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L’Ange : au-dessus de la loi des hommes

Présenté le vendredi 11 mai à Un Certain Regard. Durée : 2h06.

Par Lucile Bellan, le 11-05-2018
Cinéma et Séries
Cet article fait partie de la série 'Cannes 2018' composée de 24 articles. En mai 2018, la team cinéma de Playlist Society prend ses quartiers sur la Croisette. De la course à la Palme jusqu’aux allées de l’ACID, elle arpente tout Cannes pour livrer des textes sur certains films forts du festival. Voir le sommaire de la série.

En 1980, à 28 ans, l’argentin Carlos Eduardo Robledo Puch a été condamné pour onze meurtres, une tentative de meurtre, dix-sept agressions, un viol, une tentative de viol, une agression sexuelle, deux enlèvements et deux vols. C’est l’histoire de ce criminel aux traits gracieux, surnommé « L’Ange de la mort » ou encore « L’Ange noir » par la presse, que choisit de raconter le réalisateur argentin Luis Ortega. Grâce au charisme ravageur de l’acteur Lorenzo Ferro, le Carlitos de Luis Ortega est un ange que rien ne semble arrêter, porté par une folie réjouissante et une mégalomanie digne de grands personnages de cinéma bigger than life tels que l’Amadeus de Milos Forman ou le Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

Carlitos est un mauvais génie, enfantin dans le crime, aussi dangereux que séducteur. Très vite, le spectateur est sous son emprise. On partage l’émotion de ses prises de risques, on rit de ses facéties. Et Luis Ortega joue de cette attraction, donnant à ses meurtres de allures de farces. La réalisation sensualise le monde à travers les yeux du jeune homme, amoureux de Ramon, un jeune criminel rencontré au lycée, drogué à l’adrénaline et aux plaisirs.

Le frémissement arrive après, au moment du carton final, quand s’énumèrent les crimes du jeune homme dans la réalité. La prise de conscience est douloureuse. L’ange a toujours la même aura malsaine et pourtant irrésistiblement attirante. Pendant le long métrage, on l’aime. On l’aime parce qu’il vit la vie comme si c’était un jeu, une farce, un instant fugace. On l’aime pour sa façon de jouir du monde comme on ne pourra jamais se le permettre. On aime sa grâce de chat. C’est un ange et un démon. Ce n’est pas un homme. Sa beauté surnaturelle confirme cette théorie. L’ange est au-dessus de la loi des hommes, et ses crimes n’ont de valeur que par le panache, l’insouciance féroce avec laquelle il les a commis.

De cette histoire sordide, Luis Ortega a créé un personnage de cinéma qui dépasse le fait divers. Son Carlitos est à la fois le pire et le meilleur, la pulsion de vie dans ce qu’elle a de plus terrifiant. Sous ses traits angéliques, le jeune homme est un monstre que la mort même semble vouloir épargner. De quoi nous conquérir et nous terrifier.

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