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Après Adieu l’enfance (2014), Triomphe (2017) et Vie future (2019), trois albums qui inventaient la musique de demain, La Féline revient avec un disque concept, consacré à Tarbes, la ville où elle a grandi. En regardant dans le rétroviseur et en ajoutant de la nostalgie à sa pop futuriste, La Féline ouvre encore son spectre, sans rien perdre de sa complexité. Tarbes est un nouvel ajout indispensable à ce qui reste, à mes yeux, l’une des plus belles discographies françaises. Tout y est beau et excitant, touchant et intrigant. Comme toujours avec La Féline, on ne sait jamais si l’on a affaire à un joyau pop ou à une matière inconnue, modelée et soumise à toutes les expérimentations, à l’image des titres « Je dansais allongée » et « Tout doit disparaître ».

Composé et réalisé en autarcie – en plus d’assurer le chant, La Féline tient seule la guitare et la basse, supervise les boucles et les boîtes à rythmes –, Tarbes n’est nullement un album intimiste. Il est plus proche d’un roman-monde, écrit à l’écart de la société, habité par une vision unique. Amplifié par la batterie de François Virot et la guitare de Mocke Depret, soutenu par les chœurs mystiques des jeunes talents du Conservatoire de Tarbes, le disque multiplie les surprises et les passages inattendus, sans jamais perdre en cohérence et en tension.

Une balade dans Tarbes, quelque part entre présence et absence

Chaque chanson est une plongée dans ses souvenirs et une balade dans Tarbes, quelque part entre présence et absence. D’un côté, la ville n’a pas changé. Les rues, l’Hôtel de Ville et la place de Verdun sont comme figés dans le temps. Mais de l’autre, les habitants ont fui la ville, il ne reste que les fantômes. Les lieux sont les marqueurs de la vie d’avant. C’est l’inverse de la naissance de La Féline : l’hôpital où elle est née a été détruit quelques mois après sa naissance, la disparition d’un lieu compensé par une nouvelle présence humaine.

« Quand mon corps sera froid comme les hauts glaciers, quand ma tâche sur Terre sera terminée, j’aimerais qu’on m’emmène au pied des montagnes où je suis née », chante La Féline sur « La Panthère des Pyrénées ». Cette phrase résume parfaitement sa musique : elle est à la fois une projection dans le futur et un désir de revenir à la source, avec entre les deux la nécessité d’accomplir quelque chose. Cette tâche qu’il lui faut terminer avant de mourir paraît claire : il s’agit de repousser le plus loin possible les limites de la pop française.