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starroving01. Slowdive – Star Roving (Anthony)
Extrait du futur album  – 2017 – Shoegaze
Enfin ! Il aura fallu 22 ans de silence avant de nouvelles notes inédites… La fatalité des groupes mythiques, c’est que les tentatives de carrières séparées génèrent trop souvent des déceptions (Mojave 3 n’avait suscité qu’une attention modeste). A l’inverse, la magie des groupes mythiques, c’est que les retrouvailles de leurs membres peuvent augurer du meilleur (même si de nombreux contre-exemples pourront être cités sans trop se creuser la tête). Avec Star Roving, Slowdive récite son parfait bréviaire de rock éthéré, en bon propriétaire du brevet du shoegazing. La recette est la même, comme si la faille spatio-temporelle dans laquelle Slowdive s’est engouffré n’avait duré qu’une journée de temps terrestre. Back to the future.

a tribe called quest 2016
02. A Tribe Called Quest- We The People (Alexandre Mathis)
Extrait de “We Got It from Here… Thank You 4 Your Service ” – 2016 – Hip Hop
J’avais raté le retour de A Tribe Called Quest, pionniers du hip hop que je croyais définitivement disparus. Ou plutôt j’avais entendu parler d’un album mais je croyais qu’il s’agissait d’un best-of ou d’un B-side d’antan. Alors qu’en fait, pas du tout, nous avons bien affaire à un nouvel album. Plus rétro encore qu’une ressortie de la NES par Nintendo, “We Got It from Here… Thank You 4 Your Service” est un vrai plaisir à écouter ; et le morceau “We The People” une petite tuerie.

johnny-flynn-sillion03. Johnny Flynn – Raising the Dead (Thomas Messias)
Extrait de “Sillion” – 2017 – Dans les bois
Il y a quelque chose dans les morceaux de Johnny Flynn qui me rappelle l’esprit de celui de mon groupe fétiche, Rock Plaza Central, dans cette façon de sonder le mystique, d’aborder la musique comme une façon de s’élever, quitte à le faire dans la forêt, entouré de petits totems constitués de morceaux de bois glanés dans la forêt. C’est dans cet état d’esprit que j’ai envie de traverser 2017 : en me fiant à mes propres croyances, en entonnant des mantras qui m’aident à avancer, en marchant seul dans la forêt ou ailleurs, seul sous la lune. Pour un type complètement cartésien, je crois que c’est un sacré bouleversement.

04. Kadhja Bonet – Fairweather Friend (Guillaume Augias)a0887944575_10
Extrait de “The Visitor”  – 2017 – Dernier cristal
De formation classique (violoniste, elle a grandi au son de Chostakovitch et Debussy), cette Californienne de 29 ans met sa voix de miel en cascade au service d’un style inédit et diablement efficace, situé dans mon Panthéon vocal à équidistance de Tammi Terrel, Lhasa et My Brightest Diamond. Les arrangements choisis me plongent bientôt dans un film noir au long cours et, ses inflexions étant une invite au voyage mental, je flotte à mi-hauteur dans un courant d’air chaud, empli d’une douce mélancolie. Le charme est évident mais la recette est loin d’être facile à déchiffrer. Il se dégage de cette écoute la conviction intemporelle d’avoir été reçu comme un roi. Un roi dans le chez soi des larmes.

05. Divine Comedy – Funny Peculiar (Isabelle Chelley)
ExThe_Divine_Comedy_-_ForeverlandeXtrait de Foreverland – 2016 – music-hall
Si le duo entre Neil Hannon et sa compagne Cathy Davey est charmant sur disque, il était carrément irrésistible sur la scène des Folies Bergère. Comme son titre l’indique, “Funny Peculiar” est une drôle de curiosité, avec sa mélodie échappée d’un spectacle de music-hall, sa légèreté, ses paroles loufoques et tendres, ses échanges entre chanteurs qui fusent comme dans un classique de Cole Porter. La voix de Cathy Davey, enfantine et résolument particulière évoque celle de Jane Horrocks (Little Voice ou en duo avec Robbie Williams sur l’album Swing When You’re Winning), parfait contrepoint pour le mélange de classe et d’humour si typique d’Hannon.

Moderat Live06. Moderat – Rusty Nails (live) (Marc Mineur)
Live – 2016 – Electro pour tous
Les artistes électroniques qui connaissent un succès public sont rarement les plus subtils. Les célébrations collectives sont en effet plus souvent livrées à de la bourrinade (qui peut être de bon aloi, voyez Daft Punk ou Vitalic en concert) et on n’aurait pas parié sur ce groupe qui voit la rencontre du duo Modeselektor et de Sasha Ring (Apparat). Ce live enregistré à la maison, à Berlin, montre quel engouement mérité ils peuvent susciter. Et c’est une excellente occasion de reprendre le fil d’une discographie qui prend de l’épaisseur. Cette version de Rusty Nails montre quel potentiel d’euphorie ils peuvent dégager. Mais si vous avez déjà entendu ce morceau sans nom (et qui donnera plus tard le décevant Seamonkey) qui avait lancé la collaboration, ce n’est pas une surprise.

