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LCD_Soundsystem_-_American_Dream_cover_art01. LCD Soundsystem – I Used To (Anthony)
Extrait de “American Dream”– 2017 – Retour gagnant
Un gros quinquennat de suspension d’activité avant un retour triomphal : James Murphy et son crew posent ici American Dream et nous laissent pantois… L’art de la synthèse entre le meilleur de la new wave et le meilleur de la musique électronique reste la marque de fabrique de LCD Soundsystem. Murphy, l’anti-rock star, étale sa science du son et recycle sa culture musicale : la technique et l’histoire mises au service d’un projet artistique qui convainc aussi bien en studio que sur scène.

02. Colter Wall – Motorcycle (Benjamin)téléchargement
Extrait de “Colter Wall” – 2017 – Country
Il est toujours surprenant de se laisser happer par un disque de country impossible à dater, dont on ne serait pas plus surpris d’apprendre qu’il vient de sortir ou qu’il s’agit d’un classique éternel. Ca nous bouscule et ça détruit nos repères temporels, avec un arrière-goût de « si ce n’est pas datable, c’est que c’est une copie du passé ». Mais est-il vraiment nécessaire de se poser des questions quand un gamin de 22 ans vous touche comme du  Howlin’ Wolf et du Johnny Cash ? Pas vraiment. Bref, Colter Wall, né le 27 juin 1995, vient de publier son premier disque et c’est magnifique.

03. Starlito – Family To Feed (Guillaume Augias)Starlito-Hot-Chicken-Artwork
Extrait de “Hot Chicken” – 2017 – Chant du renégat
Après Cold Turkey, le rappeur de Nashville anciennement connu sous le blaze d’All Star Cashville Prince reste dans la veine alimentaire et cela est loin de n’être qu’une obsession lexicale. Ici plus que jamais, il aborde frontalement la question du rap comme métier, comme savoir-faire à même de mettre la proverbiale food on the table d’autant de bouches à nourrir. Ancien poulain flamboyant, brutalement débarqué du train en marche de l’écurie néo-orléannaise Cash Money Records, Stralito brandit avec Family To Feed l’étendard du hip-hop vu comme une occupation respectable et maudite à la fois. Reverb crasseuse et flow granuleux sonnent au diapason, la revanche se gagne à la sueur des rimes sans contrat. Et se dessinent soudain les contours d’un maverick-papa poule, qui tonitrue mais paie ses factures rubis sur l’ongle.

04. Étienne Daho & Dominique A – En surface (Thomas Messias)20140428_EnSurface_Pochette_560x560
Extrait de “Les Chansons de l’innocence retrouvée” – 2013 – Hymne élégant
Un peu déçu par le nouveau titre d’Étienne Daho (qui précède la sortie de l’album Blitz en novembre), je me suis réfugié dans les titres de son disque précédent, et notamment dans cet hymne élégant cosigné avec Dominique A, petit trésor aussi précis que tiré à quatre épingles. Je me suis alors souvenu que, depuis que je suis en âge d’écouter Daho, chacun de ses nouveaux albums commence d’abord par me décevoir ou m’indifférer. Mais j’y reviens toujours, d’abord du bout des lèvres, puis avec appétit. Même En surface était passé inaperçu en 2013. Chez moi, Daho est un vin qu’on doit laisser décanter. Et qui n’en revient que meilleur.

ocean-blues-ep05. Yula Kasp – Conscious (Arbobo)
Extrait de “Ocean blue EP” – 2016 – Electro minimaliste
Difficile de faire un choix dans cet EP, et tout aussi ardu de trouver le superlatif le plus adéquat. On trouve dans Ocean blue un condensé de ce qui rend le label Kill the DJ aussi précieux. Production parfaite qui laisse respirer tous les sons tout en remplissant l’espace, minimalisme inspiré des belles années cold-wave, basse diabolique et bondissante… Le tout avec cette voix à vous donner des montées d’hormones, Yula ayant un don pour poser son phrasé proche du sprechgesang directement sur notre corde sensible. Avoir autant de groove en conservant autant de retenue et de froideur apparente tient de la sorcellerie. Please, don’t kill the dj !

