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01. Was (Not Was) – “Wheel Me Out” (Christophe Gauthier)
Extrait de Out Come The Freaks – 1980 – Disco mutante
On ne sait pas trop où on va, ni de quoi demain sera fait (ni si on sera toujours là demain, en fait). Dans des moments comme ceux-ci, le premier réflexe (le mien en tout cas), c’est de revenir aux fondamentaux, aux choses réconfortantes. À cette “feelgood playlist”, par exemple, que je maintiens depuis des années sur Spotify. Dedans il y a ce morceau bizarre pour des temps bizarres, “Wheel Me Out”, des débuts de Was (Not Was). Un truc assemblé de bric et de broc, un beat sur une bande en boucle (pas de samplers à l’époque), une basse slappée funky en diable, des cuivres et une guitare sous coke, des bouts de voix lancés au Revox. Sept minutes venues d’un Detroit révolu, et qui changent les idées.

 

02. Pomme – “Les séquoias” (Guillaume Augias)
Extrait des Failles cachées – 2020 – Pop sylvestre
Depuis les ides de mars, les notions de réel et d’irréel se confondent hélas souvent, mais l’intérieur et l’extérieur n’ont jamais été aussi marqués. C’est un temps pour écouter la voix de la fille que Joan Baez aurait eue avec le vent, la voix de Pomme.
Un autre morceau de cet album s’appelle “Les Oiseaux”, thème qui a souvent été synonyme de renouvellement pour la chanson française ; je vous donne la liste des interprètes que j’ai en tête contre un timbre, comme on disait vingt ans avant cette épidémie.

 

03. Mama Cass Elliott – “Make Your Own Kind of Music” (Erwan Desbois)
Single – 1969 – Confinement aux confins du Pacifique
La chanson accompagne l’introduction, en ouverture de la saison 2 de Lost, du personnage de Desmond Hume, dont l’on apprendra plus tard que cela fait trois ans qu’il vit reclus dans le bunker découvert par les naufragés. On espère pouvoir reprendre une vie normale plus vite que ça ; bon courage à tou·te·s pendant le confinement.

 

04. Sofi Tukker – “Good Time Girl” (Benjamin Fogel)
Extrait de Treehouse – 2018 – Electro-pop
En cette période à la fois étrange, anxiogène, inquiétante et inédite, The New Pope, la série de Paolo Sorrentino offre des questionnements intéressants, indirectement connectés à ce que nous vivons, mais qui permettent de s’interroger sur ce en quoi nous croyons, notre manière d’habiter le monde et de vivre ensemble. Provoquant sans jamais tomber dans le blasphème, la suite de The Young Pope sait comme sa prédécesseuse jouer intelligemment de la musique pour moderniser, sexualiser et surtout densifier, émotionnellement parlant, ses scènes. Le générique des six premiers épisodes est dynamisé par “Good Time Girl”, un titre de Sofi Tukker, un duo allemand basé à New York. Sensuel, à la fois vulgaire, fine et inattendue, la chanson résonne avec The New Pope et notre époque.

 

05. Popol Vuh – “Aguirre II” (Nathan)
Extrait de Aguirre – 1975 – Kosmische
Profitons-en pour regarder trop de Herzog, pour être terrifié par Kinski et rêver d’écouter Puccini sur l’amazone. Et profitons-en pour mettre Popol Vuh en boucle jusqu’à brouiller nos sens et tout ira bien.

 

06. Destroyer – “Crimson Tide” (Marc Mineur)
Extrait de “Have We Met” – 2020 – Songwriting stellaire
C’est le directeur du label PIAS qui le déplorait il y a quelques jours à la radio, le contexte n’est pas propice à la découverte. Les sorties sont reportées, les radios ne passent que de la musique sensée nous faire nous sentir mieux et paradoxalement les écoutes en streaming (le plus mauvais business model de l’histoire) plongent. Dès lors, on se penche sur de belles choses sorties juste ‘avant’. Et un nouvel album de Destroyer nous mettra toujours en joie. Surtout qu’il a été composé à distance entre les maquettes de Dan Bejar, la production de John Collins (qui a même récupéré des pistes des sessions d’albums précédents) et la guitare de Nicolas Bragg. Le résultat est étrangement moins froid que d’autres albums plus collégiaux. Et puis il y a les surgissements de Bejar, sa diction unique et des morceaux de choix comme ce Crimson Tide.

 

07. Clarika (feat. Alexis HK) – “Dire qu’à cette heure” (Arbobo)
Extrait de “De quoi faire battre mon coeur” – 2016 – Chanson pop
Est-ce qu’on écoute la musique différemment en confinement, quand on n’a ni balcon ni jardin? J’ai parfois en tête les thèmes magnifiques composés par John Carpenter pour ses propres films, notamment celui d’un très beau huis clos, Assault. Mais avec ce titre de Clarika, on sort du clin d’œil pour aller à l’essentiel: faire fonctionner notre imaginaire. Oui, même avec 3 milliards d’humains confinés, on peut se chanter “Dire qu’à qu’à cette heure” et imaginer tout ce qu’il se passe au coin de la rue, à l’étage du dessus, à Des Moines-Iowa ou à Benarès. On peut passer des heures à perdre la notion du temps en imaginant des histoires douces ou loufoques, parce que, qui sait, hein, après tout. Le réel vient de dépasser l’imaginaire ? Ok, défi relevé, le match n’est pas fini !

 

08. Chassol – “Les Règles” (Thomas Messias)
Quel bonheur, cet album de Chassol, laboratoire accessible même aux personnes aussi peu mélomanes que l’auteur de ces lignes. C’est comme une succession de mini-jeux, artisanaux mais bien fichus, dans lesquels on prend plaisir à plonger, replonger, s’éterniser… Les travaux de réinvention autour de la musique du jeu Tetris n’en sont que plus cohérentes. En cette période qui nous oblige à revoir l’organisation de nos vies et notre rapport au temps, l’album Ludi en général (et, à titre personnel, “Les Règles” en particulier) fait office de cadeau providentiel.

 

09. Q Lazzarus – “Goodbye Horses” (Lucien de Baixo)
Single – 1991 – All Nations Records
Des fois, une personne entre dans votre vie, illumine tout et disparaît vous laissant ébloui. C’est entre autres l’histoire de Q Lazzarus.