SK_cover07. Sleater-Kinney – I Wanna Be Your Joey Ramone (Thierry Chatain)
Extrait de “Live in Paris” – 2017 – words and guitar
Ce n’est pas tous les jours que je peux dire que j’ai participé à l’enregistrement d’un disque. Mais on m’entend forcément quelque part, là, à beugler dans le public, ravi de ce retour en force après une petite décennie de hiatus (et d’aventures solo, dont la cocréation de la série Portlandia pour Carrie Brownstein). Le trio n’a rien perdu de sa fraîcheur, de sa pugnacité et de son originalité dans l’intervalle. De son engagement non plus. En plus de célébrer l’amour du rock (la voix de Corin Tucker tient des forces de la nature), cette vieille pépite de leur répertoire témoigne de combat pour casser les limites du gender. Rien d’étonnant de les avoir retrouvées, après avoir participé à la Women’s March de Washington – comme énormément d’artistes –, à jouer pour une fête célébrant son succès. Et la sortie de ce premier live de leur carrière, une semaine tout juste après l’investiture de Trump, tombe à point pour se redonner de l’ardeur.

08. Japandroids – I’m Sorry (For Not Finding You Sooner) (Benjamin)Print
Extrait de “UNear to the Wild Heart of Life” – 2017 – Noise Rock
À l’heure de son troisième album, le duo canadien semblait dans une impasse. Comment continuer d’exister dans un monde concurrentiel sans pour autant opter pour la surenchère ? Les deux membres de Japandroids répondent à cette question en retrouvant l’aspect instinctif de leurs compositions des débuts, tout en s’orientant vers une musique plus ouverte et pop. Sachant qu’ils ne pourraient pas crier ou jouer plus fort, ils sont en quête d’une nouvelle forme d’intensité, pour un résultat beaucoup moins lisse qu’il n’y parait.

09. Daft Punk – Around the world / Harder Better Faster Stronger (Lucile Bellan)Print
Extrait de “Alive 2007” – 2007 – Electro
Vivante. C’est comme ça que je me sens dans la morosité ambiante. Vivante, bouillonnante, incandescente. De façon indécente. C’est un morceau à l’image du sentiment: il faut beaucoup de travail, de maîtrise et probablement un peu de magie pour atteindre ce résultat. C’est le moment où l’on ne touche plus terre et où pourtant tout fait sens. Plus bas, ailleurs, le reste paraît fade. Alors, on profite. On se dit que la descente sera rude. Fuck it. En attendant, on est vivant.

10. Courtney Barnett – Pedestrian at Best (Laura Fredducci)images
Extrait de “Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit.” – 2015 – Hip Hop

Ça commence comme un morceau de punk-rock un peu crétin – plaisir coupable, allons-y –, mais très vite on s’englue dans la logorrhée sans fin de la chanteuse, mal articulée et entêtée, qui s’en donne à cœur joie dans le ressassement et l’autodénigrement, avec une désinvolture qui lui donne un surplus de classe. Ça dégringole de couplet en couplet pour se raccrocher chaque fois au refrain bien aiguisé, bien régressif ; un morceau qui s’écoute en boucle, évidemment.

Alicia Keys - Sweet F-ing Love11. Alicia Keys with Kaytranada – Sweet F-ing Love (Christophe Gauthier)
Single – 2017 – R&B jazzy
En soi, il n’y a rien d’extraordinaire dans ce morceau : Alicia Keys pose des vocaux d’une aberrante répétitivité sur un vieux titre de Kaytranada, basé sur le standard de jazz On Green Dolphin Street. Le résultat, pourtant, est superbe : le son du producteur canadien, déjà sensuel en diable, devient un pur appel à la baise avec la voix et les petits rires de la belle pianiste new-yorkaise. Et oui, tout à la fin elle lâche bel et bien le F-word qu’elle s’est retenue de dire durant tout ce temps.

deflez-chalard-vivant-mais-peur-400x40012. Gilbert Deflez & Jacky Chalard – Interligne 3 (Arbobo)
Extrait de “Je suis vivant, mais j’ai peur” – 1974 – psyché politique
En 1974, Jacky Chalard met en musique le livre futuristo-politique de Gilbert Deflez. Le titre est tout un programme, Je suis vivant mais j’ai peur. On s’y trouve plongé dans une société corrompue, où la politique traditionnelle à bout de souffle joue contre le peuple et contre la démocratie. Deflez a parfaitement su adapter son récit au format d’un disque, et il le dit avec conviction, sa voix nous porte immédiatement. Écologiste, utopiste, libertaire, ce roman-disque nous décrit son futur (l’an… 1999!) comme une “agonie” émaillée de “scandales”, qu’il est encore temps d’éviter.

OTR051-cover-low-res13. Nana Grizol – T.V Song (Nathan)
Extrait de “Ursa Minor” – 2017 – Retour du prodige prodigue
Depuis Ruth il y a maintenant 7 ans, les sorties et nouvelles de Nana Grizol, sans doute le groupe que j’ai écouté le plus dans ma vie, étaient bien trop sporadiques. Il y avait cet EP confidentiel mais exceptionnel, quelques nouvelles vidéos, mais c’est tout. Alors quand, cette semaine, j’ai lu qu’ils revenaient enfin, avec un nouvel album et une tournée, la joie était palpable. Cet extrait n’est pas fantastique pourtant, il est chouette et entraînant, mais on s’en fout, c’est le retour de Nana Grizol, mon groupe préféré.