06. The National – Empire Line (Alexandre Mathis) 5913672e1d363
Extrait de “Sleep Well Beast” – 2017 – Pop
Je n’allais tout de même pas passer sous silence la sortie du nouvel album de The National, sept ans après High Violet, instantanément devenu un de mes albums de chevet. Depuis j’ai découvert plus largement leur œuvre, jamais déçu par leur ambiance aussi sombre qu’entraînante. Avec Sleep Well Beast, le groupe des frères Dessner et Devendorf grimpe encore un échelon. Captivé par quelques titres un peu plus excités que sur les deux précédents albums (les chansons Day I Die ou Turtleneck notamment), je n’avais pas vu venir l’abîme de désespoir et d’obscurité d’Empire Line, bientôt suivi par le tout aussi impressionnant Guilty Party. Le pire avec The National, c’est qu’on se plaît à se noyer dans cet abîme, entraîné par la voix sans commune mesure du chanteur Matt Berninger.

07. LCD Soundsystem – How do you sleep? (Erwan Desbois)LCD_Soundsystem_-_American_Dream_cover_art
Extrait de “American Dream” – 2017 – Retour d’entre les morts
LCD Soundsystem fut tué en grande pompe par son créateur James Murphy à l’occasion d’un concert monumental, long de trois heures et demie, au Madison Square Garden le 2 avril 2011. Six ans plus tard le groupe revient d’entre les morts, avec un album au titre grinçant au vu du spleen et des doutes qui habitent ses neuf morceaux. How do you sleep? est la plus intensément inquiète de toutes. Elle démarre comme une veillée funèbre – tambours entêtants, violon strident, voix spectrale et paroles allant de pair. Au bout de 3min30, là où les groupes ordinaires s’engagent dans la conclusion de leurs chansons, Murphy nous amène à un deuxième palier, avec le surgissement d’un synthétiseur dont chaque note est un coup violent porté à notre cœur. C’est encore deux minutes plus loin, lestée de ces deux introductions surpuissantes, que la chanson démarre pour de bon. Tous les instruments et toutes les voix se joignent pour une apothéose qui nous embrase, comme dans tous les meilleurs morceaux de LCD Soundsystem mais avec une différence de taille – l’énergie viscérale de la révolte est cette fois remplacée par une angoisse sourde et déchirante.

CBKV_LoRes_LottaSeaLice08. Courtney Barnett & Kurt Vile – Over Everything (Isabelle Chelley)
Extrait de “Lotta Sea Lice” – 2017 – duo de slackers
Les rencontres entre artistes très compatibles ont souvent tendance à donner des résultats décevants, comme si leurs forces combinées s’annulaient. Dans le cas de présent, elles s’additionnent sans bouffer la personnalité d’un des deux protagonistes. On reconnaît d’emblée le cool naturel de ces deux-là, le débit vaguement blasé de Courtney Barnett et le ton nasillard de Kurt Vile et leur goût commun pour un certain humour pince sans rire. Comment résister à un duo débutant par cette phrase mémorable, “Quand je suis tout seul avec moi-même solitaire/Et qu’il n’y a pas âme qui vive autour…” ? Ne reste qu’à espérer que l’album, prévu mi-octobre sera du même acabit…

Roger Waters - 15009. Roger Waters –  Picture That (Marc Mineur)
Extrait de “Is It The Life We Really Want?” – 2017 – papy rock
La première fois que j’ai écrit sur un album de musique, c’était “Amused To Death” de Roger Waters en 1992 (ne cherchez pas, il n’y a plus de trace du méfait…). Après avoir tourné et re-tourné en jouant The Wall jusqu’à plus soif, il revient avec visiblement un sens du devoir bien fait. D’accord, il y a Nigel Goodrich et Jonathan Wilson à la manœuvre pour inscrire l’album dans son époque malgré les clins d’oeil nombreux pour le fan de Pink Floyd, mais c’est le contenu qui est le plus actuel. La colère contre Donald Trump est forte, mais n’avait pas encore trouvé de véritable exutoire. Il aura donc fallu un Anglais de 78 ans pour rappeler que la musique peut être engagée et montrer les dents. Sans doute une des meilleures surprises de l’année.

R-2192074-1269164422.jpeg10. Oni Ayhun – OAR004A (Julien Lafond-Laumond)
Extrait de “OAR004” – 2008 – Techno
La rythmique a beau toujours être en 4/4, on peut attendre des choses très différentes en matière de techno ou de house : un sentiment d’euphorie, de mélancolie feutrée, une recherche d’énergie brute, d’expérience psychédélique… OAR004A répond clairement à ces derniers. Après quelques mesures d’introduction le trip se met en place : ligne acid instable, déflagrations inopinées, percussions industrielles et cymbales hypnotiques. Le morceau prend encore une autre tournure à la 4ème minute, quand ces synthés sans vie montent en hauteur un peu bêtement sans savoir où s’arrêter. L’effet est terrible. Pour l’anecdote, Oni Ayhun est un pseudo d’Olaf Dreijer, moitié de The Knife. Qui l’eût cru.

