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Georgia
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D’un côté, l’injustice sociale – un couple de gitans, qui vit avec ses cinq enfants dans une caravane, apprend qu’il va en avoir un sixième, au moment où la destruction du camion du père le prive de ses maigres revenus –, de l’autre, l’injustice biologique – un couple d’avocats qui n’arrive pas à avoir d’enfants. Le Sixième Enfant, premier film de Léopold Legrand, confronte ces deux inégalités, au travers d’une transaction commerciale, chaque couple possédant ce qui manque à l’autre. Ces deux injustices, qui touchent à la responsabilité de l’État – travail et emploi d’une part, parcours d’adoption de l’autre – sont traitées sans misérabilisme, mais avec le désir viscéral, pour les personnages, de surmonter leurs difficultés.

Le Sixième Enfant pose des questions éthiques profondes, les personnages sont animés par des convictions morales fortes

Porté par un quatuor d’acteur·rice·s exceptionnel et parfaitement dirigé – Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Lavernhe et Damien Bonnard –, le film aborde un sujet complexe et casse-gueule, avec un point de vue dérangeant. La question de « l’achat d’un enfant » est traitée à travers le prisme d’un cas particulier – dont il ne faut pas tirer de conclusions tranchées sur le fonctionnement du système français – qui interroge la question du libre arbitre, et en sous texte, le contexte de ce libre arbitre, quand les choix sont en réalité des obligations. On pourrait reprocher au film, et au livre dont il est tiré – Pleurer des Rivières d’Alain Jaspard (éditions Héloïse d’Ormesson, 2018) – d’être parfois invraisemblables, mais ses arrangements avec la réalité ne constituent jamais des facilités scénaristiques. Ils sont toujours au service du propos et de la réflexion. Alors que Le Sixième Enfant pose des questions éthiques profondes, les personnages sont animés par des convictions morales fortes, créant un contraste d’autant plus fort avec le sujet. C’est aussi une ode à l’amour parental, pour l’intégralité des protagonistes, et pas seulement pour le couple qui souhaite adopter. Passionnant et touchant, à la fois terriblement humain et inhumain.