La Nuit ravagée de Jean-Baptiste Del Amo : l’adolescence déchiquetée
Publié le 6 mars 2025 aux éditions Gallimard

Dans une ville fictive de la région toulousienne, au cœur des années 1990, Alex, Mehdi, Max, Thomas et Lena, dernière arrivée dans la bande, tentent de survivre aux affres de l’adolescence, plombés par leurs familles dysfonctionnelles. Leur quotidien, morne et ennuyeux, que seule leur amitié et leur passion pour le cinéma de genre sauvent, se voit perturbé par l’étrange attraction qu’exerce sur eux une maison abandonnée, tâche lugubre parmi les lotissements pavillonnaires.
Jean-Baptiste Del Amo livre son roman de genre
Avec La Nuit ravagée, Jean-Baptiste Del Amo livre son roman de genre, que l’on imagine avoir germé de longues années dans sa tête, gorgé de souvenirs et d’influences issus de sa propre adolescence. Bien sûr, il y a du Stephen King, du H.P. Lovecraft et du The Thing de John Carpenter dans La Nuit Ravagée, mais on y trouve aussi du Bret Easton Ellis, qui s’intéresserait à toutes les classes sociales – les jumeaux Cathala, dont s’entiche Max, sont, à ce titre, de purs personnages ellisiens. On y passe du réel au fantastique, puis du fantastique à l’horreur.
Les esprits maléfiques sont toujours l’expression d’une douleur
Comme expliqué dans le texte au sujet du cinéma horrifique, rien n’est gratuit, et les esprits maléfiques sont toujours l’expression d’une douleur – violence, harcèlement, solitude, deuil… – mise en perspective du mal-être adolescent – découverte de la sexualité, repli sur soi-même, indifférence et difficultés à se projeter dans les expériences d’autrui.
Une belle réussite qui transcende l’hommage aux maîtres du genre, pour marcher dans leurs pas.
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