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Après la sortie en 2021 de l’immense Notre part de nuit de Mariana Enríquez, les Éditions du Sous-Sol publient ce 13 janvier le premier recueil de nouvelles de l’autrice argentine, qui date de 2009. Dès le premier texte, « L’exhumation d’Angelita », on retrouve les ambiances chères à Enríquez, où dialoguent visions horrifiques, affres de l’adolescence et critique sociale. Au cœur des récits, les adolescentes sont alternativement les victimes (« Le puits ») et la cause du danger (« La Vierge des tufières »). Abandonnées, manipulées ou maltraitées, elles constituent des cibles de choix pour le mal, dont elles deviennent parfois le bras armé. Rebelles, peinant à trouver leur place dans le monde, elles cherchent des moyens d’exprimer ou d’assouvir leurs désirs, leurs pulsions sexuelles et leur goût pour l’inconnu.

Cohérentes sur le fond et sur la forme, les douze nouvelles prolongent la magie ressentie à la lecture de Notre part de nuit

Les dangers de fumer au lit décrit une Argentine – et parfois une Espagne – gangrénée par son passé. Si tout paraît normal en apparence, ça grouille sous le vernis. Il suffit de gratter un peu celui-ci pour qu’une odeur rance et fétide monte aux narines des personnages, les effluves nauséabonds annonçant régulièrement la manifestation imminente des forces occultes. La question de la disparition s’immisce dans la majorité des nouvelles, tel un écho aux « desaparecidos », les personnes arrêtées et tuées en secret dans l’Argentine totalitaire du général Videla, entre 1976 et 1983, et aux conséquences du narcotrafic depuis les débuts du XXIe siècle.

Cohérentes sur le fond et sur la forme, les douze nouvelles qui constituent le recueil prolongent naturellement la magie ressentie à la lecture de Notre part de nuit, tout en imposant leur personnalité. L’impatience de voir les autres romans de Mariana Enríquez sortir en France n’en est que plus grande. À noter aussi que rien ne serait possible sans la formidable traduction de Anne Plantagenet.