid que ce qu’il aurait pu être.