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Marc Villard revient avec un recueil composé de 9 nouvelles – 5 textes inédits et 4 déjà publiés précédemment. On y retrouve sa manière unique de raconter la vie des désœuvrés abandonnés par le système, qu’ils soient SDF, prostituées ou migrants, qu’ils vivent du RSA ou de petits larcins, qu’ils puissent compter ou non sur le soutien des associations et l’humanité des habitants de leurs quartiers. Des arrondissements de Paris à la banlieue de Mulhouse, de Port-au-Prince au Mexique, d’hier à aujourd’hui, il raconte à l’ancienne – « on notera ici la direction résolument rétro adoptée par le réalisateur qui envoie un message fort aux réseaux sociaux : fuck internet », écrit-il comme s’il s’agissait d’un commentaire méta sur sa propre approche – les bas-fonds parfois transpercés par des gestes de bonté lumineux. En quelques pages seulement, Marc Villard battit des personnages denses et des histoires complexes, comme si chaque nouvelle était le synopsis d’un immense roman – un phénomène particulièrement prégnant avec « Le Voyage de Roasario », l’avant-dernier texte.

Marc Villard raconte les bas-fonds parfois transpercés par des gestes de bonté lumineux

Dans Raser les murs, les monstres sont rarement impunis. Celles et ceux qui abusent de la condition des délaissés finissent par en payer les frais – à l’image de Sharon, qui a contourné les démarches d’adoption en achetant un enfant mexicain volé à sa mère, pour finalement passer ses journées au SPA, tandis qu’une Vietnamienne s’occupe du garçon, et qui connaîtra un sort ironique. Sur fond de jazz, seuls les loseurs peuvent prendre vie. Chez Marc Villard, les écrivains ne sont pas des auteurs à succès, obsédés par leur ex ou leur prochaine conquête, mais des écrivains publics qui aident les démunis à rédiger CV, lettres de motivations, discours et documents administratifs.

La dernière nouvelle, « Raser les murs » qui donne son titre au livre, offre une belle reprise : il s’agit de la suite de « Bird » et de « Les Biffins », publiés respectivement en 2008 et 2018 aux éditions Joëlle Losfeld. On y retrouve Céline, la fille de Bird, qui évolue toujours dans les sphères associatives, et se prend d’affection pour Samir, un Syrien qui vient d’arriver en France.