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Mimosas : une affaire de panache

Film présenté le lundi 16 mai 2016 à la Semaine de la Critique du 69ème festival de Cannes.

Par Lucile Bellan, le 18-05-2016
Cinéma et Séries
Cet article fait partie de la série 'Cannes 2016' composée de 20 articles. En mai 2016, la team cinéma de Playlist Society prend ses quartiers sur la Croisette. De la course à la Palme jusqu'aux allées de l'ACID, elle arpente tout Cannes pour livrer des textes sur certains films forts du festival. Voir le sommaire de la série.

À chaque action de voir un film, une relation se crée avec les personnages. De la même manière que les rencontres de la vie réelle, on se fait parfois de fausses idées, puis s’apprivoise avant de les aimer ou de les détester. Parfois, on les admire. Parfois, ils nous répugnent. Il y en a même qui nous accompagnent pendant des années, personnages doudous toujours présents pour quelques larmes ou des sourires quand on a besoin d’eux. De ces relations unilatérales ne dépendent que le geste de l’ouverture. C’est à nous d’aller vers eux.

Mimosas est un peu construit de cette manière. La rencontre est brutale, nous renvoie des idées déplaisantes. Et puis le film trouve son rythme, change de forme, resserre son récit. Les personnages, Tarik en tête, prennent un nouveau visage. Et ce qui a des airs de chronique du désert devient un récit épique à mi-chemin entre les exploits des chevaliers de la Table Ronde et les aventures de Don Quichotte.

L’important c’est la quête, le voyage au but fou qui fait grandir humainement au delà des espérances. Dans la quête, les personnalités se révèlent, forts ou faibles, dominés ou dominants. Mimosas est construit de cette manière et, dans sa seconde partie, le trio de personnages brille ou s’effondre avec une violence folle.

La question est donc moins celle de la religion ou du but initial du voyage que celle de se vivre l’aventure et, avec elle, de se confronter à sa nature profonde et de tester son sens de l’honneur. La quête du graal et le transport impossible d’un cadavre dans les montagnes ont en commun d’être des prétextes. Les personnages, eux même, ont conscience dans Mimosas que leur mission est suicidaire. Et alors qu’on les a présentés comme avide d’argent, bêtement pragmatiques, ou un peu là par hasard, ils gagnent avec cette décision leurs galons de personnages héroïques. Ce statut n’empêche pas le doute ou les erreurs. Et il est à distinguer de la folie pure, qui n’a aucun panache.

les vrais héros ne sont pas ceux qui le sont par nature, sans effort et sans panache.

L’âne, les paysages entre montagne et désert, la poussière et l’humanité profonde des personnages les rapprochent du Perceval des textes originaux. Ils sont naïfs et beaux. Et l’on oublie souvent que les vrais héros ne sont pas ceux qui le sont par nature, sans effort et sans panache. Non. On aime les voir grandir, évoluer et accéder dans la douleur et l’épreuve au statut. En ce sens, Mimosas est une surprise. Une surprise heureuse, diamant brut à l’image de son histoire et des personnages. Humble et honnête, malin parfois, et qui, au final trouve son souffle lyrique et héroïque. De l’âne qui rechigne à avancer, au cheval au galop.

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