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11. Doc Gynéco & Passi –  Est-ce que ça le fait (Lucile Bellan)
Extrait de “Première Consultation” – 2017 – madeleine
C’est une anecdote un peu honteuse. J’écoute beaucoup plus Doc Gynéco depuis que j’ai commencé ces nouvelles piges pour un magazine people. À chaque prise de service, j’envoie un petit sms/mail à la rédactrice en chef : « Je suis en place »… Est ce que ça le fait ? Ouais ouais. Un réflexe pavlovien qui me ramène à ma première cassette audio… Première consultation 1996, ça nous rajeunit pas. En attendant : Est ce que ça le fait ? Ouais, ouais. Faut que ça le fasse, j’suis en place.

IT12. Alan Vega – Vision (Thierry Chatain)
Extrait de “IT” – 2017 – Dérouillée d’outre-tombe
La “Vision”, c’est bien ce qui caractérisait d’Alan Vega, tombé au champ d’horreur l’an passé à l’âge de 78 ans. Comme plasticien ou plus encore comme chanteur, en solo ou comme moitié de Suicide, l’homme a toujours pratiqué l’art comme un sport de combat. Façon full contact, pas fleuret moucheté – même s’il a aussi pu nous susurrer à l’oreille “Cheree” ou “Dream Baby Dream”. Et, jusqu’au bout, sa vision est restée radicale. Entre prêcheur de l’apocalypse habité par un malsain esprit et chantre d’un New York non aseptisé, l’homme a trituré les sons (pas d’instruments à proprement parler ici) en boucles oppressantes toutes ses dernières années pour y poser ses ultimes cris, en un testament qui sonne comme la bande-son hallucinée et prémonitoire de l’Amérique de Trump. Uneasy listening, toujours.

c5b316033e10ee88d14a2838e2a7c995.640x633x113. The Lumineers – Sleep on the floor (Esther Buitekant) 
Extrait de “Cleopatra” – 2016 – Folk rock
Certains morceaux tombent à pic. J’ai découvert celui-ci totalement par hasard, mais je crois qu’il n’y a pas de hasard. A peine rentrée d’un voyage inoubliable dans l’ouest américain, en plein blues de la rentrée, ce titre des Lumineers a été ma soupape, il a donné une musique à mes souvenirs. J’ai toujours aimé ces chansons qui disent la fuite. Que les jeunes amoureux du clip soient nés en 1995 ou en 1965 ne change rien. La quête vers un ailleurs incertain mais nécessaire est intemporel. Le clip a été tourné dans le Colorado, j’ai reconnu un ciel et des lieux familiers. Le problème de Sleep on the floor ? La voix de Wesley Schultz me donne envie de repartir : « Leave a note on your bed, let your mother know you’re safe, and by the time she wakes, we’ll have drivent rough the state, we’ll have driven through the night. » Pour rouler encore et encore. En Amérique ou ailleurs.

Ys_cover14. Joanna Newsom – Cosmia (Nathan)
Extrait de “Ys” – 2006 – Chef d’oeuvre absolu
Pour de nombreuses raisons, Joanna Newsom et son Ys sont de retour sur ma platine depuis quelques semaines. Parmi ces cinq chef-d’oeuvres absolus de beauté et d’inventivité, c’est “Cosmia” – derrière les méandres de son écriture faite de mythologie et de métaphores – et sa quête désespérée pour un peu de réconfort qui reste avec moi et me hante.

mythsyzer_lecode15. Myth Syzer feat. Ichon, Bonnie Banane & Muddy Monk – Le Code (Christophe Gauthier)
Single – 2017 – Hip hop love sous Euphon
C’est compliqué. Depuis un bon mois je n’arrive pas à me décider : est-ce que ce son embrumé et enamouré est ridiculement génial ou génialement ridicule ? À défaut de trancher, je vous propose quelques commentaires postés sous la vidéo Youtube de ce titre :
« En voyant la miniature et le titre, j’ai pensé à une track sur le code de la route. »
« Et dire qu’à l’époque Tragédie attendait sous des fenêtres en criant “ESKE TU MENTEND HEY HO?!!1!” Alors qu’il fallait juste demander gentiment le code de l’immeuble ! »
« Wesh Syzer pourquoi tu téléphones avec le flash ? »
« Ichon, rends le chien à la vielle du quatrième. »
Voilà qui ne m’aide pas à trancher.